BLOGUE. J'ai une petite question insidieuse pour vous. Que vaut-il mieux, quand on travaille en équipe? Fonctionner de manière consultative : le leader consulte les autres et prend les décisions? Ou bien fonctionner de manière collaborative : il n'y a pas de leader, chacun discute avec les autres et les décisions sont prises par consensus?
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Si je vous pose la question, c'est que j'ai la réponse, vous vous en doutez bien. Et je suis sûr qu'elle va vous passionner, car elle bouscule nombre d'idées reçues…
La réponse, je l'ai dénichée dans une étude intitulée Decision rules and group rationality: Cognitive gain or standstill? Celle-ci est signée par deux professeurs de comportement organisationnel de l'Université de Tilburg (Pays-Bas) – Petru Lucian Curşeu et Maryse Chappin –, assistés d'un de leurs élèves, Rob Jansen.
La méthode utilisée par les trois chercheurs pour trouver la réponse à cette interrogation était on ne peut plus simple. Il a été demandé à 617 volontaires d'effectuer en groupe dix tests complexes durant une période de temps limitée. Quel genre de tests? En voici deux exemples :
> «Vous avez la possibilité d'acheter un billet de loterie. Sur le premier billet figurent les nombres 7, 12, 18, 24, 33 et 45. Sur le second, les nombres 1, 2, 3, 4, 5 et 6. Lequel a le plus de chances de gagner? A) Le premier; B) Le second; C) Les deux ont la même chance de gagner; D) Impossible de trancher.»
> «Il y a 90 boules dans une urne : 30 jeunes et 60 rouges ou bleues. On pige une boule. Vous devez dire à l'avance de quelle couleur sera la boule pigée, et gagnerez 100$ si vous avez vu juste. Quelle est la couleur qui a le plus de chances de vous faire gagner? A) Jaune; B) Rouge; C) Les deux ont autant de chances de vous faire gagner; D) Impossible de trancher.»
Pas facile, n'est-ce pas? Mais le plus important était dans la composition des groupes, et dans les instructions qui leur ont été données.
Ainsi, les groupes étaient de différentes tailles, parfois de trois personnes, parfois de deux fois plus. Ils étaient parfois uniquement composés d'hommes ou de femmes, parfois parfaitement mixtes. L'idée était de vérifier que des facteurs comme la taille et la mixité du groupe n'influençaient pas la performance de celui-ci.
Enfin, les groupes étaient répartis en deux catégories :
> Une moitié des groupes devait impérativement fonctionner de manière consultative, c'est-à-dire que le leader – tiré au sort – devait consulter individuellement chacun des membres de son équipe, puis trancher tout seul en fonction des informations ainsi recueillies.
> L'autre moitié devait fonctionner de manière collaborative, c'est-à-dire qu'il n'y avait aucun leader désigné, si bien que les membres de l'équipe devaient discuter ensemble du problème, puis prendre une décision finale par consensus.
Résultat? Accrochez-vous bien…
> Avantage à la collaboration. Les groupes ayant fonctionné suivant le mode collaboratif ont été nettement plus performants que les autres.
Du coup, les trois chercheurs ont tiré trois enseignements de leur trouvaille. Pour qu'un groupe collaboratif surclasse un groupe consultatif, il faut que :
> Communication. La communication soit excellente au sein du groupe.
> Règles. Les règles de discussion et de prise de décision par consensus soient bien claires pour tous.
> Expert. Personne ne se mette à jouer le rôle de leader, sauf si celui-ci est véritablement un expert incontesté du problème abordé.
Voilà. Maintenant, à vous de voir si toutes les décisions doivent toujours être prises par votre boss…
En passant, l'écrivain français Paul Valéry a dit dans Mauvaises pensées et autres : «Un chef est un homme qui a besoin des autres».
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