Mon fils de 9 ans me demandait récemment ce qu’est une action. C’est une question très simple dont la réponse est complexe. C’est aussi une question fondamentale qui dictera la façon qu’un investisseur investira en bourse. Si vous voyez une action comme un simple bout de papier, il est probable que vous serez un investisseur hyperactif qui investira dans des titres spéculatifs. Si au contraire vous voyez une action pour ce qu’elle est réellement, une petite part d’une véritable entreprise, vous deviendrez probablement un investisseur qui cherche à investir dans des sociétés de qualité pour le long terme.
À mon avis, trop d’investisseurs évaluent un titre en faisant l’analyse de son graphique ou sur la foi du conseil d’un ami. Ils achètent ainsi sans savoir ce qu’ils achètent, ce qui les pousse souvent à transiger inutilement. Pour eux, une action est un bout de papier. Voilà à mon avis, une bonne façon d’échouer en bourse. Ces investisseurs feraient beaucoup mieux à long terme en investissant dans des titres boursiers de la même façon qu’ils achèteraient des entreprises entières. Il est à mon avis beaucoup plus facile de dénicher des titres de sociétés solides et attrayantes à long terme que de tenter de prévoir quels titres s’apprécieront à court terme.
Acheter une entreprise
Acheter une entreprise
Comment vous y prendriez-vous pour acheter des entreprises entières? Vous commenceriez par concentrer vos recherches sur les sociétés qui évoluent dans des secteurs que vous connaissez et comprenez bien. À moins d’y avoir une expertise très pointue, mieux vaut éviter les sociétés qui misent sur une technologie révolutionnaire, sur la possibilité de trouver un gisement exceptionnel de diamants ou de créer le vaccin qui éradiquera le cancer. De tels investissements s’apparentent davantage à un pari à une table de poker qu’à l’achat d’une entreprise.
L’investisseur devrait plutôt s’en tenir au genre d’entreprise qu’il serait prêt à acheter entièrement telles qu’un dépanneur, une société de service informatique, une société de nettoyage industriel, un fabricant de meubles, une pharmacie, un distributeur, une firme de gestion immobilière, une firme d’assurance, un producteur de machinerie, une garderie, une épicerie ou un restaurant. Est-ce ce genre de sociétés que vous possédez dans votre portefeuille?
Supposons que vous considérez acheter une petite pharmacie dans votre quartier. Avant de prendre votre décision, vous étudierez attentivement ses états financiers. Est-elle rentable? Est-elle en croissance? Exige-t-elle beaucoup de capital? Dans quel état est son bilan? Vous évaluerez également les risques tels que la dépendance envers certains fournisseurs, envers certains clients, réglementaires, etc. Vous parlerez aux employés et à plusieurs clients. Vous comparerez le prix demandé pour la pharmacie à ceux d’autres pharmacies. Bref, vous ferez vos devoirs de telle sorte que lorsque viendra le moment de faire votre chèque, vous serez convaincu qu’il s’agit d’un bon investissement.
Si vous achetez des actions boursières de la même manière, vous vous assurez d’une certaine tranquillité d’esprit car vous connaissez bien ce que vous détenez. Si un titre que vous venez d’acheter baisse de 10 %, vous êtes beaucoup moins susceptible de prendre panique et de le revendre.
Un corollaire de cette façon de faire est qu’elle vous forcera à investir dans un nombre restreint de sociétés. L’investisseur qui achète des titres boursiers de la même façon qu’il achèterait une entreprise entière se rend vite compte que le nombre de titres qui l’intéressent réellement ne font pas légion. Lorsqu’il en trouve une, il y investira une portion significative de son portefeuille et la conservera longtemps. À terme, cet investisseur se retrouvera donc avec un portefeuille composé de quelques sociétés (disons de 15 à 20) de haute qualité dans lesquelles il a une grande confiance.
En plus de diminuer les risques, j’estime que cette façon d’investir augmente sensiblement le potentiel de rendement d’un investisseur à long terme.
Philippe Le Blanc, CFA, MBA
À propos de ce blogue : Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 (www.cote100.com) et éditeur de la Lettre financière COTE 100 (www.lettrecote100.com).