BLOGUE. Il y a de cela presque une décennie, une femme a réalisé qu’elle s’ennuyait au travail. Elle avait passé plus de 30 années chez le même employeur, elle approchait de la cinquantaine, et se demandait furieusement pourquoi elle n’était pas heureuse au bureau. Alors qu’a-t-elle fait? Elle a retroussé ses manches et s’est lancée dans une série d’entrevues avec quelque 150 femmes du monde entier qui, elles, étaient satisfaites de leur vie professionnelle. L’objectif : découvrir leur secret du bonheur!
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Cette femme, c’est Joanna Barsh. Son employeur, le cabinet de consultants McKinsey & Co. Et le fruit du travail de Mme Barsh, le Centered Leadership, à savoir 5 trucs pour faire briller son talent quand on est une femme dirigeante. Oui, 5 trucs spécifiques aux femmes qui ont été dévoilés hier par Dominique Anglade, consultante chez McKinsey & Co., lors de la Grande Conférence du journal Les affaires consacrée aux Femmes cadres, avec pour thème «Passez de gestionnaire à leader»…
1. Le sens
Donner du sens à ce qu’on fait est le meilleur moyen d’être motivé dans son travail. Dès lors, la satisfaction au travail va croissante, et la productivité avec. Il est même possible d’atteindre une certaine forme de transcendance, ce qui correspond à cet état dans lequel on est quand on n’a même plus conscience qu’on travaille, à l’image de ces moments où l’on conduit sa voiture sans même y penser. On a alors l’impression que tout ce qu’on entreprend se fait tout seul.
A contrario, quand on ne comprend pas le sens de notre travail, on a l’impression de perdre son temps. Et la semaine de travail ne devient plus qu’un moment pénible à passer, en attendant la fin de semaine pour «enfin avoir du temps à soi». Pas vrai?
«Ma méthode personnelle pour trouver du sens à ce que je fais est assez simple. Je pose des jalons pour avancer au quotidien, sans jamais perdre de vue mes rêves», a joliment illustré Dominique Anglade.
2. Le positionnement
Dans la vie, il y a les optimistes et il y a les pessimistes de nature, n’est-ce pas? Or, la manière dont on voit le monde qui nous environne est primordiale si l’on souhaite exprimer tout son talent au travail. Et cela est surtout vrai pour les femmes, car une étude citée dans The Female Brain de Louann Brizendine indique que la gente féminine est deux fois plus sujette aux dépressions que leurs collègues masculins…
Ainsi, les optimistes de nature ont un grand avantage sur les autres au travail, c’est qu’ils voient ce qui les environne sous leur vrai jour. Ils ne se mentent pas à eux-mêmes, ni ne cherchent à travestir la réalité, comme ont tendance à le faire les pessimistes. Résultat? Les leaders optimistes ne se laissent pas miner, eux, par un événement fâcheux. Ils vont chercher à s’adapter à la situation pour lui trouver la meilleure solution possible.
La bonne nouvelle, c’est qu’il est possible de se corriger quand on est de nature pessimiste. L’astuce pour cela? «Si une réunion ne se déroule pas comme prévu et tourne à votre désavantage, par exemple, le mieux est de ne pas y penser tout de suite. Une fois le choc passé, repensez-y et essayez d’en retirer les informations principales de manière objective. Parlez-en ensuite à des collègues en qui vous avez confiance, et demandez-leur leur avis et leurs idées pour redresser la barre. Enfin, dressez un nouveau plan à partir de tous ces éléments, et préparez-vous à le mettre en place en faisant au préalable le plein d’énergie (sortie avec des amis, séances de sport, sortie au cinéma avec votre conjoint, etc.», recommande Joanna Barsh dans son article.
3. La connectivité
Avoir un mentor, c’est bien, mais l’idéal pour dynamiser sa carrière quand on est une femme, c’est d’avoir un sponsor. Un sponsor? «Il s’agit d’une personne qui ne se contentera pas de vous donner de bons conseils, comme tout mentor qui se respecte, mais qui se battra pour vous et vos idées, pour que vos rêves se réalisent enfin», explique Mme Anglade.
Comment faire pour trouver cet oiseau rare? Mme Barsh l’explique très bien : il convient de chercher autour de soi des collègues expérimentés, qui font ou ont fait du mentorat, mais qui aimeraient aller au-delà de cela. Pour les approcher, le mieux est alors de se débrouiller pour être souvent en contact avec eux et de nouer des liens qui feront en sorte que vous sortirez du lot à leurs yeux.
Une astuce pour y parvenir? C’est de vous comporter vous-même comme le sponsor d’un jeune collègue! Un tel investissement de votre part auprès d’autrui suscitera l’admiration de vos collègues et déclenchera peut-être l’envie du sponsor potentiel que vous ciblez de se proposer pour vous aider dans votre carrière. «Pour bien saisir le mécanisme de la connectivité, posez-vous la question «Et moi, de qui puis-je être le sponsor?», puis lancez-vous», a recommandé Mme Anglade.
4. L’engagement
L’engagement, ce n’est pas consacrer tout son temps au travail et se mettre à la tâche plus fort que jamais. Certains croient bien agir en se comportant ainsi, ils espèrent être remarqués des dirigeants et récompensés en conséquence. En réalité, ils vont droit vers de cuisantes désillusions…
Pourquoi? Parce que le véritable engagement consiste à donner le meilleur de soi-même, et donc à s’impliquer dans le processus de travail. C’est tout. Ce n’est surtout pas d’accumuler les heures supplémentaires et de chercher à montrer qu’on en fait plus que les autres.
L’engagement, c’est aussi savoir prendre des risques. C’est accepter de sauter avec son équipe dans l’inconnu, c’est faire assez confiance à autrui pour s’engager avec lui sur une voie inexplorée, et donc dangereuse.
Shona Brown, une vice-président de Google, a confié à Mme Brash qu’elle utilisait souvent l’image du ski hors-piste pour illustrer sa perception de l’engagement. «J’adore le moment où l’on file doit vers un rocher qui va nous propulser dans les airs, sans savoir si l’endroit où l’on va atterrir est idéal pour cela. Mon estomac se retourne. J’entends dans ma tête un grand «Wow!». Et je me retrouve dans les airs avec une sensation de plénitude incroyable. Peut-être que je vais me casser une jambe dans les secondes qui viennent. Pas grave, je sais que je suis en train de vivre un moment inoubliable. J’ai confiance en mon destin».
5. L’énergie
Aujourd’hui, 60% des cadres supérieurs travaillent plus de 50 heures par semaines, et 10%, plus de 80 heures par semaine, d’après une étude parue dans la Harvard Business Review. Il est clair que pour être performant tout ce temps, il faut de l’énergie.
Où la trouver? Pour les femmes, il faut que leur travail ne soit pas épuisant, mais au contraire énergisant! Toute l’astuce est là. Mihaly Csikszentmihalyi, un psychologue hongrois qui enseigne à la Claremont University, est connu pour être l’architecte de la notion de flow. Le flow? C’est l’état dans lequel on est lorsqu’on est entièrement immergé dans son activité, et donc quand lorsqu’on le moment vécu recharge nos batteries. Voic ce qu’il écrit dans son ouvrage Vivre – La psychologie du bonheur :
«C’est ce que ressent le navigateur quand le vent fouette son visage, c’est le sentiment d’un parent au premier sourire de son enfant. Pareilles expériences intenses ne surviennent pas seulement lorsque les conditions externes sont favorables. Des survivants de camp de concentration se rappellent avoir vécu de riches et intenses expériences intérieures en réaction à des évènements aussi simples que le chant d’un oiseau [...]. Ces grands moments de la vie surviennent quand le corps ou l’esprit sont utilisés jusqu’à leurs limites dans un effort volontaire en vue de réaliser quelque chose de difficile et d’important. L’expérience optimale est donc quelque chose que l’on peut provoquer. Pour chacun, il y a des milliers de possibilités ou de défis susceptibles de favoriser le développement de soi.»
À noter que cette énergie est contagieuse, comme le montre à merveille le vidéo live à Chicago de Black Eyed Peas…
Maintenant, un tout dernier point : certains vont se demander comment il se fait que ces 5 trucs sont surtout vrais pour les femmes. Et pourquoi pas pour les hommes? La réponse de Joanna Barsh, dans son article : «Le Centered Leadership peut fonctionner aussi pour les hommes, mais il trouve une véritable résonance chez les femmes. Et ce, parce que la réalité du travail n'est pas tout à fait la même : par exemple, la maternité et tout ce que cela implique comme tâches supplémentaires leur draîne une énergie que la plupart des hommes ne réalisent pas franchement», explique-t-elle. CQFD.
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