BLOGUE. Connaissez-vous l'auto-leadership? Peut-être en avez-vous déjà vaguement entendu parler, sans trop savoir de quoi il s'agit. Rares sont ceux qui s'y sont réellement frottés, ne sachant pas trop comment s'y prendre. Ça mérite donc d'y jeter un œil…
Découvrez mes précédents billets
Suivez-moi sur Facebook et sur Twitter
L'auto-leadership (self-leadership, en anglais), c'est grosso modo une méthode visant à influencer ses propres pensées, émotions et comportements dans le but d'atteindre un objectif précis. Par exemple, quelqu'un qui voudrait devenir plus à l'aise dans ses communications orales (tenir un discours en public,…) pourrait envisager, entre autres, de chercher à mieux contrôler ses émotions, en faisant différents exercices pratiques à cet égard; mais surtout, il le ferait lui-même, sans l'aide constante d'un manager, d'un coach ou d'un mentor : il se prendrait en mains, tout seul. Un peu comme on le fait quand on s'entraîne au gym : au départ, un entraîneur professionnel établit pour nous un programme d'entraînement à suivre, mais ensuite, c'est à nous de le suivre, sans supervision.
Plusieurs études ont déjà été menées sur l'auto-leadership, depuis l'apparition de ce concept dans les années 1980. La plupart s'accordent pour dire qu'il y a trois éléments essentiels dans l'auto-leadership :
1. Une stratégie mentale. Il convient de se conditionner mentalement pour faire de l'auto-leadership, notamment en matière d'engagement et de détermination.
2. Une stratégie émotionnelle. Il faut aussi se préparer sur le plan psychique pour affronter les inévitables difficultés que l'on rencontrera en chemin. Un exemple parmi d'autres est la motivation.
3. Une stratégie comportementale. Il faut encore accepter de devoir changer son comportement habituel, sortir de sa zone de confort, pour acquérir ou développer des compétences que l'on maîtrise jusqu'à présent mal, voire pas du tout. D'où la nécessité de se fixer des buts réalistes, de s'organiser pour les atteindre et de célébrer chaque étape importante franchie menant aux objectifs visés.
Ces mêmes études ont mis au jour le fait que l'auto-leadership peut avoir des effets notables :
1. Performance. Bien maîtrisé, l'auto-leadership permet d'améliorer sensiblement sa performance au travail (Rousseau, 1997).
2. Créativité et innovation. (Carmeli, 2006; Phelan & Young, 2003).
3. Prise d'initiative. (Stewart, Carson & Cardy, 1996).
4. Carrière. (Abele & Wiese, 2008).
La question est : l'auto-leadership aurait-il d'autres avantages? C'est ce qu'ont voulu savoir deux chercheuses australiennes, à savoir : Kerrie Unsworth, professeure de management à l'École de commerce UWA, et Claire Mason, chercheuse à la Commonwealth Scientific & Industrial Research Organization (CSIRO). Le fruit de leur travail est présenté dans l'étude Help yourself: The mecanisms through which a self-leadership intervention influences strain. Un fruit on ne peut plus intéressant, puisqu'il met en évidence un effet remarquable sur le stress ressenti au travail…
Ainsi, Mmes Unsworth et Mason ont procédé à une première expérience destinée à regarder si l'auto-leadership avait la moindre influence sur l'efficacité, les émotions et le stress des employés. Elles ont demandé à 71 personnes travaillant dans un département d'un ministère australien de suivre un programme d'auto-leadership dont le but est de permettre à chacun d'améliorer deux choses, sa performance et son bien-être au travail.
Dans un premier temps, tous ont dû remplir un questionnaire détaillé sur leur travail, les réponses permettant de se faire une idée de leurs comportements habituels, de leur performance générale et des émotions qu'ils ressentent d'habitude. Puis, la moitié des participants ont suivi le programme d'auto-leadership, et l'autre a dû patienter, sous le prétexte qu'il leur fallait attendre leur tour (en fait, ils n'ont servi que de groupe de contrôle, afin de pouvoir mieux comparer l'évolution des membres du premier groupe). Enfin, tout le monde a dû remplir une nouvelle fois le questionnaire.
Résultats? Très simples. L'auto-leadership a bel et bien un effet positif sur :
> La performance. Ce qui confirme les résultats de nombres d'études précédentes sur ce point particulier.
> Les émotions. Ce qui confirme, là aussi, les trouvailles d'autres études.
> Le stress. Ce qui est, cette fois-ci, une nouveauté, car personne ne s'était jusqu'à présent intéressé à ce point-là.
Maintenant se posait une question plus cruciale : par quels mécanismes l'auto-leadership joue-t-il sur le stress que l'on peut connaître au travail? Mmes Unsworth et Mason ont alors demandé à différents responsables des ressources humaines d'identifier des "stars montantes" au sein de leur organisation, dans des domaines aussi variés que les mines et le commerce de détail.
Les 277 "stars montantes" ainsi repérées ont été soumises à la même expérience que la précédente, avec questionnaires et programme d'auto-leadership. Cela étant, l'accent a été mis sur le stress, dans l'optique d'identifier ce qui pouvait bien permettre de faire diminuer la pression au travail quand on pratique l'auto-leadership.
Résultats? Impressionnants :
1. L'impact du gain en efficacité. Le stress va en diminuant à mesure que l'on gagne en efficacité au travail, ce que procure l'auto-leadership. Un exemple : quelqu'un qui fait de l'auto-leadership pour mieux prendre la parole en public gagne en confiance en lui, et vit donc plus aisément les moments stressants de sa journée de travail.
2. L'impact du meilleur contrôle de ses émotions. Le stress diminue aussi à mesure que les émotions qui nous assaillent au travail deviennent de plus en plus positives, ce que procure l'auto-leadership. Un exemple : la même personne qui se sent plus à l'aise en public contrôle mieux ses émotions négatives et commence même à savourer les aspects positifs de ce qui l'effrayait jusque-là, et par suite se met à moins ressentir de stress au travail, notamment lors des réunions.
«Ces deux facteurs – le gain en efficacité et le meilleur contrôle de ses émotions – jouent simultanément sur le stress. De manières complémentaires», indique l'étude. Et d'ajouter : «Voilà deux outils que tout manager gagnerait à mettre dans sa "boîte à outils" pour mieux gérer les employés en proie au stress».
S'il y a par conséquent un conseil à retenir, c'est le suivant, à mon avis :
> Qui veut diminuer son stress au travail peut pour cela user d'auto-leadership.
Autrement dit, il suffit de :
1. Identifier une compétence que l'on voudrait améliorer.
2. Établir un programme d'auto-leadership en lien avec cette compétence, avec l'aide d'un expert (manager, dirigeant des ressources humaines, etc.).
3. Passer à l'action.
4. Célébrer les résultats engrangés, à mesure qu'ils surviennent.
Et voilà, le tour est joué.
En passant, Confucius disait : «Le sage est calme et serein. L'homme de peu est toujours accablé de soucis».
Découvrez mes précédents billets