BLOGUE. Le parcours de Tesla Motors, probablement le premier fabricant d’automobiles électriques économiquement viable, est fascinant. En tant que consommateurs, je crois qu’on a tous intérêt à voir cette société poursuivre sur sa lancée et développer un véritable marché de masse pour les autos électriques.
Fondée en 2003, la société a commencé à produire en 2008 son modèle sport, le Tesla Roadster, qui se vend à environ 100 000 $ l’unité. Son plus récent modèle S, une berline quatre portes qui se détaille à près de 70 000 $, a commencé à être fabriqué et livré en 2012. La société vise le lancement de son modèle X, un SUV haut de gamme, pour la fin 2014 qui se vendra probablement à plus de 70 000 $.
La mission de la direction et de l’entreprise est de rendre les véhicules électriques accessibles au marché de masse. Or, il semble que Tesla soit en voie de réussir là où de nombreuses autres entreprises se sont cassé les dents. À son dernier trimestre, la société a enregistré un profit de 11 M$, le premier de son histoire. Au cours de la période, Tesla a produit 5 000 unités du modèle S, une performance impressionnante pour une si jeune entreprise. Grâce à l’augmentation du rythme de production et de la productivité accrue qui en découle, la marge brute de l’entreprise est passée de 8 % à 17 % en un an. De plus, la direction prévoit que cette marge augmentera à près de 25 % d’ici la fin de 2013. Selon Value Line, Tesla pourrait enregistrer un profit de 0,45 $ par action en 2013, suivi de 1,35 $ en 2014. De plus, une levée de fonds récente de près de 1,0 milliard $ a permis à la société de rembourser 452 M$ du prêt restant que lui avait octroyé le gouvernement américain en 2008.
11 millards $ de valeur boursière
11 millards $ de valeur boursière
Les premiers soubresauts financiers de Tesla sont donc fort prometteurs… ce qui se traduit par une forte progression en bourse. À son cours récent de 95 $, la valeur boursière de Tesla est de près de 11 milliards $. C’est plus de 5 fois les revenus de 2,0 milliards $ prévus cette année et 70 fois les profits prévus de 2014!
Je crois qu’une des raisons qui explique que le titre se soit apprécié de 170 % depuis le début de 2013 est qu’il est la cible de nombreux vendeurs à découvert. En date du 30 avril dernier, pas moins de 27,5 M d’actions avaient été vendues à découvert, soit plus de 44 % du flottant (c'est-à-dire des actions non détenus par la direction) et 24 % de ses actions en circulation. L’atteinte de la rentabilité au premier trimestre ainsi que les critiques dithyrambiques du Consumers Report (qui a octroyé une cote de 99 sur 100 à son modèle S) ont forcé ces vendeurs à découvert à se couvrir – un « short squeeze » classique.
À court terme, on ne sait pas jusqu’où ira le titre. Tant que les vendeurs à découvert sont coincés, le titre pourra poursuivre son ascension. Par contre, à long terme, il ne faut pas oublier les multiples défis auxquels la société fait face : la compétition qui ne saurait tarder des géants automobiles, la nécessité de continuer à augmenter rapidement sa cadence de production et de diminuer ses coûts, celle de bâtir une infrastructure pour vendre ses véhicules et les desservir une fois vendus, le développement de nouveaux modèles, etc. Qui plus est, même si Tesla révolutionne le monde automobile avec un moteur électrique, ses produits demeureront des autos et son industrie celle de l’automobile. Ce secteur n'a pas créé le plus de richesse pour les investisseurs! Au contraire, il s’agit plutôt d’un secteur hautement cyclique, très compétitif et qui exige énormément de capital. C’est pourquoi les titres de fabricants automobiles n’ont jamais mérité de hauts multiples d’évaluation. Bref, si vous considérez investir dans Tesla, je vous suggère l’auto plutôt que le stock.
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Philippe Le Blanc, CFA, MBA
À propos de ce blogue : Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 et éditeur de la Lettre financière COTE 100.