BLOGUE. Twitter au travail, pour ou contre? À votre avis, est-ce une perte de temps pour les employés comme pour l'entreprise, ou au contraire un excellent outil de communication pour la "marque employeur"? Pas facile à dire, n'est-ce pas? Et si l'on regardait tout ça d'un autre œil…
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Vous êtes-vous déjà demandé si Twitter pouvait servir à dynamiser un groupe, par exemple votre équipe? C'est-à-dire à susciter l'engagement des membres de celui-ci, et par suite leur performance individuelle et globale? Non, probablement. Et pourtant, le sujet mérite réflexion. C'est du moins ce que j'ai appris grâce à l'étude Using Twitter to more actively engage students in the learning process signée par Ahmad Kader, professeur d'économie à l'École de commerce Lee (États-Unis).
Ainsi, le doyen de l'Université du Nevada à Las Vegas (UNLV), dont fait partie l'École Lee, avait demandé en 2009 à son corps enseignant de lui fournir huit méthodes pour susciter davantage l'envie d'étudier chez les étudiants, huit méthodes radicalement nouvelles. M. Kader avait proposé d'intégrer Twitter à ses cours. Son idée a été retenue.
Du coup, les cours sur les Principes de microéconomie du semestre automnal de 2010 et ceux sur les Principes de macroéconomie du semestre printanier de 2011 n'ont rien eu à voir avec ceux que le professeur avait l'habitude de faire depuis huit années. Il a été en effet instauré chaque semaine des "Jours Twitter" où les étudiants étaient fortement encouragés à tweeter pendant les cours, les encouragements en question se présentant sous la forme de crédits.
Bien entendu, il ne s'agissait pas de s'amuser à tweeter au lieu d'écouter les cours. M. Kader avait ouvert un compte Twitter spécial pour les cours, dont il était l'animateur. Et il avait demandé aux étudiants intéressés d'ouvrir, eux aussi, un compte personnel spécial ne devant servir qu'aux cours. Après cela, chacun était libre de s'en servir à sa guise, sachant toutefois que le professeur jetterait un œil sur ce qui serait envoyé par les uns et les autres, via un hashtag commun.
Deux surprises de taille attendaient le professeur d'économie, quand il a fait part de son projet aux 177 étudiants de la session d'automne et aux 145 autres de la session de printemps :
1. Il a constaté qu'un grand nombre d'étudiants étaient sur Facebook, et rares ceux sur Twitter. Il lui a donc fallu expliquer la base de ce média social-là, alors qu'il imaginait que ce seraient eux qui lui auraient appris la meilleure façon de tweeter.
2. Il a découvert que l'expérience n'emballait pas du tout les étudiants. D'emblée, ceux-ci se sont dits déjà débordés par le travail et écrasés par la pression des examens, si bien qu'ils n'avaient «pas le temps de s'envoyer des tweets» par-dessus le marché.
Un temps déstabilisé par tant d'oppositions à son projet, le professeur a tout de même maintenu le cap et lancé son expérience. Bien lui en a pris, car les résultats ont été au rendez-vous :
> Engagement accru. Entre 20 et 40 tweets étaient émis en moyenne par les étudiants durant chaque "Jour Twitter". Au fur et à mesure, le contenu de ceux-ci était de plus en plus pertinent (questions aux autres ou au professeur en marge du cours, émission d'idées neuves, etc.). Et assez vite, les étudiants se sont piqués au jeu, et donc davantage intéressés à ce qui était dit en cours. Au lieu de se contenter d'écouter et de recopier ce qui était dit, ils réfléchissaient et participaient. «L'ambiance en a été transformée, les cours sont devenus passionnants pour tout le monde», note M. Kader dans son étude.
> Performance améliorée. Les chiffres parlent d'eux-mêmes :
- Session d'automne : 64 des 75 étudiants qui ont tweeté ont eu de meilleures notes aux cinq examens que 77 des 94 étudiants qui n'ont pas utilisé Twitter pendant les cours.
- Session de printemps : 76 des 83 étudiants qui ont tweeté ont eu de meilleures notes aux cinq examens que 42 des 47 étudiants qui n'ont pas utilisé Twitter pendant les cours.
Cela étant, il convient d'être prudent avec ces résultats chiffrés, car l'échantillon est mince. M. Kader a d'ailleurs eu la sagesse d'effectuer un petit test de solidité, et a noté qu'il n'était pas possible d'en conclure que ceux qui avaient tweeté avaient eu de meilleures notes parce qu'eux avaient tweeté, et pas les autres. D'autres expériences similaires seraient nécessaires pour en arriver à une telle conclusion.
«Cette expérience a été beaucoup plus complexe à mener que ce que je croyais au départ, elle a même été parfois frustrante, mais elle en valait clairement la peine, ne serait-ce qu'en raison de l'enthousiasme inusité que cela a déclenché en cours», a indiqué M. Kader.
Intéressant, n'est-ce pas? Qu'en pensez-vous? Serait-il envisageable d'adapter cette expérience au groupe dans lequel vous évoluez? De créer des avatars et un hashtag commun, histoire de souder davantage l'équipe, voire de la motiver encore plus dans ce qu'elle entreprend?
En passant, Neil Armstrong, le premier homme à avoir mis le pied sur le Lune, aimait à dire : «Les pilotes se moquent de marcher. Ce qui les motive, c'est de pouvoir voler»…
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