BLOGUE. Le rapport annuel de Berkshire Hathaway sera publié et mis en ligne samedi, 1er mars 2014. À mon avis, c’est une lecture essentielle pour tout investisseur sérieux. Pour vous mettre dans l’esprit de cette lecture, voici 10 perles de sagesse tirées des rapports annuels écrits par Warren Buffett au cours des 10 dernières années, suivies de mes commentaires.
2012 : « Les risques liés au fait de ne pas participer au jeu sont gigantesques comparativement aux risques liés à celui d’y participer. »
Cette citation s’applique tant aux investisseurs qui tentent trop souvent d’entrer et sortir du marché (« market timing ») qu’aux dirigeants d’entreprises qui hésitent à investir dans des projets attrayants du point de vue financier parce qu’ils craignent les conditions économiques courantes.
2011 : « Le risque d’un investissement ne se mesure pas par son coefficient bêta mais plutôt par la probabilité raisonnable que cet investissement cause à son détenteur une perte de pouvoir d’achat au cours de sa période de détention. »
M. Buffett préfère investir dans des actifs productifs, que ce soient des entreprises, des fermes ou l’immobilier. Il ne croit pas aux actifs improductifs tels que les métaux, notamment l’or. Il estime en outre que les investissements à revenu fixe tels que les obligations, le marché monétaire ou les hypothèques sont particulièrement dangereux car à long terme, leurs rendements peuvent difficilement surpasser le taux d’inflation, surtout dans le contexte actuel des taux d’intérêt.
2010 : « Chez Berkshire, notre horizon de placement est infini. »
M. Buffett achète des titres ou des entreprises pour idéalement ne jamais les revendre. Combien d’investisseurs peuvent dire qu’ils suivent son exemple?
2009 : « Charlie (Munger) et moi évitons les entreprises dont nous ne pouvons pas évaluer le futur, aussi excitants que puissent être leurs produits. »
Les investissements de Berkshire ont toujours été réalisés dans des entreprises relativement simples à comprendre et dont le modèle d’affaires est protégé de la compétition : Coca-Cola, Burlington Northern Santa Fe, Procter & Gamble, etc. Buffett n’a jamais investi dans Microsoft (même si Bill Gates est son bon ami) ni dans Apple.
2008 : « Le prix est ce que vous payez; la valeur est ce que vous recevez. »
Pour M. Buffett, le prix payé pour une entreprise est un élément capital de l’investissement, tant pour le rendement futur de ce dernier que pour réduire le risque de perte.
2007 : « Une entreprise réellement extraordinaire doit jouir de douves qui protègeront les excellents rendements de son capital. »
Par douves, M. Buffett entend des barrières à l’entrée très élevées. En revanche, dans le même rapport, M. Buffett écrit que « que la pire sorte d’entreprise est celle qui croît rapidement, qui requiert beaucoup de capital pour alimenter cette croissance et qui ne fait pas ou très peu de profits. Pensez aux sociétés aériennes. »
2006 : « Il ne faut pas oublier l’importance de simplement mettre un pied devant l’autre chaque jour. »
L’empire de Berkshire Hathaway et la majorité des entreprises qui le composent ne se sont pas bâtis rapidement mais avec beaucoup de patience et de discipline.
2005 : « Nous ne sommes pas intéressés à encourir une dette chez Berkshire Hathaway, que ce soit pour des acquisitions ou pour nos besoins d’exploitation. »
M. Buffett n’a jamais utilisé beaucoup de dette pour gonfler ses performances. Il préfère bien dormir que d’assumer les risques associés à l’endettement.
Rapport annuel 2004 : « Concentrez-vous sur les propositions simples. »
Selon M. Buffett, cette maxime s’applique autant aux investissements boursiers qu’aux opérations d’une entreprise. Comme il dit, « si une seule variable est la clé d’une décision et que cette variable a une probabilité de 90 % de se réaliser tel que vous le prévoyez, la probabilité d’un résultat positif est évidemment de 90 %. Mais si 10 variables doivent se matérialiser favorablement pour obtenir un résultat favorable et que chaque variable a une probabilité de succès de 90 %, la probabilité de réussir tombe à seulement 35 %. »
Rapport annuel 2003 : « Qui a jamais lavé une auto de location? »
Par cette question, M. Buffett explique que les actions prises par les dirigeants et administrateurs qui détiennent beaucoup d’actions de l’entreprise qu’ils dirigent seront davantage conformes aux désirs des autres actionnaires de l’entreprise.
Philippe Le Blanc, CFA, MBA
À propos de ce blogue : Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 et éditeur de la Lettre financière COTE 100. COTE 100 détient des actions de Berkshire Hathaway dans divers portefeuilles sous sa gestion.