BLOGUE. Warren Buffett a déjà dit que le secret du succès à la Bourse consiste à «être avide lorsque tout le monde est apeuré et à être apeuré lorsque tout le monde est avide».
La hausse des marchés depuis plusieurs mois a selon moi quelque peu restreint les occasions d’acquérir de véritables aubaines. Par contre, quel que soit le marché, il existe toujours des occasions d’investir dans des titres qui se font malmener par les investisseurs. Parfois, ce sont les Bourses dans leur ensemble que piquent du nez.
D’autres fois, les occasions se présentent sur des titres spécifiques. Les raisons sont multiples pour qu’un titre chute en Bourse, que ce soit en raison d’un mauvais trimestre, d’une grève, de la perte d’un contrat, d’un incendie dans une usine, etc.
À mon avis, l’investisseur aguerri devrait constamment tenter d’identifier les titres qui subissent des baisses importantes. Une fois ces titres identifiés, il devrait ensuite prendre le temps nécessaire pour décider si: 1-la baisse rend l’évaluation du titre attrayante et surtout 2- si le ou les facteurs qui ont fait chuter le titre sont ponctuels et n’affecteront probablement pas le modèle d’affaires de la société à long terme.
S’il répond oui à ces deux questions, il a probablement déniché une aubaine attrayante dont le risque à la baisse est limité et dont le potentiel d’appréciation à long terme est attrayant. Il ne lui restera plus qu’à être patient et à attendre que la situation se résorbe et que les investisseurs oublient la mauvaise nouvelle.
Des exemples?
Des exemples?
Vous souvenez-vous du naufrage du Costa Concordia survenu le 13 janvier dernier près des côtes toscanes? Dans les jours qui ont suivi, le titre de Carnival Cruise Lines, propriétaire de la ligne Costa, a chuté de plus de 35 $ à près de 29,50 $.
Était-ce une occasion? À mon avis oui, bien qu’il fallait être très rapide pour en profiter car le titre a rapidement rebondi. En effet, à près de 29 $, le titre s’échangeait à environ 12 fois les profits réalisés en 2011.
En outre, en examinant le dossier de l’entreprise, on pouvait conclure que ce naufrage pourrait affecter la demande pour les croisières pendant un certain temps, mais qu’il ne devrait pas altérer le modèle d’affaires de l’entreprise à long terme. Aujourd’hui, le titre s’échange à plus de 36,50 $.
En décembre 2010, le titre de Visa a chuté de plus de 80 $ à près de 67 $ en quelques jours en raison de craintes concernant une nouvelle réglementation du gouvernement américain pour les transactions de débit.
Nous avons profité de cette correction pour recommander le titre dans la Lettre financière COTE 100 en février 2011 ainsi que pour en acheter pour nos divers comptes sous gestion. À notre avis, le titre de Visa répondait aux deux questions posées plus haut : 1- à 14 fois les profits prévus, le titre nous paraissait peu cher; 2- nous étions d’avis que la nouvelle réglementation des transactions par cartes de débit n’affecterait pas outre mesure le modèle d’affaires de l’entreprise puisque ce segment ne représentait que 19 % de ses revenus. Aujourd’hui, le titre s’échange à près de 138 $.
Le titre d’Apollo Group aux États-Unis représente un autre exemple de titre malmené et affecté par de nombreux nuages qui flottent au-dessus de son industrie. Contrairement aux deux titres précédents, ces nuages ne se sont pas encore dissipés.
Apollo est la plus grande société d’éducation à but lucratif aux États-Unis. Sa principale marque de commerce est l’Université de Phoenix qui offre des diplômes universitaires dans de nombreux domaines tels que les arts, les sciences, la santé et l’éducation, surtout aux adultes et en ligne. Comme tous les titres du secteur, le titre d’Apollo est malmené depuis plusieurs mois par des craintes d’une réglementation plus sévère du gouvernement américain.
Or, à mon avis, pour celui qui voit plus loin que le prochain trimestre, le titre d’Apollo répond positivement aux deux questions citées plus haut. En premier lieu, son titre est peu cher alors qu’il s’échange à 8,9 fois les profits prévus par les analystes pour son exercice 2013 (31 août). En deuxième temps, j’estime que l’industrie privée de l’éducation est là pour rester, surtout dans un contexte économique difficile et un taux de chômage qui demeure élevé. En outre, je crois que la place des écoles privées est appelée à augmenter aux États-Unis alors que de nombreux états éprouvent des difficultés budgétaires et pourraient être forcés à couper leurs investissements dans les écoles publiques. Il reste donc aux actionnaires à être patients et à attendre un éventuel éclaircissement dans l’industrie de l’éducation.
À mon avis, les investisseurs qui ont une vision à long terme ont souvent un avantage par rapport aux investisseurs à court terme. Or, la Bourse offre sans cesse des occasions d’acquérir des titres de qualité qui sont frappés de mauvaises nouvelles. Il s’agit de faire ses devoirs pour en profiter et surtout d’être patient.
Philippe Le Blanc, CFA, MBA
À propos de ce blogue : Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 (www.cote100.com) et éditeur de la Lettre financière COTE 100 (www.lettrecote100.com). Les portefeuilles sous la gestion de COTE 100 détiennent des actions d’Apollo Group et de Visa.