Votre travail est exigeant. Il vous faut relever défi après défi, et en un sens, tant mieux : il y a là de quoi gonfler à bloc votre motivation. Du coup, vous travaillez fort. Très fort. Trop fort?
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Telle est effectivement la question : à partir de quand se met-on à travailler trop fort? C'est-à-dire à puiser outre-mesure dans nos ressources (temps, énergie, etc.)? Grave interrogation, n'est-ce pas? Mais une interrogation – qu'on le veuille, ou non – à laquelle il nous faut impérativement répondre, un jour ou l'autre. En tous cas, avant de sombrer dans un burnout…
Pour s'en faire une idée, le mieux est de connaître les signes avant-coureurs de ce qu'on appelle en anglais le workaholism, et que l'on peut traduire par le fait de devenir un bourreau de travail. Quels sont ces signes?
Une étude vient de paraître à ce sujet, offrant une réponse fort intéressante, à mon avis. Celle-ci est intitulée The prevalence of workaholism: A survey study in a nationally representative sample of norwegian employees. Elle est signée par : Jørn Hetland et Ståle Pallesen, tous deux professeurs de psychologie à l'Université de Bergen (Norvège), assistés des étudiants Cecilie Schou Andreassen et Fredrik Jensen; Mark Griffiths, professeur de psychologie à l'Université Trent de Nottingham (Grande-Bretagne); et Luca Kravina, chercheur en psychologie à l'Université de Padoue (Italie). Voici de quoi il s'agit…
Les six chercheurs ont demandé à 1 124 personnes salariées en Norvège de bien vouloir répondre à un questionnaire détaillé. Ce dernier visait à identifier les individus qui étaient de véritables bourreaux de travail, et à regarder si ceux-ci présentaient des caractéristiques psychologiques particulières.
Ainsi, les participants ont dû répondre à de nombreuses questions permettant de dresser leur Big Five. Le Big Five – ou «modèle Océan», en français? Ça correspond aux cinq traits de notre personnalité, que l'on peut résumer comme suit :
> Ouverture à l'expérience : curiosité, imagination, originalité, etc.
> Contrôle : autodiscipline, sens de l'organisation, etc.
> Extraversion : altruisme, caractère fonceur, énergie, etc.
> Agréabilité : coopération, compassion, etc.
> Névrotisme : vulnérabilité, fragilité psychique, tendance à la dépression, etc.
Qu'est-ce que les réponses des participants leur ont permis de mettre au jour? Ceci :
> Près de 1 salarié sur 10. La proportion de salariés œuvrant comme des bourreaux de travail est de 8,3%. C'est-à-dire que pas loin de 1 salarié sur 10 a développé une forme de dépendance maladive au travail, à tel point qu'il fait passer son travail par-dessus tout, y compris sa santé, sa famille et ses proches. Cela peut finir par se traduire par un épuisement professionnel, voire un burnout.
> Surtout les jeunes. Les personnes qui sont les plus susceptibles de devenir des bourreaux de travail sont les 18-31 ans. Suivent, dans une moindre mesure, les 32-45 ans.
> Lien surtout avec l'Agréabilité. Ceux qui ont naturellement tendance à se montrer agréable envers autrui sont plus susceptibles que les autres de devenir des bourreaux de travail. Pourquoi? «On peut penser que, cherchant à faire plaisir à leur boss et à leurs collègues, ils en prennent beaucoup sur leurs épaules, et parfois trop», disent les chercheurs dans leur étude.
> Lien aussi avec le Névrotisme. Ceux qui sont fragiles psychologiquement sont plus susceptibles que les autres à en faire plus que pas assez au travail. «Ça peut s'expliquer par le fait que ces personnes-là ressentent le besoin de travailler beaucoup pour s'assurer de faire les choses au mieux», avancent-ils.
> Lien encore avec l'Ouverture à l'expérience. Ceux qui prisent la nouveauté au travail sont également plus susceptibles que les autres de devenir des workaholics. «En effet, on peut imaginer que leur goût pour la créativité et l'innovation les amène à s'impliquer à fond dans leur travail, au risque d'être ensevelis sous la charge de travail», disent-ils.
Que retenir de tout cela? C'est très simple, me semble-t-il :
> Attention, danger si vous êtes jeune, sensible et passionné par votre travail! Car vous commencerez, sans vous en rendre compte, par ne plus compter les heures de travail, avec des arguments fallacieux du genre «Ce n'est pas du travail, je m'amuse tout le temps». Et vous finirez par assumer tellement de responsabilités que vous vous écroulerez «sans rien avoir vu venir»…
Voua voilà prévenus. Maintenant, à vous de jouer pour avoir la sagesse de lever un peu le pied, et constater par la même occasion que vos résultats n'en seront pas pour autant détériorés, bien au contraire.
En passant, le général et homme d'État français Charles de Gaulle a confié un jour à son ministre André Malraux : «La vie n'est pas le travail : travailler sans cesse rend fou».
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