La guerre des talents. Oui, la fameuse guerre des talents qui suscite tant d’inquiétudes ces temps-ci dans la plupart des entreprises. Apeurées, pour ne pas dire paniquées, qu’elles sont à l’idée de voir partir tout un pan de leur savoir avec le départ à la retraite des baby-boomers et de peiner à les remplacer par des jeunes, certes ultratalentueux, mais réputés pour leur insouciance quant au concept de fidélité et de carrière. Vous voyez clairement de quoi je parle, je suppose.
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Eh bien, si cette peur est la vôtre, j’ai aujourd’hui une bonne nouvelle pour vous. Une excellente nouvelle, même. La voici : je connais l’atout secret d’Ubisoft Montréal pour fidéliser ses employés. Un atout d’une redoutable efficacité. Un atout si fort que la direction a décidé de le renforcer comme jamais. Et cet atout, je vais vous le présenter – mieux, vous l’expliciter en détails –, en grande première !
Quelle est cette botte secrète ? Il s’agit tout bonnement de… son gym !
Ubisoft Montréal vient en effet de se doter d’un gym tout neuf, tout beau, sur la rue de Gaspé, en plein cœur du Plateau, à deux pas des trois espaces de bureau que le studio de jeux vidéo détient dans le périmètre. Ce gym est trois fois plus grand que le précédent, il est lumineux (deux des quatre murs sont entièrement vitrés) et il est coloré (murs oranges, tapis d’exercice verts, etc.). Et surtout, il est bourré de dizaines d’appareils de mise en forme : bancs de musculation, barres à traction, poids libres, cordes à grimper, escaladeurs, tapis de course, etc.
«Nous avons profité de l’agrandissement pour nous équiper de davantage de matériel cardio-vasculaire, car celui-ci est particulièrement prisé des employés. Nous avons aussi une salle de spinning, équipée d’une quinzaine de vélos stationnaires. Ainsi qu’une salle d’exercice où l’on donne des cours de toutes sortes : yoga, pilates, zumba, boxe, etc.», indique Geneviève Bédard, chef d’équipe, du gym d’Ubisoft Montréal, visiblement ravie du changement.
Les quelque 2 700 employés d’Ubisoft Montréal peuvent passer au gym quand ils le veulent et y mener les activités de leur choix : c’est que les horaires de chacun sont flexibles, la seule contrainte étant qu’il est souhaitable que les uns et les autres soient à leur poste de travail entre 10h et 16h la plupart des jours de la semaine, histoire de favoriser l’esprit d’équipe. Les quatre kynésiologues du gym – tous employés à temps plein – sont à leur entière disposition, à n’importe quel moment de la journée ; et une nutritionniste est présente deux jours par semaine.
«Pour ceux qui le désirent, nous établissons des programmes d’entraînement personnalisés. Nous sommes toujours là pour leur donner des conseils pratiques, pour s’assurer que chaque exercice est bien exécuté, sans risque de lésion», dit Mme Bédard.
Ce n’est pas tout. L’équipe de la chef du gym organise beaucoup d’activités externes : Ubisoft Montréal loue régulièrement des salles où les employés peuvent jouer ensemble au basketball, au badminton, etc. «Le studio compte maintenant 13 équipes de hockey, qui s’affrontent souvent entre elles. Pour cela, nous louons des arénas rien que pour nous, à des horaires qui plaisent beaucoup, à savoir entre midi et deux», illustre-t-elle.
Enfin, l’équipe de Mme Bédard est en mesure de conseiller tout employé soucieux de l’ergonomie de son poste de travail : c’est que chacun passe le plus long de son temps rivé à un écran d’ordinateur, et qu’il n’y a rien de pire pour le dos, la nuque, ou encore les poignets. «En fonction de notre diagnostic, nous pouvons recommander à l’employé de changer de chaise, de clavier ou même de souris. Par exemple, certains travaillent maintenant sur de chaises à appui-genoux, sur des ballons, ou carrément debout», dit-elle.
Bon. Vous me direz que tout cela est bien beau. Mais en quoi, au juste, cela a –t-il un impact sur la fidélité des employés ? Après tout, nombre d’entreprises incitent, elles aussi, leurs employés à se maintenir en forme (incitatifs financiers pour s’inscrire à un gym, pour pratiquer un sport sur une base régulière, etc.), et veillent également à ce qu’ils aient une bonne posture au bureau.
Cédric Orvoine, vice-président, communications et ressources humaines, d’Ubisoft Montréal, affiche un petit sourire en coin, face à cette considération. «Le gym, et de manière plus large les activités sportives soutenues par Ubisoft, ne sont pas pour nous un Nice To Have pour attirer à nous les jeunes talents, comme ça l’était – il faut aujourd’hui le reconnaître – le cas au début des années 2000 pour toute start-up techno qui voyait le jour. Non, tout ça, c’est un investissement, un investissement financier et stratégique. C’est même un investissement rentable, parce que le retour sur investissement est – je peux le dire – au vert», affirme-t-il, les yeux pétillants de joie.
Qu’est-à-dire ? «Nous avons analysé plusieurs données chiffrées significatives, quand il a fallu décider de l’avenir du gym et de nos programmes sportifs. Ça nous a permis de découvrir que ceux qui allaient régulièrement au gym ou qui pratiquaient souvent un sport affichaient, entre autres, un taux d’absentéisme nettement plus faible que les autres. Et nous avons calculé que tout ce que ça nous permettait d’économiser permettait de financer le développement du gym», explique-t-il. Et d’ajouter : «Sans parler des effets positifs liés au sport, non chiffrés mais bel et bien réels puisque basés sur des études scientifiques : par exemple, quelqu’un qui est sportif est plus créatif dans son travail qu’un autre qui ne l’est pas ; et chez Ubisoft, nous carburons de toute évidence à la créativité».
M. Orvoine a une anecdote parlante… «Un jour, un gars est venu me voir et m’a confié qu’il avait été approché par la concurrence. Il a écouté ce qui lui était proposé, et il a réfléchi. Vous ne devinerez jamais ce qui a fait peser la balance en notre faveur. Jamais. Eh bien, c’est le fait de pouvoir faire des pratiques de hockey entre midi et deux, une chose qu’aucun autre studio n’était capable de lui offrir. Vous voyez, se soucier vraiment de la santé de ses employés, c’est payant.»
Voilà. Il me reste maintenant plus qu’à vous donner quelques chiffres, histoire de finir de vous convaincre de la puissance de l’atout secret d’Ubisoft Montréal :
➢ Environ 2 000 des 2 700 employés d’Ubisoft Montréal sont inscrits au gym.
➢ 13% des employés d’Ubisoft Montréal vont au gym sur une base régulière, et suivent un programme d’entraînement personnalisé.
➢ 30% des employés d’Ubisoft Montréal participent à des cours en groupe donnés au gym (yoga et spinning sont les plus populaires) sur une base régulière.
➢ Près de 50% des employés d’Ubisoft Montréal participent à des activités sportives externes (hockey, etc.) sur une base régulière.
CQFD.
En passant, l’écrivain américain Philip Roth a dit dans Némésis : «En sport, tout demande de la détermination. Ce sont les trois D : détermination, disponibilité, discipline. Et la réussite est dès lors à portée de main».
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