BLOGUE. Parler en public. Devoir prendre la parole devant les collègues lors d'une réunion importante. Ou encore affronter une ribambelle d'évaluateurs lors d'un ultime entretien d'embauche. Quoi de plus stressant?
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Le cœur se met à battre à tout rompre, les mains se mettent à trembler, les yeux se mettent à voir flou. À cause de ce satané stress, vous voilà à 50% de vos possibilités, voire moins. Et dire qu'il vous faut pourtant vous montrer meilleur que jamais…
Que faire? S'inspirer d'une étude intitulée Changing the conceptualization of stress in social anxiety disorder: Affective and physiological consequences, signée par Jeremy Jamieson, professeur de psychologie à l'Université de Rochester (États-Unis), Matthew Nock, professeur de psychologie à Harvard (États-Unis), et Wendy Berry Mendes, professeure d'émotion à l'Université de Californie à San Francisco (États-Unis). Car elle a mis au jour une trouvaille merveilleuse de simplicité pour pallier ce genre de stress.
Ainsi, les trois chercheurs ont demandé à 73 volontaires de parler chacun leur tour pendant cinq minutes de leurs forces et de leurs faiblesses. Et ce, dans des conditions particulières : sous l'œil d'une caméra et en présence de deux examinateurs qui, durant les cinq minutes, secouaient négativement la tête, tapotaient des doigts, ou encore levaient les yeux au ciel d'exaspération. À cela s'ajoutait le fait que chacun n'avait que trois minutes pour se préparer avant d'entrer dans la salle.
Cinq longues minutes, donc. Surtout a priori pour la moitié des participants, qui souffraient d'anxiété sociale, c'est-à-dire qui frôlaient la crise de panique à chaque fois qu'il leur fallait se mettre en avant par rapport aux autres.
Que s'est-il produit? Pour bien le saisir, il faut que je vous signale un détail d'une grande importance : ceux qui souffraient d'anxiété sociale avaient été répartis à leur insu en deux groupes distincts.
Dans le premier, les participants avaient été avisés de découvertes scientifiques sur l'anxiété, qui n'est somme toute qu'une réaction du corps normale à une situation jugée comme agressante. Le corps réagit en envoyant à toute vitesse l'énergie nécessaire pour réagir à la situation, à savoir pour attaquer ou fuir – ce que l'être humain fait depuis la nuit des temps pour ne pas se faire dévorer par les tigres à dents de sabre –, si bien que les membres se mettent à trembler de manière incontrôlable, en fait prêts à passer à l'action au quart de tour. Bref, ils ont appris que s'angoisser à l'idée de parler en public était une réaction on ne peut plus normale, et qu'il leur suffisait de positiver cette réaction pour non pas en pâtir, mais en bénéficier.
Dans le second, rien de particulier ne leur a été dit. On a laissé l'angoisse monter en eux.
Résultats? Ils sont essentiellement au nombre de trois :
> Une expérience toujours éprouvante. Les relevés physiologiques – via des électrodes apposées sur le corps, etc. – ont indiqué que tous ceux qui souffraient d'anxiété sociale, qu'ils aient été informés ou pas de ce qu'est au fond l'anxiété, ont tous vécus l'expérience comme quelque chose d'éprouvant.
> Une meilleure réponse au stress. Les relevés physiologiques ont aussi montré que ceux qui avaient été informés de ce qu'est l'anxiété ont vu leur corps mieux gérer le stress, en équilibrant mieux les dépenses énergétiques.
> Un meilleur contrôle de soi. Ceux qui avaient été informés de ce qu'est l'anxiété ont été moins sensibles que les autres anxieux au feedback négatif des deux examinateurs.
Autrement dit, si parler en public est une chose difficile pour vous, il existe un truc ultrasimple pour atténuer d'un coup votre anxiété :
> Durant les trois minutes précédant votre prise de parole, fermez les yeux et songez à tout ce qui est en train de se produire dans votre corps, à tous ces mouvements d'énergie qui visent – en réalité – à vous rendre ultraperformant. Et dîtes-vous bien que cette énergie ne doit pas vous servir à prendre la fuite – comme vous y songez habituellement –, mais au contraire à passer à l'attaque. Comme nos ancêtres les Cro-Magnon!
En passant, Victor Hugo a dit dans Les Travailleurs de la mer : «L'anxiété, c'est un conseil d'agenouillement».
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