BLOGUE. Envie d'un petit "scoop"? D'accord. Avez-vous déjà entendu parler du "Data Jam / Think Tank"? Je parie que non. Pourtant, ce groupe de réflexion – encore secret, mais plus pour longtemps – réunit les esprits les plus innovateurs des États-Unis. Et il s'apprête à faire des étincelles, pour ne pas dire changer le monde!
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Qui sont ces brillants esprits? Je ne peux pas divulguer leur identité, mais je peux par contre vous dire qu'ils ont été choisis pour leur créativité débridée et pour leur succès en affaires. Je peux aussi vous dévoiler pour qui ils travaillent, et la liste est des plus impressionnantes : il y a, entre autres, Zappos, Airbnb, Marriott International, The Parsons School of Design, AOL/Huffington Post, Twitter, Topix, Twilio et Google.
Le Data Jam / Think Tank est né la semaine dernière, à la suite d'une initiative de la Maison Blanche. Il est composé de 80 furieux innovateurs. Il a pour mission de trouver des idées géniales pour rendre la vie plus belle à leurs concitoyens, en particulier ceux pour qui elle est un cauchemar quotidien.
Ce groupe de réflexion s'est réuni pour la première fois la semaine dernière, à la Maison Blanche même. Ses membres ont réfléchi toute une journée sur un sujet précis : comment améliorer la façon dont les secours sont portés aux gens victimes d'un désastre (naturel, etc.) et comment mieux les aider à s'en remettre? Les Américains pensent à Sandy, nous à Lac-Mégantic…
Maintenant, voici la manière dont ces génies s'y sont pris pour remplir la mission qui leur était confiée. Vous allez voir, c'est passionnant!
Spontanément, ils ont formé de petits groupes de réflexion, chacun ayant pour objectif d'émettre le plus d'idées possible. Sans frein, sans crainte d'être jugé ou critiqué par les autres, sans se soucier une seconde de la faisabilité de l'idée émise. Ces idées venaient sans ordre particulier, à mesure qu'elles traversaient l'esprit des uns et des autres.
Cela fait, chaque groupe a dû effectuer un tri, pour ne garder que les idées qui lui paraissaient les meilleures. Comment ont-ils effectué ce tri? Sans règle aucune. En fonction de leur originalité, ou encore en fonction de leur aspect "Wow!". Peu importait.
Puis, chaque groupe a présenté ses meilleures idées aux autres. Sans les développer. Juste en les formulant le plus simplement possible. A suivi l'heure du vote général pour ne sélectionner qu'une poignée d'idées, la crème de la crème.
Résultats? Tenez-vous bien, je suis en mesure de vous présenter le fruit de ce travail collectif, dans son intégralité. Le voici :
> Coordination. Mettre en place une plateforme virtuelle de communication en temps réel permettant de relier les survivants – prioritairement les autorités locales et le personnel médical sur place – aux équipes de secours venant de l'extérieur. L'idée est de pouvoir coordonner en temps réel les besoins immédiats des survivants (ex.: batteries électriques, médicaments, etc.) et les livraisons de ceux-ci (ex.: établir ensemble le lieu de livraison par hélicoptères, etc.).
> Médias sociaux. Mettre au point un logiciel capable de trier en temps réel les messages diffusés par les survivants sur les réseaux sociaux, afin d'identifier ceux qui sont pertinents pour les secours (ex.: quelqu'un qui signale qu'une famille est bloquée sur le balcon d'un immeuble qui menace de s'effondrer) et ceux qui ne le sont pas vraiment (ex.: quelqu'un qui déplore simplement que sa cave est inondée).
> Anticipation. Établir une liste d'entreprises préautorisées à fournir leurs biens et services (transport, énergie, etc.) aux secours et aux survivants. L'idée est ici d'éviter que les entreprises voisines de la zone sinistrée ne déboulent toutes en même temps pour venir en aide aux victimes et ne font, dans les faits, qu'accroître la difficulté des secours à intervenir.
> Fonds d'urgence pour les PME. Mettre au point une plateforme de crowdfunding destinée aux PME, histoire de les aider à vite trouver les fonds pour redémarrer leur activité.
> Prévention. Organiser régulièrement des événements (débats, spectacles, etc.) dans les endroits propices aux désastres naturels dans le but de diffuser de l'information pratique sur ce qu'il faut faire en cas de catastrophe.
> Énergie. Installer dans les zones propices aux désastres naturels des sortes de manèges permettant de produire de l'électricité (ex.: en les faisant tourner par des hommes ou par des animaux). Cette énergie permettrait de recharger des cellulaires et d'alimenter des réseaux Wi-Fi.
> Évaluation. Agréger toutes les images du désastre prises par les survivants pour évaluer très précisément les dégâts, et donc les interventions à effectuer (ex.: à partir d'une simple photo d'arbre à terre, on pourrait identifier grâce à Google Maps la rue dans laquelle il est situé, l'emplacement précis où il est tombé, et donc le fil électrique à réparer qu'il a sectionné dans sa chute).
> Éducation. Ouvrir dans les zones propices aux désastres naturels des stations de radio locales dont les émissions seraient animées par des enfants et des tinées aux enfants. L'idée est d'informer et de préparer les jeunes aux catastrophes à venir.
Ce n'est pas tout. Les 80 furieux innovateurs ont été tellement séduits par les deux premières idées de la liste – la plateforme de communication en temps réel et le logiciel capable de trier en temps réel les messages diffusés par les survivants sur les réseaux sociaux – qu'ils se sont aussitôt mis à concocter des prototypes et à rédiger des lignes de code. Et ils ont pris la décision de mener cela à bien, coûte que coûte.
Voilà. Il a suffi d'une journée de réflexion du Data Jam / Think Tank pour que, peut-être, des vies soient sauvées lors du prochain désastre naturel qui va frapper les États-Unis – la saison des ouragans approche… – et – pourquoi pas? – ailleurs dans le monde, plus tard. Libre à vous de vous inspirer de la manière dont ils s'y sont pris pour innover, comme suit, en sept étapes :
1. Former de petits groupes chargés de réfléchir sans frein sur le même sujet.
2. Demander à chaque groupe de choisir, disons, ses trois meilleures idées, en fonction de ses propres critères.
3. Demander à chaque groupe de présenter aux autres ses meilleures idées.
4. Passer au vote général pour ne choisir qu'une poignée d'idées.
5. Faire des prototypes pour tester toutes les idées retenues.
6. Ne retenir qu'une idée, la meilleure, celle qui est sortie du lot au moment des tests.
7. La mener à bien.
En passant, Wolfgang Amadeus Mozart a dit dans une lettre datée du 11 avril 1787 : «Le vrai génie sans cœur est un non-sens. Car ni l'intelligence élevée, ni l'imagination, ni toutes les deux ensemble ne font le génie. Amour! Amour! Amour! Voilà l'âme du génie».
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