BLOGUE. Cette semaine, la société Advance Auto Parts, un distributeur américain de pièces de rechange automobiles, a annoncé son intention de faire l’acquisition d’un de ses principaux concurrents, General Parts International, pour la somme de 2,04 G$ US au comptant. Le groupe issu de cette acquisition, si elle est complétée, réalisera un chiffre d’affaires estimé de 9,2 G$, ce qui en fera le plus important distributeur de pièces de rechange automobiles en Amérique du Nord. Au lendemain de cette annonce, le titre d’Advance s’appréciait de 16,6 %, passant de 82,50 $ à 96,16 $.
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Le 18 avril 2012, Couche-Tard déposait une offre pour acheter la société norvégienne Statoil Fuel & Retail ASA pour la somme de 2,8 G$ US au comptant. Depuis cette date, le titre de Couche-Tard a plus que doublé, passant de près de 34 $ à son cours récent de plus de 69 $.
Quels sont les points communs entre ces deux acquisitions qui ont tant créé de richesse pour les investisseurs?
En premier lieu, elles ont été réalisées au comptant. Les acquéreurs ont profité de taux d’intérêt historiquement bas pour les financer, majorant du même coup l’apport aux profits des activités acquises. Pour sa part, Couche-Tard a émis en octobre 2012 des titres de dette pour 1 G$ en octobre 2012 à un taux moyen de 3,3 % pour des échéances variant entre cinq et dix ans. Au moment de l’acquisition, nous estimions qu’elle devait ajouter près de 25 % aux profits par action de Couche-Tard dès sa première année. Dans le cas d’Advance Auto Parts, la direction a déclaré que l’acquisition ajoutera plus de 20 % à ses profits par action au cours du prochain exercice.
D’autre part, les deux sociétés jouissaient de bilans financiers très solides avant de faire ces acquisitions. Avant d’aller de l’avant, Couche-Tard affichait un ratio dette totale-avoir de seulement 0,32, ce qui lui procurait une grande souplesse financière pour faire une acquisition majeure telle que celle de Statoil Fuel & Retail. Quant à Advance Auto Parts, son bilan montre présentement une dette nette de seulement 84 M$ par rapport à un avoir des actionnaires de près de 1,4 G$, ce qui lui permet de financer assez aisément cette acquisition de 2 G$.
Des liquidités excédentaires
Des liquidités excédentaires
Les deux sociétés dégagent aussi des liquidités excédentaires substantielles qui leur serviront à réduire rapidement la dette contractée pour réaliser ces acquisitions. Lors de l’exercice clos le 31 avril 2013, Couche-Tard a par exemple dégagé des fonds autogénérés libres (flux de trésorerie liés aux activités d’exploitation moins (–) investissements en immobilisation) de 624 M$. En ce qui a trait à Advance Auto Parts, ses fonds autogénérés libres se sont élevés à 414 M$ au terme de l’exercice clos le 28 avril dernier. Ces fonds autogénérés libres devraient à mon avis permettre aux deux entreprises de considérer d’autres acquisitions importantes d’ici quelques années, une fois que leur dette aura été en grande partie remboursée.
Or, il est à mon avis un peu étonnant que les investisseurs boudent souvent les entreprises qui disposent d’encaisse importante ou de bilans très solides. Les titres de ces sociétés se vendent en effet souvent à escompte par rapport aux titres d’entreprises qui utilisent déjà la dette. Selon plusieurs, ces sociétés peu endettées n’utilisent pas efficacement leur capacité financière en laissant dormir des capitaux qui pourraient servir à faire des acquisitions ou à enrichir leurs actionnaires par le biais de dividendes ou de rachats d’actions. Pour ma part, j’estime que de telles titres sont souvent des occasions intéressantes pour les investisseurs car ces sociétés disposent d’un as caché. Comme les exemples d’Advance Auto Parts et de Couche-Tard l’illustrent bien, lorsque ces entreprises disposent de leur capacité financière inutilisée, leurs actionnaires s’en trouvent souvent généreusement récompensés. Encore faut-il être patient et attendre que ces entreprises profitent d’occasions attrayantes.
Philippe Le Blanc, CFA, MBA
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À propos de ce blogue : Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 et éditeur de la Lettre financière COTE 100. COTE 100 détient des actions d’Advance Auto Parts et de Couche-Tard dans certains de ses comptes sous gestion.