Un enfant n'a pas de prix, bien sûr. Mais il en coûte néanmoins quelque chose. Combien ?
Ma meilleure amie a donné naissance à son quatrième fils l'an dernier. Benjamine d'une fratrie de six, elle a toujours voulu une famille nombreuse. Les plus vieux font du piano, chantent dans une chorale, jouent au hockey l'hiver, au soccer l'été. Pour offrir toutes ces activités à leur progéniture, les parents doivent jongler avec les horaires, mais aussi avec les finances.
Élever des enfants, ça change une vie, mais également un compte en banque. En 2014, combien en coûte-t-il pour accompagner sa fille ou son fils à l'âge adulte ?
Plusieurs études ont été publiées à ce propos. D'après une estimation des Services économiques de la Banque TD, il faudra débourser jusqu'à 230 000 dollars (en dollars de 2013) pour élever un enfant. C'est plus de 13 000 dollars par année ! L'Institut Fraser évalue plutôt ce montant annuel entre 3 000 et 4 500 dollars, selon l'âge de l'enfant. Les deux études canadiennes ont été publiées l'an dernier. Qui dit vrai ?
Précisons d'abord que ces chiffres sont des estimations des coûts de l'éducation d'un enfant, de la naissance à 18 ans. Bien des étudiants vivent encore chez leurs parents dans la jeune vingtaine, ce qui pourrait augmenter la facture.
La TD a divisé ce montant en huit catégories : nourriture, vêtements, soins de santé, transport, frais de garde et de logement, soins personnels, ainsi que les loisirs, les livres et les fournitures scolaires. Elle n'inclut pas toutefois les frais liés aux études postsecondaires.
Le tiers de ces 230 000 dollars est constitué de frais de garde, puisqu'on suppose que les deux parents travaillent et que les enfants sont inscrits au service de garde de l'école jusqu'à l'âge de 11 ans. Mais grâce au réseau de garderies subventionnées, ce chiffre est assurément plus bas au Québec.
Selon Christopher Sarlo, de l'Institut Fraser, professeur d'économie à l'Université de Nipissing, on surestime ce qu'il en coûte pour élever un enfant. Son étude, «The Cost of Raising Children», préconise une approche budgétaire en déterminant ce prix en fonction d'un «niveau de vie socialement acceptable». On se base sur des données gouvernementales et d'organismes sociaux.
L'Institut Fraser cite l'exemple des familles à faible revenu et issues de communautés immigrantes qui, depuis de nombreuses décennies, assurent le bon développement de leur progéniture avec des moyens bien inférieurs.
À mon avis, tout dépend de nos valeurs et de notre niveau de vie. Selon nos revenus et nos obligations financières, nous limiterons certaines dépenses familiales. Mais un troisième enfant ne nécessite pas le même investissement qu'un premier. Nos enfants ne joueront peut-être pas au tennis et n'iront pas dans des camps d'été huppés. Ils ne voyageront pas pendant la semaine de relâche scolaire, mais ils ne seront pas moins heureux ni moins bien élevés pour autant.
Certains frais doivent tout de même être estimés plus sérieusement. Je pense aux 12 premiers mois qui suivent la naissance d'un enfant. Les revenus pendant le congé parental sont généralement inférieurs.
Il faut enfin calculer les frais de garde qui s'ajouteront dans la colonne des dépenses lors du retour au travail. N'oublions pas non plus les nombreux incitatifs et crédits d'impôt disponibles pour les familles, au Québec comme au fédéral.
Responsabiliser les enfants boomerang
Le phénomène des enfants boomerang ou des «Tanguy» est omniprésent. Certains d'entre eux reviennent au domicile familial après une séparation ou une perte d'emploi. D'autres tardent à quitter le nid. Selon Statistique Canada, près de 4 Québécois sur 10 âgés de 20 à 29 ans vivaient encore chez leurs parents en 2011.
Ce sont les parents qui subissent les conséquences de ce retour au bercail. Les sondages montrent que plusieurs d'entre eux repousseront l'âge de la retraite pour aider leurs enfants. Certains même s'endetteront. Il est conseillé de responsabiliser ses enfants rapidement, avant qu'ils ne se sentent trop à l'aise...
On établit des règles claires, on demande une pension pour payer certains frais. On suggère à son enfant de consulter un conseiller budgétaire d'une ACEF, par exemple. Il aura bien le temps de se refaire, pas nous.