BLOGUE. Facebook, quel outil merveilleux, quand même! Mon ami Mark Turrell, le PDG de l’agence Orcasci, est un type qui brille d’ingéniosité pour diffuser les idées qui lui paraissent intéressantes; il m’a envoyé hier un lien vers un document très inspirant, le tout premier magazine des Young Global Leaders, dont le thème central est la notion de responsabilité.
On y trouve des témoignages de jeunes leaders remarquables, comme Maria Corina Machado, une femme courageuse qui s’est lancée en politique dans l’espoir de rendre le Vénézuela plus démocratique, alors qu’il est sous la gouverne d’Hugo Chavez. On y trouve surtout une réflexion passionnante sur une valeur oubliée, à mon avis… la dignité.
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La dignité? Oui, cette marque de respect que l’on doit à autrui, sans laquelle toute vie en société serait impossible. Cet infime souci de l’autre qui, seul, peut nous rendre meilleur, comme l’indique le philosophe finlandais Pekka Himanen dans les pages du magazine. «Le leadership peut s’exprimer de différentes façons, par la peur, la sanction ou encore la récompense, pour n’en citer que quelques-unes. Mais, les grands leaders ont tous adopté une autre approche, celle de la dignité», dit-il, en songeant à Gandhi, Luther King et autres Mandela.
Ainsi, avoir une attitude ouverte aux autres, quels qu’ils soient, est nettement plus enrichissante que de se fermer à certains. Et ce, même si cela n’est pas facile. «Si vous voulez être perçu comme un grand leader au travail, instaurez une culture d’entreprise riche d’une grande palette de valeurs. Créez un environnement de travail où règne la dignité, c’est-à-dire où chacun peut exprimer tout son potentiel et être soutenu dans ses projets», conseille celui qui s’est fait connaître en 2001 avec son livre The Hacker Ethic.
Le philosophe va plus loin. Il invite a lier cette nouvelle culture d’entreprise à une mission plus large axée elle-même sur la dignité. Cette mission permettra à chaque employé de se sentir investi dans une aventure magnifique, et s’impliquera donc plus que jamais. Elle permettra également à l’entreprise de se faire connaître de tous, voire de susciter la sympathie. Bien entendu, il ne s’agit pas de simplement s’associer à une cause humanitaire et de dégager des employés pour les laisser faire du bénévolat au nom de la boîte. Non, il faut viser plus grand, et orienter les activités-mêmes de l’entreprise vers la cause choisie. Il s’agit ni plus ni moins que d’entreprendre une révolution!
Posez-vous des questions. Par exemple, le produit que vous fabriquez ou le service que vous offrez est-il éthique et responsable? En quoi contribue-t-il à faire avancer la société dans son ensemble? Peut-il rendre certaines personnes heureuses? Et d’autres malheureuses? Pouvez-vous lui donner une nouvelle dimension? Une dimension culturelle? Environnementale? Sociale? Etc.
«N’ayez pas peur de mettre en œuvre les talents de votre entreprise au service d’une cause, poursuit le professeur d’Oxford. Cette dernière peut, en effet, vous ouvrir de nouveaux marchés. Elle peut vous aider à transformer un défi en occasion d’affaires.»
De cette réflexion est née, en 2005, une initiative originale, intitulée Global Dignity. Il s’agit d’un projet piloté par le philosophe Pekka Himanen, l’homme d’affaires John Bryant et le prince héritier Haakon de Norvège. Celui-ci consiste à répandre la notion de dignité le plus largement possible, en particulier auprès des jeunes et des gens d’affaires.
«Un jour, j’ai rencontré une jeune Sud-Africaine qui n’avait plus beaucoup de temps à vivre à cause du sida, raconte Haakon de Norvège. Elle avait toutes les raisons de déprimer. Et pourtant, elle a pris la décision de fonder avec d’autres séropositives une association destinée à aider les femmes à ne pas se faire contaminer par le VIH. Elle s’est sentie investie d’une mission, à savoir de préserver la dignité des autres. Un tel courage m’a renversé. J’en ai parlé à Pekka et à John, et Global Dignity est né.» Depuis a lieu tous les ans le Dignity Day, dans une quarantaine de pays. À cette occasion, quelque 60 Young Global Leaders s’adressent à des étudiants pour leur parler de dignité et de l’importance qu’elle revêt dans la vie.
Tout cela me fait penser à un vieux post de Jacques Attali, en date du 13 avril 2009, dans lequel il parlait de son émerveillement pour un livre, La Noblesse de l’Esprit du Néerlandais Rob Riemen. Le penseur français y écrivait :
«Comme le dit Goethe : «La civilisation est un exercice permanent de respect; du divin, de la terre, de la nature et de notre propre prochain et de notre dignité».
«Comment y parvenir? Par l’exemple, sans doute, comme pour toute noblesse… Par la maitrise et l’humilité.
«Au détour d’une phrase, presque sans raison, l’auteur de ce bref essai énigmatique cite une des dernières lettres de Vincent Van Gogh, à son frère, dans laquelle il parle de certaines de ses toiles «qui, même dans la débâcle, gardent leur calme»…
«Au fond, c’est, très exactement à cela que nous invite aujourd’hui la noblesse de l’esprit : dans la débâcle du monde, garder son calme.»
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