Ça y est! Plus qu'une poignée d'heures d'attente, et Apple – selon toutes vraisemblances – va enfin dévoiler sa montre intelligente, lors d'un événement gigantesque qui va se tenir au Flint Center de Cupertino, là-même où Steve Jobs avait présenté le tout premier Macintosch en 1984.
Découvrez mes précédents billets
Ma toute nouvelle page Facebook
Mon compte Twitter
Et mon livre : Le Cheval et l'Âne au bureau
L'Apple Watch? C'est selon les mots d'Eddy Cue, vice-président, services et logiciels Web, d'Apple, ni plus ni moins que «le meilleur produit d'Apple depuis les 25 dernières années». C'est surtout l'objet de tous les mystères, et ce depuis des années, tant il a été développé dans le plus grand secret.
Mais un secret qui ne l'est plus tant que ça à présent. Car – tenez-vous bien! – je suis en mesure, ce matin, d'en lever le voile. Comment ça? Eh bien, il m'est venu une drôle d'idée…
Je me suis dit que si Apple – comme toute autre entreprise, dans le fond – voulait frapper un grand coup – un coup, disons, phénoménal –, il lui fallait agir autrement que d'habitude. Il lui fallait non seulement miser sur ses forces existantes en matière d'innovation, mais aussi se doter de forces nouvelles et exceptionnelles. Autrement dit, il lui fallait carrément recruter des génies.
Je me suis alors mis à farfouiner ici et là, en quête d'informations sur d'éventuels prodiges récemment embauchés par la firme de Cupertino. Donc, de personnes surdouées dans leur secteur d'activité, et même dotées d'un profil atypique. Et à ma plus grande joie, j'ai trouvé un filon. Oui, un filon.
Ainsi, Apple a mis en place une véritable équipe de choc, forte de quelque 200 personnes, qui a travaillé à temps plein sur l'Apple Watch jusqu'à aujourd'hui. Et dans ses rangs, il y avait bel et bien les génies que je pressentais. Bienvenue dans les coulisses les plus secrètes de la firme de Cupertino!
> Jeff Williams, vice-président, opérations
Ce n'est pas indiqué dans sa bio officielle, mais Jeff Williams est responsable de ce qui s'appelle les "opérations spéciales" au sein d'Apple. C'est à ce titre qu'il a pris personnellement en mains les opérations liées à l'Apple Watch, en 2013, à la suite du départ surprise de celui qui s'en occupait jusque-là, Bob Mansfield.
M. Williams travaille chez Apple depuis 1998. Il en est l'un des plus anciens hauts-dirigeants. C'est lui qui a notamment mené à bien les lancements des premiers iPod et iPhone.
> Kevin Lynch, vice-président, technologie
Apple a débauché Kevin Lynch en 2013, alors qu'il occupait les fonctions de président-directeur, technologie, chez Adobe. Pour quoi? Pour lui confier les rênes technologiques du secteur Produits portables, autrement dit celles de l'Apple Watch.
Dans le cadre de ses fonctions chez Adobe, M. Lynch a été amené à travailler en étroite collaboration avec les ingénieurs d'Apple. Et ce, depuis des années. On peut donc raisonnablement estimer que la greffe était aisée à prendre.
> Achim Pantfoerder, ingénierie
Achim Pantfoerder est, en quelques sortes, le crack qui œuvre dans l'ombre au sein d'Apple depuis une éternité, celui auquel on doit la réalisation de nombre de rêves de Steve Jobs.
À lui seul, il est à l'origine d'une quinzaine de brevets déposés par Apple, allant du détecteur de luminosité au compas électronique. Il a été intégré à l'équipe de choc dédiée à l'Apple Watch dès ses débuts, dans le but évident d'y faire des étincelles. Une fois de plus.
> Wren Nancy Dougherty, ingénierie
L'air de rien, cette jeune femme aux cheveux mauves et au blouson de cuir clouté est le dernier prodige de l'équipe d'ingénieurs d'Apple. Recrutée en décembre 2013, il lui a été demandé de faire des prouesses en un temps record pour doter l'Apple Watch de caractéristiques qui la distingueraient de toutes les montres déjà existantes. Des caractéristiques a priori physiologiques.
Un défi que cette diplômée de Stanford aux allures de Lisbeth Salander, l'héroïne de la série de romans policiers Millenium de Stieg Larsson, semble être en mesure de relever. Car elle a déjà réalisé des prouesses, par le passé. C'est elle, par exemple, qui a mis au point le patch électronique de Sano Intelligence capable d'indiquer le taux de glucose dans le sang sans aucun prélèvement sanguin, une première perçue par l'industrie médicale comme «une avancée fantastique».
> Paul Devene, vice-président, projet spécial
Paul Devene était le PDG de la maison de haute-couture française Yves-St-Laurent, à Paris. Et un beau jour de 2013, à la surprise générale, il a quitté ses fonctions pour répondre directement de Tim Cook, le PDG d'Apple, par rapport à ce qui avait été alors mystérieusement présenté comme un "projet spécial". Oui, il est devenu du jour au lendemain vice-président, projet spécial ; il allait de soi qu'il s'agissait de l'Apple Watch.
L'idée derrière ce recrutement a priori étrange? On la saisit lorsqu'on scrute de près le CV de M. Devene. Il s'agissait d'effectuer pour l'Apple Watch le mariage parfait entre technologie et mode, et surtout de vendre celle-ci… au juste prix.
M. Devene a en effet été le PDG de Lanvin et de Nina Ricci avant de prendre la direction d'Yves-St-Laurent, ce qui dénote une grande expertise dans le secteur du luxe. Et auparavant – peu le savent –, il a évolué au sein d'Apple Europe, dans les années 1990. C'est donc, pour lui, une sorte de retour aux sources, dans un secteur qu'il aime depuis belle lurette, celui de la technologie. En conséquence, il est l'un des mieux placés sur la planète pour vendre l'Apple Watch, à l'aide d'arguments percutants.
> Angela Ahrendts, vice-présidente, boutiques et vente en ligne
À l'image de Paul Devene, l'Américaine Angela Ahrendts était la PDG de la marque de haut de gamme britannique Burberry lorsqu'en 2013, là encore à la surprise générale, elle a tout plaqué pour rejoindre les rangs d'Apple.
Sa mission était double. D'une part, revamper l'expérience des clients en ligne ainsi que dans les quelque 400 boutiques Apple. D'autre part, redresser les ventes en magasin. C'est que les revenus par pied carré y sont passés de 5 230 dollars en 2012 à 4 650 dollars en 2013, et même à 4 4010 dollars pour les six premiers mois de l'exercice en cours, d'après les estimations de Customer Growth Partners.
Mme Ahrendts est par conséquent tenue de faire briller sa créativité en matière de marketing à l'occasion du lancement de l'Apple Watch. Ce par quoi elle a, justement, brillé par le passé. Lors de son passage chez Burberry, par exemple, le chiffre d'affaires de la marque au tartan a carrément triplé durant ses sept années de règne.
> Patrick Pruniaux, marketing
Ça a été un coup de tonnerre dans l'industrie suisse de l'horlogerie, la plus réputée du monde! En juillet dernier, Patrick Pruniaux, vice-président, ventes globales, de Tag Heuer, a "trahi" les siens : il a rejoint les rangs d'Apple pour l'aider à percer le marché de l'horlogerie.
Cela faisait des mois que la firme de Cupertino tentait de débaucher des sommités suisses de ce secteur-là. Cela faisait des mois que les uns et les autres serraient les coudes pour ne pas céder au chant de la sirène américaine, qui risquait de mettre en péril toute l'industrie. Et finalement, M. Pruniaux a dit «oui».
Une prise de taille. Ce diplômé de HEC Paris et de la London Business School a toujours évolué au sein de l'industrie du luxe, avec des passages remarqués chez, entre autres, Moët Hennessy et Diageo.
Sa mission exacte? Vraisemblablement concocter la stratégie de marketing qui permettra de rendre populaire le dernier-né luxueux d'Apple, en prenant de court l'industrie suisse de l'horlogerie. Et en particulier trouver les futurs ambassadeurs de la marque qui feront mouche. (Mon pronostic? Quelqu'un à la fois de jeune, de moderne, d'audacieux et de sportif, comme… la championne québécoise de tennis Eugénie Bouchard, le jour-même où elle remportera un trophée du Grand Chelem!!!).
> Ben Shaffer, design
En 2013, Apple a réussi à séduire nul autre que Ben Shaffer, l'un des principaux responsables du design chez Nike. Un gros coup, capable à lui seul de faire en sorte que l'Apple Watch soit un succès instantané.
Pourquoi ça? Parce que M. Shaffer dirigeait jusque-là l'Innovation Kitchen, à savoir le labo secret de R&D du fabricant américain de chaussures de sport. Et parce qu'il était à l'origine du Nike Fuel Band, le bracelet de fitness de Nike qui avait été encensé à son lancement en 2012 par… Tim Cook. Bref, l'homme qu'il fallait absolument à Apple pour pouvoir présenter une montre révolutionnaire, c'est-à-dire non seulement intelligente, mais aussi séduisante.
> Marc Newson, design
Quelques jours avant le dévoilement de l'Apple Watch, la firme a recruté l'Australien Marc Newson, «sans doute l'un des designers les plus influents de notre génération», a dit de lui Jonathan Ive, vice-président, design, d'Apple. Il s'agissait là d'une officialisation de la collaboration régulière entre Newson et Apple, qui œuvrent en douce ensemble depuis nombre d'années.
Le magazine américain Time avait fait figurer M. Newson dans son palmarès de 2005 des 100 personnes les plus influentes de la planète. Celui-ci est connu pour ses chaises aux formes arrondies, mais aussi pour ses montres de luxe, vendues sous la marque Ikepod.
Voilà. Tels sont les acteurs clés de l'équipe de choc d'Apple dédiée à l'Apple Watch. Une équipe, on le voit bien, hétéroclite, mais surtout brillantissime. Bref, une vraie dream team.
On comprend mieux, dès lors, le sourire omniprésent ces derniers mois de Jonathan Ive. Et la déclaration qu'il a faite il y a peu à ses proches collaborateurs, dans les couloirs du siège social de la firme de Cupertino : «C'est clair, les fabricants de montre suisses sont b***sés!», comme l'a rapporté l'un de ces proches à un journaliste du New York Times.
Découvrez mes précédents billets
Ma toute nouvelle page Facebook
Mon compte Twitter
Et mon livre : Le Cheval et l'Âne au bureau