BLOGUE. Le débat est ouvert depuis longtemps : quand on veut motiver une équipe, vaut-il mieux proposer une prime globale ou une prime individuelle en fonction de la performance de chacun? Et je crois que je viens de trouver la solution au dilemme : il faut choisir ni l’un ni l’autre!
D’où je sors ça? D’une expérience très intéressante menée par cinq chercheurs en Économie de l’University of California Santa Barbara (UCSB), qui ont découvert que le plus motivant… n’est pas la prime, mais la satisfaction d’être bien vu par les autres!
Ainsi, des étudiants en Économie de l’UCSB se sont prêtés l’an dernier à une expérience conçue par Philip Babcock, Kelly Bedard, Gary Charness, John Hartman et Heather Royer. Ils ont été répartis dans deux groupes distincts : le premier était composé d’individus seuls, le second, de binômes. Les participants seuls recevaient de l’argent à chaque fois qu’ils allaient s’entraîner au gym de l’université ; quant aux binômes, il fallait que les deux y aillent le même nombre de fois pour toucher la somme d’argent correspondante. Et ce, sur une période de six semaines.
Fait important à souligner : il y avait deux sortes de binômes, d’une part deux personnes naturellement motivées par le sport, et d’autre part des duos composés d’un amateur de sport et d’une personne pour qui faire des efforts physiques est une souffrance. Idem du côté des participants seuls, certains aimaient le sport et d’autres pas.
Le regard des autres
Résultat : parmi les étudiants qui n’appréciaient pas le sport, ceux qui étaient en binôme sont allés 1,6 fois plus souvent au gym que ceux qui étaient tout seuls. Cet écart est considéré par les chercheurs américains comme «considérable». «À cela s’ajoute le fait que la prime offerte était nettement inférieure pour ceux qui étaient en binôme que pour ceux qui étaient seuls», soulignent-ils.
«Il semble que ceux qui étaient en duo ne voulaient pas faire perdre de l’argent à leur partenaire, alors ils allaient au gym, même si ça ne les enchantait pas. Pour les motiver, les amateurs de sport leur ont très souvent proposé d’y aller ensemble», est-il indiqué dans l’étude.
Quelle leçon en tirer? L’argent n’a pas été l’élément motivateur pour ceux qui traînaient la patte, mais bel et bien la considération du partenaire.
Par conséquent, la prime individuelle ne compte guère quand on veut motiver les membres d’une équipe, il est plus intelligent de miser sur le gain social que les uns et les autres peuvent retirer du fait d’être dans une équipe gagnante. «Les résultats nous poussent à croire que la culpabilité, la honte ou l’altruisme permettent d’accroître la performance d’une équipe, surtout pour les personnes qui ont particulièrement besoin de motivation», estiment les chercheurs.
Bref, un bonus, c’est bien, mais une gratification sociale, c’est mille fois mieux!