BLOGUE. Bien des investisseurs croient que le succès d’un titre en Bourse dépend de sa popularité auprès des autres investisseurs. Ces investisseurs recherchent les titres de sociétés qui ont de belles histoires à raconter, des plans d’affaires qui font rêver par leur potentiel ou des produits qui pourraient révolutionner leur industrie. Ils croient qu’en achetant plusieurs titres « conceptuels », qui sont généralement au stade de démarrage et perdent de l’argent, ils auront de bonnes chances de « frapper le coup de circuit » et ainsi faire fortune à la Bourse.
Une telle façon d’investir ressemble davantage au casino qu’à l’investissement à long terme. Les grands investisseurs de ce monde, en particulier Warren Buffett, ont démontré à maintes reprises et pendant plusieurs décennies que la meilleure façon de réussir à la Bourse est d’acheter des entreprises de qualité et qui seront en mesure de croître pendant de nombreuses années; le tout à un prix raisonnable.
En somme la clé du succès en Bourse n’a rien à voir avec la popularité d’un titre ou avec un produit révolutionnaire, elle dépend tout simplement des profits d’une entreprise, plus spécifiquement de leur progression dans le temps.
Quincaillerie Richelieu
Un excellent exemple provient d’une petite société de Ville St-Laurent qui distribue de la quincaillerie pour les armoires de cuisines, les ébénistes, les meubles de bureau et les chaînes de grandes surfaces de décoration – Quincaillerie Richelieu. Difficile de trouver une industrie moins « sexy »! Pourtant, le titre de Richelieu, malgré le fait que l’entreprise demeure méconnue du grand public et de la plupart des investisseurs, a considérablement enrichi ses actionnaires depuis de nombreuses années.
Richelieu est devenue une entreprise publique en 1993 à un prix de 2,09 $ (8,35 $ avant l’effet de deux fractionnements 2-pour-1). Ses profits à ce moment étaient de 4,6 M$ ou de 0,18 $ par action (en tenant compte de deux fractionnements 2-pour-1 subséquents). Or, au cours de son dernier exercice clos le 30 novembre 2011, ses profits se sont élevés à 39,5 M$ ou 1,86 $ par action, pour un taux de croissance annuelle composée de 13,9 %. Depuis sa venue en Bourse, le titre a ainsi procuré un rendement annuel composé de plus de 15,5 %, sans compter les dividendes versés au fil des ans.
Un autre phénomène a eu lieu : son ratio cours-bénéfices a graduellement augmenté, passant de près de 10 fois les profits lors de sa venue en Bourse à plus de 15 fois les profits présentement. Cette hausse a considérablement contribué aux forts rendements par ses actionnaires. C’est généralement ce qui se produit lorsqu’une entreprise réussit, comme Richelieu, à augmenter ses profits de façon régulière pendant une longue période : c’est ce que j’appelle la double magie des profits en croissance.
Les investisseurs devraient rechercher et tenter d’investir dans des titres d’entreprises de qualité telles que Richelieu au lieu de chercher à frapper des coups de circuit dans des titres de sociétés hautement spéculatifs.
Philippe Le Blanc, CFA, MBA
À propos de ce blogue : Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 (www.cote100.com) et éditeur de la Lettre financière COTE 100 (www.lettrecote100.com).