Nous commettons tous des bévues, des gaffes, des bourdes. C'est normal, c'est humain. Mais que dire de ces moments où nous nous enfonçons? Vous savez, ces instants horribles où l'on sait qu'on est sur le point de commettre une énorme bêtise… et nous la commettons quand même! Pensez-y bien, je suis sûr que le souvenir cuisant de la dernière fois où cela vous est arrivé va vous revenir en mémoire (et le rouge, à vos joues par la même occasion).
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Bon. C'est un fait. Nous nous comportons parfois comme des idiots. Et il semble qu'il n'y a rien à faire pour l'empêcher. Pas vrai?
Minute! J'ai une bonne nouvelle aujourd'hui : j'ai peut-être une solution pour vous. Une solution dénichée dans une étude intitulée Anxiety in the face of risk et signée par : Thomas Eisenbach, économiste à la Réserve fédérale de New York (États-Unis); et Martin Schmalz, professeur de finance à Princeton (États-Unis). Une solution qui pourrait bien changer votre vie…
Les deux chercheurs ont été intrigués par un phénomène récurrent à la Bourse, à savoir des anomalies de prix au moment où les entreprises font des annonces importantes. Ainsi, il est fréquent de voir la valeur du titre d'une entreprise baisser juste avant le dévoilement de ses résultats trimestriels, et regrimper juste après.
Curieux, n'est-ce pas? Pourquoi les courtiers ont-ils tendance à agir ainsi, en-dehors de toute logique : de fait, ils vendent à ce moment-là alors que le prix baisse, et ensuite achètent alors qu'il est en train d'augmenter?
Pour y voir plus clair, les deux chercheurs ont concocté un modèle de calcul économétrique, qui permet d'identifier la meilleure attitude à avoir lorsqu'on se trouve en situation périlleuse. Leur modèle de calcul était somme toute assez simple. Il considérait les courtiers comme des personnes anxieuses, c'est-à-dire comme des gens craignant plus le présent que le futur. Cette crainte les amène à agir de manière idiote, comme de vendre avant d'avoir une information et d'acheter une fois celle-ci obtenue.
Le but de l'opération était de découvrir ce qui pourrait les empêcher de faire de telles idioties. Ce qui leur a permis de faire deux belles trouvailles :
> Bloquer l'information. Si le courtier sait qu'il n'aura pas l'information, il ne va pas prendre l'initiative de vendre par anticipation. Il va, en fait, s'abstenir d'agir, et donc de faire une bêtise.
> Miser sur l'überconfiance. Si le courtier devient d'une nature moins anxieuse, et gagne même en confiance en soi jusqu'à l'überconfiance (comprendre l'excès de confiance en soi), alors le présent ne lui fera plus aussi peur qu'auparavant. En conséquence, il sera moins prompt à acheter par anticipation, et donc à faire une bêtise. À noter toutefois un lourd inconvénient : quelqu'un d'überconfiant va être amené à commettre d'autres sortes de bêtises, comme d'effectuer des achats de titres hyper risqués quand bon lui semble.
On le voit bien, l'un des trucs pour combattre l'anxiété revient à couper le lien avec l'objet anxiogène, et l'autre, à apprécier l'estime de soi. D'où la stratégie suivante pour arrêter une bonne fois pour toutes de commettre encore et toujours les mêmes bêtises, qui tient en trois étapes :
1. Observer et analyser. Prenez le temps de répertorier toutes les dernières fois où vous vous êtes comporté comme un parfait imbécile. (Je sais, ça fait mal à l'ego, mais c'est salutaire.) Notez-les sur une feuille de papier. Puis, cherchez le point commun de ces différentes mésaventures (si, si, il y en a un, cherchez bien!) : par exemple, le fait que vous vous voulez toujours avoir raison, au point de soutenir mordicus des absurdités visant à "prouver" ce que vous avancez, et donc de faire preuve d'une indécrottable mauvaise foi.
2. Se faire une promesse. Réfléchissez à ce que vous pourriez faire concrètement pour ne plus commettre cette bêtise à l'avenir. Pour vous aider dans votre réflexion, songez à deux aspects : l'éloignement entre l'objet anxiogène et vous, que ce soit dans l'espace ou dans le temps; la diminution de votre niveau d'anxiété en présence de l'objet anxiogène. Dans le cas mentionné ci-dessus, on pourrait imaginer, entre autres, qu'un truc serait de vous forcer à laisser parler les autres, au lieu de sans cesse chercher à les couper pour marteler votre message; et de profiter de ce temps de silence pour tourner sept fois votre langue dans votre bouche. Une fois un bon truc identifié, faites-vous la promesse solennelle de l'appliquer à la première occasion venue.
3. Respecter sa promesse et s'en féliciter. Chaque fois que vous aurez réussi à éviter de commettre votre erreur habituelle, récompensez-vous. Concrètement. Vous pouvez, par exemple, décider de vous faire un petit cadeau en fin de journée : une bière, un macaron, etc. Et cela deviendra, avec un peu de chances, une nouvelle belle habitude.
Voilà. Maintenant, à vous de jouer.
En passant, l'écrivain français Albert Camus a dit dans La Peste : «La bêtise insiste toujours».
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