BLOGUE. Dilemme : depuis quelques temps, je traîne partout avec moi un petit livre passionnant et dont je me dis qu’il faut absolument que je parle dans «En Tête» à chaque fois que j’en lis une page, mais – car il y a un mais… – il est tellement mal traduit et édité que l’idée de le partager avec vous me fait mal au cœur. Vraiment mal. On a en effet l’impression que le texte n’a jamais été relu par le moindre correcteur d’épreuves, que ça a été écrit d’un jet et puis balancé au plus vite à l’imprimerie. Alors, que faire?
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Après y avoir mûrement réfléchi, je me suis dit qu’il fallait passer outre le travail bâclé de l’éditeur, à savoir Les éditions de l’Opportun. Que ce n’était pas la faute de l’auteur s’il avait été massacré par son éditeur. Que sa pensée, lisible en filigrane malgré tout, méritait amplement d’être partagée.
Il s’agit d’un ouvrage intitulé Nietzsche antistress – En 99 pilules philosophiques et signé par Allan Percy. La version originale était titrée Nietzsche para estresados - 99 píldoras de filosofía radical contra las preocupaciones (Random House Mondadori, Barcelone, 2009) et s’est révélée un best-seller dans les pays latins. Son succès provenait de sa formule, on ne peut plus efficace : l’auteur a sélectionné 99 aphorismes percutants du philosophe allemand, auxquels il a ajouté un court texte illustrant à merveille le propos. Le résultat? Des enseignements de vie concrets et applicables à notre quotidien, en particulier au travail.
Voici quelques exemples… Prenons ensemble la pilule 55, qui a trait à la créativité. L’aphorisme de Friedrich Nietzsche : «Les cerveaux originaux sont ceux capables de voir de la nouveauté dans de vieilles choses. L’inventeur, lui, est ordinaire et n’a pas de cerveau : il agit au hasard». Intéressant, non? Allan Percy ajoute [note : je corrige ce qui doit l’être dans le texte] :
«Marcel Proust affirmait que «Le seul véritable voyage n’est pas d’aller vers d’autres paysages, mais d’avoir d’autres yeux». C’est une capacité partagée par les philosophes et les artistes : trouver du nouveau dans de l’ancien. Appliqué au monde des affaires, l’entrepreneur est celui qui voit une opportunité là où d’autres ne voient rien. Sa vision du monde, plus fraîche, lui permet de saisir ce que la majorité – au regard domestiqué par la monotonie – ne perçoit plus.
«Il s’agit de voir sans filtres, d’être stimulé par la curiosité. Un romancier contemporain, Paul Auster, souligne que les gens disent voyager pour découvrir le monde, mais qu’ils feraient tout autant de découvertes sans bouger de là où ils sont, en ouvrant bien grand les yeux.»
Maintenant, partageons la pilule 28, en lien avec nos aspirations. L’aphorisme : «L’individu a toujours lutté pour ne pas être absorbé par la tribu. Essaie et souvent tu seras seul et apeuré. Mais rien n’est trop cher pour acquérir le privilège d’être soi». L’auteur, qui a signé d’autres ouvrages, dont El Buen tiempo del corazon, La Escafandra del optimista et Conecta con la felicidad, explique :
«Les véritables chercheurs doivent être prêts à faire seuls une bonne partie de leur chemin. Il y a dans la vie des moments pour être grégaire – à l’école, à l’université, avec ses amis, en couple -, et d’autres, pour tracer sa propre route.
«Lorsque, solitaires, nous empruntons ces voies vitales, nous avons peur, car nous sommes alors totalement responsables de nos actes. Impossible d’accuser qui que ce soit si les choses tournent mal. Et pourtant, nous nous sentons plein de courage.
«Certains voyageurs parlent de ce sentiment de force lorsqu’ils décident de se séparer du groupe. S’ils étaient restés avec celui-ci, leur volonté se serait diluée. On se sent maître de son destin lorsqu’on prend, en silence, ses propres décisions. Et soudain, on devient extraordinairement attentif à ce qui se passe autour de nous.
«On peut ressentir de la peur, de temps en temps, mais la conscience de sa propre force vient compenser cette impression. Comme disait Nietzsche : «Peu de gens sont faits pour l’indépendance, c’est le privilège des puissants»…»
Allez, une dernière, la pilule 82, sur nos ennemis. L’aphorisme : «Si un ami te fait du mal, dis-lui «Je te pardonne pour ce que tu m’as fait, mais comment pourrais-je pardonner ce que tu t’es fait à toi?». Ce à quoi Allan Percy poursuit :
«Comment démasquer un vampire énergétique?
«1. À première vue, ce sont des personnes prévenantes et extrêmement aimables, toujours disposées à s’intéresser à vos problèmes bien que rarement à les entendre.
«2. À la première occasion, elles exposent leur drame personnel et monopolisent l’attention.
«3. Si nous leur confions des projets qui nous enthousiasment, ces personnes font part de commentaires négatifs : le vampire énergétique vit sans cesse dans la comparaison avec autrui et ne veut pas que sa victime ait l’avantage.
«4. Le vampire énergétique a tendance à censurer et à dénigrer son entourage immédiat et l’on est à peu près sûr qu’il se comportera de la même façon à notre égard devant d’autres personnes.
«5. Même si nous cherchons à prendre quelque distance avec eux, les vampires énergétiques ne se considèrent jamais comme vaincus et insistent pour continuer de nous voir, car ils évoluent dans des cercles restreints.
«6. On sait que l’on est en présence d’un vampire énergétique lorsque, après une première rencontre, nous sommes épuisés et déprimés.»
Alors? Avez-vous déjà vécu de telles situations? Les aphorismes de Nietzsche – et les commentaires d’Allan Percy – vous parlent-ils autant qu’à moi? Je n’en doute pas une seconde…
Si les passages bourrés de fautes ne vous hérissent pas le poil, je vous invite donc fortement à vous procurer ce petit livre. Quant à moi, je n’ai qu’une hâte : qu’une maison d’édition digne de ce nom traduise le tout dernier ouvrage d’Allan Percy, sorti en avril dernier, El coaching de Oscar Wilde…
Pour finir, une toute dernière pensée de Friedrich Nietzsche : «L’essence de toute beauté dans l’art, de tout grand art, c’est la gratitude»…
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