Le leadership. Soyons honnêtes, nous rêvons tous d’en avoir. Du moins, de bénéficier des avantages qu’il peut procurer : par exemple, nous nous disons qu’avec un peu plus de leadership, nous mènerions à bien des projets trippants, pour la simple raison que nous saurions dès lors convaincre les autres membres de l’équipe à embarquer avec nous vers de nouveaux horizons et persuader nos bosses de la pertinence du projet fou qui nous habite. Pas vrai?
Découvrez mes précédents billets
Ma page Facebook
Mon compte Twitter
Mais voilà, qui d’entre nous n’est pas persuadé que le leadership, c’est inné? Oui, qui ne croit pas que certains en ont, et d’autres pas? Que c’est bêtement une question de gênes : on naît avec, ou sans. Du coup, nous restons là, les bras ballants, à nous dire que tout ira mieux dans une prochaine vie… si vie prochaine il y a.
Bon. Cette idée-là est solidement ancrée en nous. Comme tant d’autres idées stupides, malheureusement. Car, tenez-le vous pour dit une bonne fois pour toutes, le leadership, ça n’a rien à voir avec la génétique. C’est bel et bien une faculté que nous avons tous - je souligne, tous -, mais que peu d’entre nous se donnent la peine de développer.
Autrement dit, il ne tient qu’à vous d’accroître votre leadership. C’est-à-dire votre capacité à influencer positivement l’équipe dans laquelle vous évoluez quotidiennement. Et ce, quel que soit le poste et les fonctions que vous y avez actuellement.
Comment? Eh bien, je pense avoir mis la main sur une étude passionnante à ce sujet, car elle recèle un truc ultrasimple pour aider quiconque entend devenir un leader naturel, soit une personne sur laquelle les autres ont tout naturellement envie de s’appuyer dans le cadre de leur travail. Cette étude est intitulée How social media influencers build a brand following by sharing secrets. Elle est signée par trois professeurs de marketing de l’Université de Boston (États-Unis) : Seema Pai, Barbara Bickart et Frédéric Brunel, assistés de leur étudiante Soyean Kim.
Les quatre chercheurs ont adressé un questionnaire détaillé à une cinquantaine de blogueurs réputés, lequel visait à savoir comment ils s’y prenaient concrètement pour attirer l’attention des internautes et développer par la suite un lien durable avec eux. Ces blogueurs-là étaient considérés comme influents, ayant pour la plupart d’entre eux un auditoire allant de 5 000 à 50 000 visiteurs uniques par mois. Et ils avaient différents centres d’intérêt : culture et spectacles (30% d’entre eux), mode et style de vie (17%), développement personnel et santé (13%), etc.
Ce questionnaire a permis de mettre au jour deux choses fort intéressantes :
> Informations d’ordre privé. 27% des blogueurs dévoilent régulièrement en ligne des informations d’ordre privé. Ex.: «des anecdotes personnelles», «des détails de ma vie privée», «des histoires témoignant de mes défauts», ou encore «des moments pénibles et frustrants».
> Secrets. 19% des blogueurs partagent souvent en ligne des secrets. Ex.: des détails sur leur santé (physique et psychique), des informations confidentielles sur des personnes qu’ils connaissent bien, ou encore des scoops. À noter que certains de ces blogueurs vont jusqu’à confier en ligne des choses secrètes à leur sujet (à propos de leur vie de famille, ou encore de leurs amis proches).
C’est clair, pour être un blogueur réputé, et donc influent, il est incontournable de s’exposer aux autres. De se montrer tel qu’on est, avec ses qualités et ses défauts. D’afficher, donc, une certaine vulnérabilité.
Les quatre chercheurs de l’Université de Boston ont, bien entendu, tenu à avoir davantage de détails sur leur stratégie de communication. C’est pourquoi ils leur ont demandé s’ils avaient des trucs pratiques pour attirer et retenir l’attention, et donc l’intérêt d’autrui. Résultat? La plupart d’entre eux usent bel et bien de stratagèmes, c’est-à-dire de ruses mûrement réfléchies pour parvenir à leurs fins. Voici le Top 5 des trucs les plus courants, et donc les plus efficaces :
1. «Je donne mon point de vue personnel sur un sujet pertinent pour les gens à qui je m’adresse.»
2. «Je dévoile des détails strictement personnels sur mon quotidien.»
3. «Je donne des informations sur ma vie privée.»
4. «Je donne des informations sur la personne que je suis (mes goûts, mes hobbies, l’endroit où je vis, l’endroit où je travaille, etc.).»
5. «Je divulgue des photos de moi et de ma famille.»
Pourquoi agissent-ils ainsi, au juste? Voici, encore, les principales réponses des principaux intéressés, par ordre d’importance :
1. Pour être authentique.
2. Pour nouer un lien solide avec mon auditoire.
3. Pour créer une proximité avec mon auditoire.
4. Pour exprimer mes émotions.
5. Pour aider mon auditoire à mieux me comprendre.
«Ce qui est remarquable ici, c’est que la motivation des influenceurs n’est pas, dans le fond, orientée vers eux-mêmes, mais vers autrui. S’ils donnent des informations vraiment personnelles sur eux-mêmes, ce n’est pas pour se valoriser ou pour se sentir mieux avec eux-mêmes, mais pour apporter quelque chose aux autres, quelque chose qui les intéresse et qui peut les aider dans leur propre vie», indiquent les quatre experts du marketing dans leur étude. Et d’ajouter : «Ils se perçoivent et se comportent, si l’on veut, comme une marque personnelle, au même titre qu’une entreprise ou un produit qui cherche à entrer dans la tête des gens en tant que marque évoquant des valeurs séduisantes».
La question saute aux yeux : faut-il avoir un ego démesuré pour pouvoir agir de la sorte? Ou au contraire, plus aucun ego? Car il est évident que chacun de nous n’est pas aussi à l’aise qu’eux pour parler, disons, de la verrue plantaire qu’il a atrappée au gym ou de son dernier coma éthylique. Voici ce qu’en pensent les blogueurs influents :
> Vives émotions. Lorsqu’ils partagent avec les autres un secret, qu’il soit petit ou grand, ils sont traversés par des émotions contradictoires. Les principales sont : la fierté, l’anxiété et la satisfaction. Et les plus rarissimes sont : la honte, la tristesse et l’embarras.
Qu’est-ce à dire? Que l’important n’est pas du tout l’ego, mais la sensibilité face aux émotions fortes. L’une des grandes qualités de ces blogueurs-là, c’est leur faculté à gérer des émotions fortes, et souvent a priori contradictoires. Ils savent surmonter la honte, la tristesse et l’embarras - ou plutôt, la peur qu’occasionnent ces émotions -, en se disant que ce qui compte vraiment, ce n’est pas leur petite personne, mais leur interlocuteur. De fait, c’est en osant être authentiques, vraiment authentiques, qu’ils parviennent à susciter l’empathie, pour ne pas dire l’amour, d’autrui. Bref, c’est en osant être vrais qu’ils réussissent à créer un pont là où, sinon, il n’y aurait à jamais qu’un immense vide.
Bon, Que retenir, maintenant, de tout ça? C’est assez simple, me semble-t-il :
> Qui entend devenir un leader naturel se doit de se montrer authentique avec autrui. Car l’influence passe nécessairement par l’authenticité, à savoir par le courage d’être soi en tout temps en présence de ceux qui comptent à nos yeux. C’est par conséquent en partageant, ici et là, des détails de votre vie privée, des moments de faiblesse, ou encore des informations confidentielles avec les autres que vous réussirez à établir un véritable réseau de contacts solides. L’idée est alors non pas de toujours dire «moi, moi, moi», mais «je, je, je», la nuance entre les deux étant que dans le premier cas l’information communiquée est tellement personnelle qu’elle ne peut guère avoir d’écho chez l’interlocuteur, alors que dans le second cas elle lui donne la possibilité d’en tirer un enseignement susceptible de l’aider dans son développement personnel. Une nuance de taille, je tiens à le souligner!
En passant, l’homme d’État sud-africain Nelson Mandela a dit dans Conversations avec moi-même : «L’honnêteté, la sincérité, la simplicité, l’humilité, la générosité, l’absence de vanité, la capacité à servir les autres. Ces vertus sont à la portée de toutes les âmes. Elles sont les véritables fondations de notre vie spirituelle».
Découvrez mes précédents billets
Ma page Facebook
Mon compte Twitter