Un grand nombre d'investisseurs possèdent une proportion élevée de leur portefeuille en liquidités et en placements à court terme. Or, des solutions de rechange existent pour bonifier le rendement ou initier un placement de façon avisée, malgré les taux très faibles sur les liquidités et des marchés en progression constante.
On peut débattre longtemps de la pertinence des politiques monétaires accommodantes un peu partout dans le monde développé, du moment des hausses de taux éventuelles que tous les «experts» anticipent, ou de l'effet qu'auront ces hausses sur les principales catégories d'actif que sont les actions et les obligations.
Entretemps, la ligne «Liquidités et placements à court terme» représente une pondération de 25% en moyenne dans les portefeuilles des investisseurs selon les dernières données compilées par UBS à travers le monde. Rares sont les investisseurs dont le profil de risque justifie un poids aussi élevé.
Conséquences néfastes
Chacun aura une série de raisons, toutes meilleures les unes que les autres, pour expliquer le bien-fondé de cette surpondération. Il demeure qu'au cours des cinq dernières années, cette décision a eu des conséquences fort néfastes sur la performance des portefeuilles.
D'un côté, le coût d'opportunité associé à l'allocation en liquidités plutôt qu'aux actions ou aux obligations s'est avéré particulièrement onéreux (rendements anémiques sur les cinq dernières années par rapport au quasi-doublement des indices d'actions mondiales et d'obligations à haut rendement).
De l'autre, les liquidités ont vu leur pouvoir d'achat s'éroder comme un château de sable par marée montante. Aux États-Unis, la valeur réelle (ajustée pour l'inflation) des liquidités a fondu de plus de 10% depuis 2009. Des taux de rendement essentiellement nuls pour plusieurs mois encore, combinés à une inflation anticipée dépassant les 2%, ne feront qu'amplifier le manque à gagner.
Cela étant, avec des marchés boursiers vaguant de sommet en sommet et des taux d'intérêt qui finiront bien par monter, plombant par le fait même le marché obligataire, la décision de déployer ces liquidités n'est facile ni à prendre ni à mettre en place. Malgré tout, si on fait son deuil de l'opportunité manquée et qu'on ne regarde que vers l'avant pour identifier la meilleure façon de faire travailler cet argent, plusieurs indicateurs demeurent encourageants:
Ce que doit faire l'investisseur avisé
- L'investisseur particulier n'est pas le seul à détenir beaucoup de liquidités. Les entreprises formant l'indice S&P 500 en ont en moyenne pour 11.4% de leurs actifs et cette proportion n'a cessé de grimper depuis 2008. Tôt ou tard, ces entreprises voudront mettre leurs liquidités à contribution. Qu'elles élisent la redistribution aux actionnaires, le rachat d'actions ou les acquisitions, l'effet devrait être favorable pour les marchés boursiers.
- Bien que les marchés boursiers aient très bien fait au cours des dernières années, la hausse s'explique largement par la croissance continue des profits des entreprises. Ainsi, alors que le S&P 500 est environ 27% au-dessus de son meilleur niveau d'avant la crise financière (1995 points contre 1565), les bénéfices annuels des entreprises composant l'indice sont 25% au-dessus de leur niveau du même moment (115$ contre 92$US). Le ratio cours/bénéfice des 12 derniers mois de 17,4X qui en résulte n'est certainement pas une aubaine, mais ne semble pas exagéré non plus compte tenu des perspectives.
-Considérant la prudence avec laquelle les banques centrales abordent la normalisation des taux d'intérêt, il semble acquis que cette dernière ne sera entreprise qu'une fois la reprise économique confirmée et reconfirmée. Dans ce contexte, il est probable que les actifs plus risqués (actions et obligations à rendement élevé) digèrent assez rapidement le début du cycle de resserrement pour se raffermir par la suite. Cette transition dure historiquement de 3 à 6 mois pour les actifs en question.
L'investisseur avisé
L'investisseur avisé se rappellera que les actifs «plus risqués» sont généralement les meilleures options dans un contexte de hausse de taux d'intérêt qui est motivée par une croissance économique solide. Il s'assurera de surveiller sa répartition d'actif pour éviter l'érosion du pouvoir d'achat associé à une trop grande pondération en liquidités, mais voudra planifier tout déploiement dans les actifs risqués de façon graduelle. Celui qui choisira de garder une portion importante en liquidités s'informera sur les alternatives qui existent (par exemple en produits structurés, en gestion de devises ou en produits dérivés) pour emmener son rendement au-dessus du taux d'inflation en attendant (et espérant!) que des occasions plus attrayantes se présentent.
Questions à poser
- Quelle proportion de mes placements me rapporte moins de 2% par année (inflation long terme visée)?
- Comment faire pour générer 2%, 3% ou 4% de rendement sur mes liquidités, quelles sont les alternatives (produits structurés, gestion de devises, produits dérivés, etc.)?
- Quel est mon plan (moment et manière) pour déployer mes liquidités? Documentez-le!