BLOGUE. Stress, absentéisme, burn-out… Une rengaine, pour les ressources humaines, de nos jours, n’est-ce pas? Tous ces problèmes semblent se multiplier, et pourtant ils ont, si l’on y regarde bien, une seule et même source : l’absence de démarches durables dans la gestion du personnel. D’où l’émergence d’une nouvelle tendance en matière de management visant à trouver des solutions à tous ces maux, à savoir le concept de développement durable humain.
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Le développement durable humain? Il s’agit là de regarder l’entreprise, ou même l’équipe, dans laquelle on évolue comme un écosystème, où les êtres vivants sont tous interdépendants, au point que si l’un va bien, les autres vont mieux aussi, et inversement, si l’un dépérit, les autres se retrouvent en danger.
L’objectif est de changer notre vision et notre perception de notre organisation, et par suite d’y intervenir comme on le ferait pour un écosystème fragile, avec sagesse et prévoyance. Ça, je l’ai appris hier de la passionnante coach-consultante Magali Legault, lors de la Journée Infopresse consacrée à la gestion de talents et aux communications internes, qui a eu lieu à l’Ex-Centris.
Ainsi, la conférencière a expliqué ce nouveau concept en s’appuyant sur la notion d’Inner Game concoctée dans les années 1970 par Timothy Gallwey, un ancien capitaine de l’équipe de tennis de la Harvard University qui a été profondément marqué par les techniques de méditation du gourou Maharaj Ji. Au départ, l’Inner Game visait à améliorer la performance des sportifs, et est devenu ces derniers temps une méthode managériale pour accroître son rendement au travail.
Le principe est très simple. Si l’on prend l’exemple du tennis, on peut dire que la plupart des bons joueurs s’entraînent sans relâche pour améliorer leur jeu (maîtrise des coups, positionnement sur le terrain, etc.); il est alors question de se concentrer sur son Outer Game. Le hic? Tout cela est souvent la source de tensions physiques et mentales, voire d’anxiété, car l’on n’est jamais assez bon, nous avons toujours des progrès à faire, et parfois ceux-ci sont difficiles à faire.
Timothy Gallwey propose par conséquent de mettre moins l’accent sur l’Outer Game au profit de l’Inner Game, c’est-à-dire de moins se préoccuper du corps et davantage du mental. Et pour ce faire, il convient de :
- développer l’art de la concentration relaxée,
- et de ne pas trop forcer.
L’idée est alors de devenir attentif au monde qui nous environne, dans le cas présent le milieu de travail dans lequel nous évoluons. Par la méditation, il nous faut le visualiser, et ainsi l’observer de manière détachée, l’esprit calme. Cet exercice mental, parmi d’autres, vous permettra de mieux comprendre ce qui va et ce qui ne va pas, et donc de trouver des pistes de solutions à vos problèmes. Répété, cet exercice devrait vous apporter d’autres bénéfices, comme :
- un sentiment de confiance en soi accru,
- la fin de votre fringale de succès ou, au contraire, de votre peur de l’échec,
- et l’impression que vos tâches quotidiennes sont plus faciles à accomplir.
«L’Inner Game peut faire toute la différence dans les difficultés que vous rencontrez au travail. En plus, il est applicable tant à l’individu qu’aux équipes», a dit Mme Legault.
Comment en arrive-t-on ensuite au développement durable humain? Par un truc mis au point par la coach-consultante, qu’elle a dénommé les 5 C pour Connecter, Clarté, Cultiver son jardin, Co-créer et Culture du merci.
Connecter. L’environnement dans lequel vous évoluez étant perçu comme un écosystème, il convient de se connecter à tous les éléments présents pour bien les comprendre. Si votre volonté est d’apporter un changement (par exemple, implanter un programme dont le but est d’améliorer la qualité de vie au travail des membres de votre équipe), alors il vous faut veiller à ce que celui-ci soit «connecté» aux besoins réels des uns et des autres.
Clarté. Ayez une vision claire de votre écosystème et de vous-même, sans biais ni a priori. En ce qui concerne notre exemple, il s’agit d’avoir une vision claire de l’objectif visé et des moyens à mettre en œuvre pour l’atteindre.
Cultiver son jardin. Passez ensuite à l’action, comme un jardinier dont le rêve est d’avoir un beau jardin année après année. Il ne faut pas intervenir trop fort, et surtout, il faut tenir compte de la propre volonté des «plantes» : «Si certaines pousses rebelles décident de fleurir là où vous n’aviez pas prévu qu’elles le fassent, laissez-les grandir, vous aurez de belles surprises», a souligné la coach-consultante. Pour notre exemple, eh bien, il est envisageable de proposer un programme assez souple pour qu’il soit personnalisé par chaque membre de votre équipe.
Co-créer. Vous comme moi, quand on travaille, on le fait avec notre petite touche personnelle. Nous ne sommes pas des robots qui exécutons des tâches répétitives sans réfléchir. L’idéal est d’en tirer partie au maximum, et donc de travailler dans un esprit d’équipe, où il y a place à l’initiative et à la collaboration. Ainsi, le programme implanté pourrait, entre autres, amener les uns et les autres à le suivre en même temps.
Culture du merci. On l’oublie malheureusement trop souvent, mais une petite tape dans le dos n’a pas de prix. Pour notre exemple, cela peut correspondre à assurer un suivi sur la satisfaction réelle découlant du programme mis en place.
Avez-vous une idée de ce que pourrait être un tel programme? Une réponse suggérée par Magali Legault : l’hôtel montréalais Novotel, qui a instauré un service de conciergerie… pour ses quelque 80 employés! Trois jours par semaine, le concierge en question rend mille et un services aux employés, à volonté. Comme d’aller porter du linge à la blanchisserie, d’être présent au domicile quand le plombier passe, de fixer des rendez-vous personnels, etc. «Du coup, cet hôtel affiche un taux de rétention du personnel exceptionnel», a-t-elle indiqué.
Ce qui me fait songer à une réflexion d’une de mes idoles de jeunesse, Björn Borg, l’un des joueurs de tennis les plus talentueux de tous les temps : «Le tennis devrait être un grand moment de joie, il devrait faire vibrer le cœur»… Une réflexion parfaitement applicable à notre quotidien au bureau. Pas vrai?
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