BLOGUE. Pour faire suite à mon dernier blogue, voici deux autres leçons pour mon fils de 9 ans qui s’initie au monde de la Bourse. Encore là, je crois que ces deux leçons s’appliquent à tout investisseur, jeune ou vieux, débutant ou aguerri.
Troisième leçon : un investissement boursier est pour le long terme, au moins pour cinq ans.
Si l'on investissait dans un titre boursier comme si l’on achetait la totalité d’une entreprise (leçon un), nous aurions par la force des choses un horizon de plusieurs années. Je n’ai personnellement jamais compris comment certains investisseurs pouvaient acheter un titre le matin dans le but de le revendre dans l’après-midi – on parle ici de spéculation et non d’investissement.
À partir du moment où l’on achète avec un horizon à long terme, les motifs qui nous poussent à acheter un titre changent considérablement. L’historique de performance financière devient plus important dans notre analyse. On porte également davantage d’attention au bilan de l’entreprise, aux qualités de son industrie (Est-elle cyclique? Quelles sont ses barrières à l’entrée?), à la qualité de l’équipe de direction, etc. On ne se préoccupe pas trop des résultats trimestriels mais bien plus du développement de l’entreprise à long terme. Agiriez-vous autrement si vous preniez la décision d’acheter une entreprise privée?
Voici une citation de Warren Buffett qui résume bien cette troisième leçon : « Investissez seulement dans le genre de titre boursier avec lequel vous seriez tout à fait confortable si le marché boursier fermait pendant 10 ans ».
Quatrième leçon : Le risque d’un titre n’a rien à voir avec sa volatilité en Bourse.
À partir du moment où l’on investit dans un titre pour le long terme, sa volatilité ne devrait pas nous préoccuper. De nombreux intervenants financiers utilisent la notion de volatilité d’un titre en bourse pour mesurer son niveau de risque – c’est ce qu’on appelle le béta d’un titre. À part le fait qu’une telle mesure soit facilement quantifiable et accessible, elle ne dit à mon avis absolument rien sur le risque fondamental d’un investissement.
Pour l’investisseur à long terme, le risque d’un investissement devrait essentiellement se mesurer de la même façon qu’un entrepreneur évaluerait le risque associé à l’acquisition d’une entreprise qu’il convoite. Lorsque je parle de risque à mon fils de 9 ans, il veut savoir quelles sont les chances que, dans quelques années, son investissement lui rapporte moins d’argent que ce qu’il a investi, après avoir tenu compte de l’inflation. C’est de cette façon qu’un investisseur boursier devrait percevoir le risque d’un investissement. Voici une autre citation de Warren Buffett (qui d’autre!) sur le sujet du risque et qui est tiré du rapport annuel de 1993 de Berkshire Hathaway :
« À notre avis, le véritable risque qu’un investisseur doit mesurer est de savoir si les sommes totales après impôts qu’il tirera de son investissement (incluant celle qui recevra lors de sa vente) sera en mesure de lui procurer, au cours de sa période prévue d’investissement, au moins autant de pouvoir d’achat qu’il avait au départ, en plus d’un modeste taux d’intérêt sur cette somme investie. Même si ce risque ne peut être calculé précisément, il peut dans certaines situations être mesuré avec un degré de précision qui le rende utile. »
Le risque d’un investissement est donc fondé d’une part sur la qualité d’une entreprise, son modèle d’affaires et l’attrait de son industrie, sur la qualité et la compétence de ses dirigeants, sur sa santé financière, et, bien sûr, sur son évaluation.
C’est ce que tente de mesurer le Système COTE 100 de façon systématique et objective en octroyant une cote sur 100,0 à un titre boursier – comme une note scolaire. Il évalue en premier lieu sa performance financière sur une longue période – la croissance des revenus et de ses profits, son rendement de l’avoir moyen, etc., sa santé financière et, finalement, son évaluation.
Philippe Le Blanc, CFA, MBA
À propos de ce blogue : Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 – www.cote100.com – et éditeur de la Lettre financière COTE 100 – (www.lettrecote100.com).