BLOGUE. Il existe de nombreux palmarès d’entreprises, que ce soit ceux des champions de la croissance (des revenus), des meilleurs endroits où travailler, ou des meilleurs pdg. Mais pour moi, en tant qu’investisseur boursier à long terme, le gage ultime de performance d’une entreprise restera toujours sa performance boursière à long terme, disons sur une période d’au moins 15 ans. Sur une telle période, les effets des modes et des bulles qui peuvent entraîner certains titres à la hausse s’estompent et c’est véritablement la performance financière d’une entreprise qui ressort, en particulier la croissance de ses profits par action. En plus, au cours des 15 dernières années, on a traversé l’éclatement de la bulle techno, deux récessions et une correction boursière majeure pendant la crise financière de 2008-2009. Si certaines sociétés ont généreusement enrichi leurs actionnaires, c'est donc parce qu'elles ont bien performé financièrement et non pas parce qu'elles ont surfé sur un marché boursier haussier.
Pourquoi revenir sur ces titres? N’est-ce pas un peu comme l’investisseur qui cherche des titres gagnants en regardant dans son rétroviseur? Oui, dans bien des cas. Il reste que souvent, les entreprises gagnantes ont tendance à rester gagnantes très longtemps. Les avantages concurrentiels qu’elles ont développés ont souvent tendance à augmenter avec les années. Comme le dit si bien Buffett, le fossé qui les sépare de leurs concurrents s’élargit avec les années. C’est d’ailleurs pourquoi dans bien des cas ces titres se vendent à des ratios d’évaluation relativement élevés – les investisseurs sont prêts à payer plus cher pour les entreprises qui ont fait leurs preuves. Par contre, il arrive que, pour toutes sortes de raisons, ces titres se vendent à des ratios d’évaluation raisonnables. C’est pourquoi il importe selon moi de garder ces sociétés gagnantes à l’œil car un jour, un investisseur pourrait avoir une occasion de les acheter à un prix attrayant.
De plus, l’analyse de ces entreprises et des facteurs qui ont fait leur succès peut aider les investisseurs à dénicher les prochains grands créateurs de richesse.
Au cours des prochaines semaines, je présenterai deux telles sociétés par semaine pour arriver en bout de ligne avec un palmarès des plus grands créateurs de richesse au Canada des 15 dernières années. Si vous voyez des titres (de sociétés canadiennes) qui devraient s’ajouter à cette liste, n’hésitez pas à m’en faire part.
Voici donc les deux premiers de cette série :
Blackberry (Research-In-Motion)
Blackberry (Research In Motion)
Cette entreprise fait les manchettes depuis plusieurs mois et particulièrement ces jours-ci avec le lancement de son BB10. Ce titre a fait perdre beaucoup d’argent à bien des investisseurs au cours des dernières années : il est passé d’un sommet de plus de 137 $ en mai 2008 à son cours récent de près de 16,00 $. Mais en dépit de cette chute, le rendement annuel composé du titre au cours des 15 dernières années est de 18,0 %. En effet, son titre valait environ 1,08 $ par action en janvier 1998, ce qui veut dire que sa valeur a été multipliée par près de 15. Avant sa descente aux enfers, la valeur du titre avait été multipliée par plus de 125…
Quincaillerie Richelieu
Ce distributeur de quincaillerie est tout le contraire de Blackberry et ne fait jamais les manchettes. Pourtant, le rendement de son titre au cours des 15 dernières est très similaire, voire même un peu supérieur, à celui de Blackberry : 18,6 %. En effet, le titre de Richelieu valait 3,00 $ à la fin de 1997 et il s’échange à près de 39,00 $ quinze ans plus tard. En outre, ce rendement ne tient pas compte des dividendes versés par la société au cours de la période.
De toute évidence, malgré des rendements similaires, il est clair que le niveau de risque est très différent entre les modèles d’affaires de Blackberry et de Richelieu. Si Blackberry a frappé un coup de circuit à la fin des années 90 avec le lancement du premier téléphone intelligent, Richelieu a multiplié les coups sûrs en réalisant de petites acquisitions et en les intégrant efficacement à son réseau. En tant qu’investisseur qui porte autant d’importance au risque à la baisse qu’au potentiel d’appréciation, le modèle d’affaires de Richelieu me paraît beaucoup plus attrayant à long terme.
Philippe Le Blanc, CFA, MBA
À propos de ce blogue : Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 (www.cote100.com) et éditeur de la Lettre financière COTE 100 (www.lettrecote100.com). COTE 100 détient des actions de Quincaillerie Richelieu dans certains comptes sous sa gestion.