BLOGUE. L’idée d’écrire ce blogue m’est venue il y a quelques jours lorsque mon fils de 9 ans m’a déclaré qu’il voulait investir une partie de ses économies dans ses premières actions en Bourse. Je suis évidemment très heureux et fier de son désir d’investir. Comme je le dis souvent, si vous avez la chance d’investir à la Bourse, le plus tôt vous le ferez, le mieux ce sera. Le grand avantage des enfants en Bourse est le temps!
Mais comment montre-t-on à un enfant de 9 ans comment investir intelligemment en Bourse?
En y réfléchissant, je me suis rendu compte que les leçons fondamentales de l’investissement, bien que simples, sont importantes pour tous les investisseurs, jeunes ou plus vieux, débutants ou experts. On aurait tort de les oublier, où que nous soyons rendus dans notre vie d’investisseur :
Première leçon : un titre boursier représente une petite partie d’une entreprise, ce n’est pas un simple morceau de papier.
Ce principe est la base de l’investissement « fondamental », que l’on pourrait aussi appeler l’investissement, par opposition à la spéculation. En achetant ses premières actions boursières, mon fils ne doit jamais perdre de vue que c’est avant tout dans une entreprise qu’il a investi, pas dans un bout de papier. Même si le titre qu’il a acheté fluctue tous les jours, cela ne veut pas nécessairement dire que sa valeur change tous les jours.
Tout investisseur devrait investir dans un titre boursier comme s’il achetait une entreprise dans sa totalité.
Deuxième leçon...
Deuxième leçon : le prix affiché pour un titre en Bourse n’a rien à voir avec sa valeur. À lui-seul, le prix d’un titre ne veut absolument rien dire. Un titre qui se vend à 0,40 $ n’est pas nécessairement moins cher que celui qui se vend à 100 $. Je suis toujours étonné de constater que bien des investisseurs ne saisissent pas bien cette différence entre prix et valeur. Comme l’a si bien dit Warren Buffett, « le prix est ce que vous payez, la valeur est ce que vous recevez ».
Lorsque l’on évalue un titre, il importe de comparer le cours par action à diverses statistiques par action de cette entreprise. Ainsi, on peut comparer le cours d’un titre à ses profits prévus par action, à ses revenus par action ou à son dividende par action. Une autre façon de le faire serait de comparer la valeur totale boursière de cette entreprise, ce qu’on appelle sa capitalisation et qui se calcule en multipliant le cours par action par le nombre d’actions en circulation, à ses revenus, profits ou dividendes en M$. Ces statistiques nous permettent de jauger le « rapport prix-valeur » d'un titre boursier.
Par exemple, le titre de CN s’échange aujourd’hui à près de 86 $. Est-ce cher? Avant de se prononcer, il importe de comparer le cours aux profits par action de la société. Ses profits par action se chiffrent à 5,50 $ par action au cours des 12 derniers mois, pour un ratio cours-bénéfices de 15,6. Sur la base de profits par action prévus de 6,20 $ en 2013, le ratio cours-bénéfices est de 13,9.
Ces deux leçons paraissent simples, voire simplistes. Mais combien d’investisseurs les appliquent réellement dans leurs décisions? Si mon fils réussit éventuellement à bien incorporer ces deux leçons, je suis persuadé qu’il évitera de nombreuses erreurs dont celle d’investir dans une entreprise dont il ne comprend pas bien les activités, d’acheter avant d’avoir fait ses devoirs ou de spéculer sur un titre à la mode.
Philippe Le Blanc, CFA, MBA
À propos de ce blogue : Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 – www.cote100.com – et éditeur de la Lettre financière COTE 100 – (www.lettrecote100.com). COTE 100 détient des actions de CN dans plusieurs de ses comptes sous gestion.