BLOGUE. Dans mes deux derniers blogues, j’ai comparé le titre de SNC à celui d’Aecom et celui de Dollarama à celui de Dollar Tree avant de conclure que, dans les deux cas, les titres américains sont moins dispendieux que leurs comparables canadiens. De fait, c’est souvent le cas car il me semble que les sociétés canadiennes bénéficient souvent d’une prime de rareté par rapport à des titres de sociétés comparables américaines.
Ce n’est toutefois pas toujours le cas. L’exemple d’Atrium Innovations (ATB) démontre qu’il y a parfois des titres canadiens orphelins qui se vendent moins cher que leurs comparables américains… Il suffit de chercher!
Située à Québec, Atrium est un leader dans la formulation, la fabrication et la commercialisation de produits de santé naturels scientifiquement éprouvés et cautionnés par les professionnels de la santé. Après quelques années vouées aux acquisitions, la direction concentre désormais ses efforts à l’intégration de ses acquisitions, à la croissance interne et à la diminution de sa dette. La société dont la capitalisation boursière est de près de 425 M$ est aujourd’hui une société intégrée verticalement qui fabrique et commercialise ses propres produits tant par le biais de professionnels de la santé que par des magasins d’aliments naturels que par la vente directe aux consommateurs par catalogue et par Internet, tant en Europe qu'en Amérique du Nord.
L’historique d’Atrium reflète ses acquisitions passées. De 2005, année où elle a été scindée d’Aeterna Zentaris et de son premier appel public à l’épargne, ses revenus sont passés de 32,9 M$ US (Atrium rapporte ses résultats en dollars américains) à 437,5 M$ en 2012, un taux de croissance annuel composé de 44,7 %. Ses profits par action au cours de la même période sont passés de 0,32 $ à 1,60 $, un taux de croissance de 25,8 %. Cela dit, la croissance des profits a frappé un mur depuis quelques années puisque les profits par action ont varié entre 1,47 $ et 1,67 $ au cours des quatre derniers exercices malgré une croissance continue des revenus. Cette stagnation des profits a été causée par une pression sur les marges de profits résultant entre autres par de coûts réglementaires accrus et de problèmes avec certains produits clés en Europe. La dette d’Atrium est relativement élevée à un ratio de 3,2 fois ses profits d’exploitation (BAIIA), reflet des acquisitions passées.
Deux sociétés comparables
Deux sociétés comparables
Peu d’entreprises publiques sont réellement comparables à Atrium aux États-Unis mais j’en vois au moins deux. GNC Holdings (GNC) est avant tout un détaillant de suppléments alimentaires et de santé avec quelque 8 100 magasins. Avec sa capitalisation boursière de près de 4,5 milliards $, elle est sensiblement plus grande qu’Atrium. La société est revenue en bourse en 2010 après avoir été privatisée par une banque d’affaires en 2003. À son cours récent, le titre de GNC s’échange à 16,2 fois les profits prévus de 2013 et à un ratio valeur d’entreprise-BAIIA de 11,0. Son ratio dette-BAIIA est de 1,9.
Une autre société comparable est Nutraceuticals (NUTR), un fabricant, distributeur et détaillant de suppléments nutritifs dont la capitalisation boursière est de 179 M$. Son titre s’échange à 10,9 fois les profits des quatre derniers trimestres et à 5,7 fois ses profits d’exploitation. Dans son cas, l’endettement est relativement bas à 0,8 fois les BAIIA des 12 derniers mois.
Comment se compare Atrium?
À son cours récent, le titre d’Atrium s’échange à 7,6 fois les profits prévus et à 7,9 fois ses profits d’exploitation des 12 derniers mois. On parle donc d’un escompte important face au titre de GNC alors qu’il est un peu plus cher que celui de Nutraceuticals sur la base valeur d’entreprise-BAIIA, un titre qui semble également peu cher, probablement parce qu’il n’est pas du tout suivi par les analystes.
On ne peut donc pas conclure que le titre d’Atrium se vend à escompte par rapport à des sociétés comparables américaines. Par contre, on peut sûrement conclure que le titre est peu cher. La grande question est de savoir si la direction sera en mesure de stabiliser, voire d’améliorer, les marges de profits au cours des prochains trimestres. Une réduction de la dette sera également importante car elle diminuerait le risque pour ses actionnaires et pourrait éventuellement permettre à la direction de considérer de nouvelles acquisitions. Si la direction réussit à ces deux chapitres, fort est à parier que le titre d’Atrium pourrait s'avérer une véritables aubaine à son cours récent.
Philippe Le Blanc, CFA, MBA
À propos de ce blogue : Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 et éditeur de la Lettre financière COTE 100. COTE 100 possède des actions d’Atrium Innovations dans certains de ses comptes sous gestion.