BLOGUE. Tel que discuté dans mon dernier blogue, je considère que trop de dirigeants d’entreprises canadiennes sont insouciants et jouent avec les perspectives à long terme de leur entreprise en versant des dividendes qui pourraient s’avérer insoutenables. Je donnais l’exemple de la société Poseidon Concepts dont le titre s’est tout simplement effondré au cours des derniers jours.
À mon avis, la cause de ce phénomène est probablement la vague de fiducies de revenus qui a submergé le marché boursier canadien au début des années 2000. Cette vague a pris fin abruptement il y a quelques années lorsque le gouvernement fédéral a mis fin au traitement fiscal privilégié des fiducies de revenu. Bien que les fiducies de revenu canadiennes se soient converties en corporations traditionnelles à compter du 1er janvier 2011, nombre d’entre elles ont continué à verser des dividendes à leurs actionnaires comme dans les beaux jours des fiducies de revenus.
Genivar
Lors d’une conférence récente, je donnais l’exemple de Genivar et la comparait à Aecom Technology, deux entreprises actives dans le secteur de la consultation en ingénierie. Genivar est une ancienne fiducie de revenu qui a poursuivi sa politique de verser des dividendes élevés alors qu’Aecom, une entreprise américaine (ACM, New-York) ne verse aucun dividende. Au cours des 12 derniers mois, Genivar a réalisé des profits de 1,30 $ par action alors qu’elle verse des dividendes de 1,50 $. À son cours actuel, le titre offre ainsi un rendement en dividende de 7,9 %. Par contre, cette politique se répercute dans la croissance des profits par action de l’entreprise : aucune croissance depuis cinq ans car son nombre d’actions en circulation a pratiquement quadruplé au cours de la période.
Pendant ce temps, Aecom, qui ne verse aucun dividende, a vu ses profits par action augmenter de 117 % au cours des cinq dernières années.
CML Healthcare
CML Healthcare
CML Healthcare (CLC, Toronto) est une entreprise qui offre des services de tests diagnostiques en laboratoires en Ontario. Une ancienne fiducie de revenu, CML vient de couper son dividende annuel de 0,75 $ par action à 0,55 $. Ce dernier représente tout de même encore 85 % des profits de 0,65 $ prévus en 2013.
Ce ne sont que deux exemples mais il en existe une pléthore sur le marché canadien. Dans certains cas, la politique de verser un dividende qui représente une grande partie des profits est peut-être justifiée. On parle alors d’entreprises qui ont peu de croissance et guère d’occasions d’investir dans leurs activités pour générer de la croissance.
Mais malheureusement, trop d’entreprises sont des entreprises de croissance (comme Genivar qui continue de faire des acquisitions) qui devraient réinvestir leurs profits plutôt que de les verser à leurs actionnaires.
Malheureusement, ces deux exemples sont loin d'être les seuls. Il y a selon moi un grand nombre d'entreprises canadiennes qui versent beaucoup trop de dividendes à leurs actionnaires. En connaissez-vous?
Je profite de l'occasion pour vous souhaiter de Joyeuses Fêtes.
Philippe Le Blanc, CFA, MBA
À propos de ce blogue : Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 (www.cote100.com) et éditeur de la Lettre financière COTE 100 (www.lettrecote100.com). COTE 100 détient des actions d’Aecom Technology dans certains comptes sous sa gestion.