Même si la Bourse canadienne surclasse la Bourse américaine depuis le début de l'année, les quatre experts réunis dans le cadre de notre neuvième table ronde misent surtout sur la reprise de l'économie aux États-Unis au cours des prochains mois. Voici leurs 12 suggestions, qui font une belle part aux titres américains et industriels.
Les choix de Christine Décarie
1- United Technologies
2- Lumenpulse
3- Rona
1 United Technologies
L'actionnaire d'United Technologies (NY, UTX, 109,84 $ US) surfe sur deux cycles favorables : celui de l'aérospatiale et celui de la construction non résidentielle (ventilation, plomberie, ascenseurs, etc.), dit Christine Décarie, vice-présidente du Groupe Investors.
Il y a encore «beaucoup de potentiel» dans l'industrie aérospatiale, croit la portefeuilliste qui avait recommandé Héroux-Devtek lors de notre table ronde de 2013.
Le secteur de la défense apporte son lot de difficultés à la société du Connecticut, qui possède notamment Pratt & Whitney et Goodrich, mais ces vents contraires sont pris en compte dans l'évaluation du titre, selon elle.
Si surprise il y a, celle-ci pourrait même être favorable aux activités militaires. «Même si les Américains veulent réduire leurs dépenses militaires à long terme, la situation en Ukraine et en Irak pourrait les forcer à faire autrement», dit-elle.
Du côté de la construction, la gestionnaire qui gère un fonds de sociétés québécoises note que l'immobilier non résidentiel est au début d'un cycle de reprise aux États-Unis. «J'ai le son de cloche du Groupe Canam et de leurs ventes de poutrelles d'acier aux États-Unis, raconte celle qui rencontre régulièrement les dirigeants du Québec inc. Ils commencent à voir que la demande s'accélère.»
À ces catalyseurs s'ajoute un intérêt grandissant pour les immeubles plus efficaces sur le plan énergétique ainsi que l'urbanisation croissante en Chine.
L'action se négocie à 14 fois le bénéfice de 2015. C'est un escompte de 7 % par rapport au secteur industriel. Habituellement, le titre s'échange avec une prime de moins de 5 %.
2 Lumenpulse
En choisissant le spécialiste montréalais de l'éclairage Lumenpulse (Tor., LMP, 20,23 $), une société en croissance qui n'est pas encore rentable, Christine Décarie admet sortir de sa «zone de confort». La portefeuilliste, qui a obtenu le meilleur rendement lors de notre table ronde précédente, mise sur l'essor de l'éclairage DEL, qu'elle compare au développement de la téléphonie cellulaire au début des années 2000.
Cette technologie, qui procure un éclairage de meilleure qualité, plus durable et moins énergivore, semble promise à une forte croissance, souligne Mme Décarie. On en trouve dans 10 % des immeubles, mais la proportion pourrait monter à 45 % en 2016 et à 68 % en 2020, selon les prévisions de la firme McKinsey. Comme Christine Décarie l'a mentionnée au sujet d'United Techologies, la reprise de l'immobilier non résidentiel bénéficiera également à Lumenpulse.
Dans une industrie très fragmentée, Lumenpulse se démarque comme un acteur «innovant», soutient-elle. L'entreprise investit 5 % de ses revenus en recherche et développement et a conçu des produits moins coûteux.
L'éclairage DEL est une solution qui intéresse de plus en plus les grandes villes, commente Philippe Hynes, président et gestionnaire de portefeuille de Tonus Capital, qui a rencontré la direction du spécialiste de l'éclairage urbain Silver Spring dernièrement. «Près de 50 % de l'électricité consommée dans les villes sert à éclairer les rues. En utilisant un éclairage DEL, le rendement de l'investissement atteint de 12 à 30 %, selon l'Institut urbain du Canada.»
3 Rona
Avec sa nouvelle équipe de direction, Rona (Tor., RON, 13,94 $) pourrait surprendre agréablement les investisseurs, habitués à être déçus par le détaillant spécialisé dans la rénovation, selon Christine Décarie.
«Des huit analystes qui suivent le titre, aucun n'émet une recommandation d'achat, constate-t-elle. Ils attendent un retournement de situation avant de changer leurs hypothèses. Lorsque celui sera visible, plusieurs bonifieront leurs recommandations en même temps.»
Mme Décarie tient en estime Robert Sawyer, qui est à la tête de la chaîne de Boucherville depuis le printemps dernier. Le vétéran de l'épicier Metro possède une grande expérience dans le secteur du détail. Bien que les ventes comparables (magasins ouverts depuis au moins un an) soient toujours en déclin, la société exécute bien son plan de réduction des coûts, juge Mme Décarie.
L'enthousiasme est moins grand chez l'ensemble des analystes, car ils s'inquiètent des conséquences d'un ralentissement du marché immobilier, d'une possible hausse des taux d'intérêt et de l'endettement des ménages. Des huit analystes qui suivent Rona, sept suggèrent de conserver le titre et un de le vendre.
«Même si les deniers résultats de Rona [deuxième trimestre dévoilé le 12 août] sont encourageants, nous sommes prudents à long terme en raison du recul du marché immobilier, affirme Vishal Shreedhar, de la Financière Banque Nationale, qui conseille de conserver le titre. L'incertitude demeure grande, compte tenu des changements auxquels le secteur fait face.»
Christine Décarie ne pense pas qu'il y aura une «reprise significative» des ventes du détaillant. «Cependant, une entreprise en redressement peut tirer son épingle du jeu même si la croissance n'est pas au rendez-vous, surtout si elle performait vraiment mal avant.»
Les choix de Philippe Hynes
4- ShawCor
5- PHI
6- Leucadia
4 ShawCor
À voir l'opposition à la construction du projet Keystone, on pourrait penser que le producteur de revêtements de pipelines ShawCor (Tor., SCL, 60,01 $) tire le diable par la queue. Au contraire, la société torontoise a de belles occasions devant elle, juge Philippe Hynes, président et gestionnaire de portefeuille de Tonus Capital.
Le débat sur la sécurité des pipelines lui est même favorable, car il force les clients de ShawCor à redoubler de prudence en ce qui concerne leurs infrastructures. «Les exploitants de pipelines ne peuvent pas utiliser des produits de qualité moyenne, s'il existe quelque chose de meilleur sur le marché, dit M. Hynes. Ils vont mettre ce qu'il y a de mieux, par crainte qu'un accident ne nuise à leur réputation.»
Il manque de pipelines pour répondre à la demande énergétique croissante en Amérique du Nord, d'où le recours accru au transport de pétrole par rail, explique le gestionnaire de portefeuille. De plus, les infrastructures sont vieillissantes, ce qui amènera des contrats de réparation et d'inspection. À cela s'ajoutent de lucratifs projets à venir du côté de l'exploitation du pétrole en mer à l'extérieur de l'Amérique du Nord.
Même s'il émet une recommandation «conserver», Scott Treadwell, de Valeurs mobilières TD, voit les perspectives de la société d'un bon oeil. ShawCor est armée d'un carnet de commandes de 1 milliard de dollars et sa prédominance dans le marché laisse entrevoir que la croissance continuera en 2015. Le titre s'échange toutefois à un ratio «raisonnable», tranche l'analyste, soit à 18,7 le bénéfice prévu en 2014 et à 13,7 fois celui anticipé en 2015.
5 PHI
Le spécialiste du transport par hélicoptère PHI (Nasdaq, PHIIK, 40,41 $ US) continuera de profiter de l'extraction de pétrole dans le golfe du Mexique, affirme Philippe Hynes. Cette industrie en pleine croissance s'est bien remise de l'explosion de la plateforme Deepwater Horizon appartenant à la pétrolière BP survenue en avril 2010.
PHI, de Lafayette, en Louisiane, tire les deux tiers de ses revenus du transport d'employés vers les plateformes pétrolières dans le golfe du Mexique. Elle domine ses concurrentes avec près de 70 % des parts de marché. «J'ai acheté l'action après l'explosion», raconte le gestionnaire qui avait déjà recommandé ce titre dans notre rubrique «Les Marchés en action» en juillet 2013. Depuis, l'action a gagné 20 %. «Le nombre de plateformes en activité est passé de 32 à 12 après l'explosion. L'année dernière, on est revenu à 32. Il y en a 42 maintenant, et on devrait atteindre 50 à la fin de l'année.»
Le transport médical représente le dernier tiers des revenus de PHI. La réforme de l'assurance maladie de Barack Obama est avantageuse pour l'entreprise, car elle lui permet de secourir les clients non assurés qu'elle refusait auparavant, ajoute le jeune patron de Tonus Capital.
Peu connue, la petite capitalisation boursière de 630 M$ US n'est suivie par aucun analyste. Le titre se négocie à près de 1,09 fois la valeur de ses actifs, valeur qui devrait progresser, ajoute M. Hynes.
6 Leucadia
Les difficultés vécues par une des propriétés du conglomérat américain Leucadia (NY, LUK, 25,01 $ US) font en sorte que l'action est peu chère, malgré un fort potentiel de croissance, affirme Philippe Hynes.
En effet, le transformateur bovin National Beef, quatrième en importance aux États-Unis, subit les contrecoups des sécheresses qui sévissent au sud du pays de l'oncle Sam. En raison de l'augmentation du prix du grain, les troupeaux de bétail diminuent. Le titre, qui se négocie habituellement dans une fourchette de 1 à 1,2 fois sa valeur comptable, se trouve maintenant à un escompte d'environ 10 %, note le gestionnaire de portefeuille.
Dans l'ensemble, le conglomérat new-yorkais qui détient la banque d'affaires Jefferies a réussi à faire croître sa valeur comptable de 17 % par année depuis 30 ans. «Contrairement à Berkshire Hathaway [le conglomérat de Warren Buffett], la direction n'est pas mariée à ses investissements. Parfois, elle décide de vendre à un bon prix et réinvestit l'argent ailleurs.»
Même pour les experts de la finance, analyser ces sociétés peut s'avérer plus complexe. Qu'en pensent nos autres invités ? «C'est difficile de mesurer tout ce qu'il y a dans un conglomérat, répond Jacques Maurice, administrateur et conseiller principal en gestion de patrimoine chez ScotiaMcLeod. C'est plus délicat par la suite de se faire une opinion sur le titre.»
L'investisseur autonome pourrait trouver que l'analyse d'un conglomérat est ardue. «En grattant un peu», on parvient à décortiquer le portefeuille de Leucadia, assure M. Hynes. «Ça reste un conglomérat ; il faut faire confiance à l'équipe de gestion. Comme tout gestionnaire de portefeuille, elle fera parfois de mauvais choix, mais en règle générale, elle en a fait de bons par le passé. Puisque le titre s'échange à escompte, cela réduit le risque.»
Les choix de Jacques Maurice
7- Visa
8- Precision Castparts
9- Actavis
7 Visa
L'émetteur de cartes de crédit Visa (NY, V, 216,02 $ US) correspond bien au profil des sociétés dans lesquelles investit Jacques Maurice, administrateur et conseiller principal en gestion de patrimoine chez ScotiaMcLeod.
Il cherche de grandes sociétés qui affichent un bilan solide, dominent leur secteur et dont le bénéfice par action a un fort potentiel de croissance, explique M. Maurice, qui expose ainsi les lignes directrices ayant guidé ses trois choix. «À l'inverse de Rona qu'a choisie Christine Décarie, je privilégie des sociétés qu'une forte proportion d'analystes apprécient», dit-il.
Des 38 analystes suivant Visa qui ont été interrogés par Bloomberg, 30 recommandent d'acheter le titre, 7 suggèrent de le conserver et 1 seul de le vendre.
Avec sa rivale MasterCard (NY, MA, 76,43 $ US), Visa se trouve en situation d'oligopole. Les perspectives de la société californienne sont favorables étant donné l'expansion du commerce électronique. L'embellie de l'économie américaine est également un important catalyseur, souligne M. Maurice. «Il est vrai qu'il y a un risque en Russie, qui pourrait décider de mettre sur pied sa propre carte de crédit, mais cela ne représente que 3 % des activités de Visa.»
Tien-Tsin Huang, de JP Morgan, fait partie des nombreux analystes qui émettent une recommandation d'achat. «Visa peut compter sur des revenus récurrents, des marges élevées, de faibles dépenses d'investissement et d'importants flux de trésorerie», écrit-il dans une note. L'analyste croit que la société pourrait remettre de l'argent à ses actionnaires sous forme d'une augmentation du dividende ou d'un rachat d'actions au cours des 18 prochains mois.
Pourquoi ne pas avoir choisi MasterCard, qui a un profil semblable ? «Le consensus des analystes est un peu moins fort», répond M. Maurice.
8 Precision Castparts
La spécialisation du sous-traitant Precision Castparts (NY, PCP, 243,53 $ US) lui procure un bon pouvoir de négociation avec ses clients, note Jacques Maurice. Le recul de 10 % du titre depuis la mi-juin offre une belle porte d'entrée pour devenir actionnaire, selon lui.
La société de Portland, en Oregon, fabrique des pièces mécaniques pour le secteur aérospatial ainsi que pour les turbines industrielles au gaz. Il y a deux ans, la société avait acheté les activités de pièces d'aérostructures et de composants industriels de la longueuilloise Héroux-Devtek pour 300 millions de dollars.
Le consensus des analystes est favorable. Ils sont 21 à recommander l'achat du titre et 3 à suggérer de le conserver. Un seul croit qu'il vaut mieux s'en départir, selon les données compilées par Bloomberg.
Le titre s'échange à 17 fois le bénéfice prévu pour l'exercice qui se termine à la fin de mars. Christine Décarie, du Groupe Investors, le trouve cher, même si la fidélité de la clientèle qu'impose son offre de produits spécifiques permet à Precision Castparts d'afficher des résultats prévisibles. Le consensus des analystes prévoit une forte croissance, répond M. Maurice. Selon leurs prévisions, l'action se négocie à 12 fois le bénéfice de 2017. «Moi, ça me fait peur quand on parle de 2017, dit Mme Décarie. J'ai de la difficulté à parler de 2015. On ne sait pas ce qui va arriver.»
Robert Spingarn, de Credit Suisse, note que le titre de la société est sous pression en raison de résultats décevants au dernier trimestre. Cela dit, il pense que l'action reste attrayante à long terme, car la société améliorera ses résultats et jouit d'importantes barrières à l'entrée.
9 Actavis
À l'instar des deux autres choix de M. Maurice, le fabricant de médicaments génériques Actavis (NY, ACT, 226,61 $ US) recueille une cote d'amour élevée auprès des analystes. Jacques Maurice attribue cet optimisme aux produits que met en marché la société.
Actavis s'est hissée au sommet de son industrie grâce à sa stratégie d'acquisition. La société a acheté Forest Laboratories au début de juillet pour 28 G$ US. Le portefeuille de produits de la société du New Jersey comprend des médicaments traitant le cancer, les maladies cardiovasculaires et les problèmes du système nerveux, entre autres. «Elle se concentre sur les domaines et les maladies qui touchent un nombre très élevé de patients. Par conséquent, ses ventes connaissent une croissance exponentielle», souligne M. Maurice.
Actavis obtient un fort appui des analystes avec 23 recommandations d'achat et une recommandation «à conserver».
Elliot Wilbur, de Needham, est l'un des rares analystes à rester sur les lignes de côté. La partie sera difficile pour la société qui veut générer une croissance interne de 11 % en vue d'atteindre un bénéfice par action de 20 $ US en 2017. «La confiance du marché quant à cet objectif sera mise à l'épreuve au cours des prochains trimestres», écrit M. Wilbur.
En mettant Actavis au sommet de sa liste d'achats, Randall Stanicky, de RBC Marchés des Capitaux, se trouve dans le camp des très optimistes. Les marchés n'ont pas encore pris en compte tout le potentiel de croissance du titre, selon lui. Ce potentiel repose sur la croissance des activités, les synergies tirées de Forest Labs et d'éventuelles acquisitions.
Les choix de Dominique Vincent
10- Walt Disney
11- Baytex Energy
12- Mylan
10 Walt Disney
Les consommateurs américains sont plus enclins à dépenser, et Walt Disney (NY, DIS, 90,38 $ US) en bénéficiera en tant que chef de file du divertissement, selon Dominique Vincent, vice-présidente et gestionnaire de portefeuille chez MacDougall, MacDougall et MacTier.
Véritable empire du divertissement, Walt Disney peut compter sur les films, les parcs d'attractions et les produits dérivés pour mousser ses revenus et son bénéfice. Grâce à sa stratégie d'acquisition, la société californienne possède la chaîne télévisée ABC, la très lucrative chaîne sportive ESPN, la spécialiste des films d'animation Pixar (Histoire de Jouets, Trouver Nemo), Marvel (Spider-Man, X-Men et autres héros en collant) et Lucas (Star Wars).
L'accumulation de franchises populaires est rassurante pour les investisseurs visant le long terme, selon Mme Vincent. «Quand j'ai commencé, on disait que tu achetais les actions de Disney, que tu les encadrais et les affichais au mur, raconte-t-elle. Depuis son entrée en Bourse en 1957, le titre a procuré un rendement annuel de 12 %.»
À 20 fois le bénéfice prévu du prochain exercice qui se terminera en septembre 2015, le titre est cher, admet la gestionnaire de portefeuille. «Je n'aime pas payer un multiple trop élevé, mais dans ce cas-ci, il y a une progression du bénéfice par action et du dividende qui justifie ce prix. De plus, Disney rachète 4,5 % de ses actions annuellement.»
Les deux tiers des analystes interrogés par Bloomberg croient, eux aussi, qu'il vaut la peine de payer un prix élevé. Ils sont 26 à suggérer l'achat du titre, et 13 émettent la recommandation «conserver».
11 Baytex
Avec son rendement du dividende supérieur à 6 %, Baytex Energy (Tor., BTE, 47,26 $) est un bon choix pour les investisseurs en quête de revenus réguliers, juge Dominique Vincent.
La pétrolière de Calgary, qui a acquis l'australienne Aurora pour un montant de 2,8 G$ en juin, est une entreprise bien gérée, affirme Mme Vincent. Elle produit du pétrole lourd (54 %), du pétrole léger (32 %) et du gaz naturel (14 %).
La pétrolière a les moyens d'accroître sa production de 8 à 10 % par année à long terme. Elle fait également bonne figure lorsqu'on regarde la durée de ses réserves. «Dans l'industrie, on considère qu'une durée de 10 ans est positive, explique-t-elle. Pour Baytex, on parle de 14,3 ans.»
La plupart des analystes partagent son optimisme. Ils sont 18 à recommander l'achat de l'action, 3 à suggérer de la conserver et 1 seul à en suggérer la vente, selon le recensement de Bloomberg. L'action se négocie à 14,5 fois le bénéfice prévu en 2015.
Jason Frew, de Credit Suisse, est l'un des rares analystes à être plus prudent. Bien qu'il salue l'aptitude de la direction à voir les occasions et à les exploiter efficacement, l'endettement de Baytex l'amène à émettre une recommandation «conserver».
Le bilan de l'entreprise à la suite de l'acquisition d'Aurora n'inquiète pas Mme Vincent. Baytex a vendu des actifs à la fin juillet pour réduire sa dette, qui représente 1,5 fois ses flux de trésorerie. Dès la conclusion de l'acquisition d'Aurora, la société a bonifié son dividende de 9 %, ce qui est une preuve de la confiance de la direction, ajoute-t-elle. «Son dividende n'est pas à risque, selon nous. Il représente de 30 à 40 % des fonds générés.»
12 Mylan
Un deuxième fabricant de médicaments génériques figure à notre table. Mylan (Nasdaq, MYL, 48,51 $ US) se démarque avec ses produits plus complexes à fabriquer, ce qui constitue une barrière à l'entrée, note Dominique Vincent.
La société de la Pennsylvanie, présente dans plus de 140 pays, compte plus de 900 produits, dont l'EpiPen. Elle produit des médicaments contre le VIH à un prix moindre. Elle détient également une participation de 71,5% dans l'indienne Matrix Laboratories.
Mme Vincent note que le titre est moins cher que celui de ses pairs : il s'échange à 14 fois le bénéfice de cette année, par rapport à 16 fois pour celui des sociétés comparables.
Christine Décarie, vice-présidente du Groupe Investors, note que Mylan pourrait être ciblée par le fisc américain, puisque la société projette de réduire sa facture fiscale avec l'achat de la division générique d'Abbott Laboratories au montant de 5,3 G$ US. Washington semble déterminé à mettre fin à cette stratégie d'«inversion fiscale». Les avis divergent sur l'impact qu'aurait un resserrement des règles pour la société. David Marris, de BMO Marchés des capitaux, invite les investisseurs à la prudence, tandis que Chris Schott, de JP Morgan, qualifie ce débat de «bruit de fond».
Pour sa part, Mme Vincent ne pense pas que ce débat politique représente une menace pour Mylan. Le niveau d'imposition plus faible de la société s'explique par l'achat d'éléments d'actif à l'étranger. En augmentant la part de ses ventes à l'extérieur des États-Unis, Mylan pourrait facilement déménager son siège social.
Encore une fois, la plupart des analystes partagent l'optimisme de Mme Vincent. On recense 17 recommandations d'achat, 6 recommandations «conserver» et 1 note de «sous-performance».