BLOGUE. Comment s’assurer de la réussite d’une équipe? Tout bonnement en y intégrant des femmes! Une étude menée par des chercheurs de la Tepper School of Business et du Massachusetts Institute of Technology (MIT) en a récemment apporté la preuve…
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C’est ce que j’ai appris en tombant sur une étude passionnante intitulée Evidence for a collective intelligence : Factor in the performance of human groups et signée par cinq chercheurs : Anita Williams Wooley (Tepper School of Business), Christopher Chabris (MIT), Alex Pentland (MIT), Nada Hashmi (MIT) et Thomas Malone (MIT). Celle-ci visait à voir si l’intelligence collective jouait le moindre rôle dans la performance d’une équipe, et dans l’affirmative, quels facteurs jouaient le plus.
Ainsi, les chercheurs ont demandé à un total de 699 personnes de se livrer à deux expériences. Dans la première, 40 groupes de trois personnes ont été formés, lesquels ont dû réaliser différentes tâches : puzzles, énigmes, brainstorming, séances de négociation, etc. L’intelligence de chaque personne était évaluée avant de se lancer dans une tâche, et le résultat obtenu à chaque tâche à accomplir par le groupe permettait d’estimer son propre niveau d’intelligence. Résultat? Il existe bel et bien ce que les chercheurs appellent le «facteur C» : le succès d’un groupe dépend en partie de son intelligence collective ; et ce, à hauteur de quelque 40%.
L’air de rien, cette découverte est majeure. «Nous avons été surpris par le rôle modeste de l’intelligence individuelle. Traditionnellement, les chercheurs considèrent que les compétences individuelles fournissent la base de la performance du groupe. Nous, nous avons mis au jour le fait que l’intelligence collective est largement indépendante des capacités de chaque membre du groupe. Si l’on tente de prédire la performance d’un groupe, une analyse de leur intelligence collective est bien plus pertinente que des informations sur les prouesses intellectuelles des uns et des autres», a expliqué au magazine Le Monde de l’intelligence Anita Williams Wooley, qui a dirigé la recherche.
La seconde expérience a permis d’affiner les trouvailles des cinq chercheurs. Ces derniers ont formé 152 groupes composés de deux à cinq personnes et ont demandé à ceux-ci de mener à bien différentes activités similaires à celles de la première expérience. Le but de l’opération? Découvrir ce qui détermine le facteur C…
Résultat? Trois critères d’un groupe ont une corrélation positive avérée avec le facteur C…
1. La sensibilité sociale. C’est «la capacité des membres à décrypter les signes non verbaux des autres membres», selon la professeure de la Tepper School of Business ; ce que l’on peut résumer par le degré de coopération et d’engagement qui règne dans le groupe.
2. Le respect mutuel. Si l’un des membres du groupes prend les choses en mains et se met à parler plus que les autres au point d’empêcher certains de s’exprimer comme ils le voudraient, la performance du groupe en prend un coup. Bref, les «petits chefs» sont d’une nuisance certaine. En revanche, si chacun est ouvert d’esprit et à l’écoute des autres, tout se passe au mieux.
3. La présence de femmes. Eh oui, une équipe dont un ou plusieurs membres sont des femmes est plus efficace qu’une autre composée exclusivement d’hommes. Comment cela se fait-il? «C’est qu’en général la sensibilité sociale est plus présente chez les femmes que chez les hommes», considère la directrice de la recherche, en soulignant que «la clé de l’efficacité, c’est de composer un groupe avec des personnes – hommes ou femmes – dotées d’une sensibilité sociale élevée».
Un exemple très simple pour illustrer tout cela : les pompiers. Leur efficacité en pleine action dépend de plusieurs facteurs. Le leader du groupe doit ainsi être capable de mobiliser les autres et de gérer les ressources disponibles, en un clin d’œil. Il doit être en permanence à l’écoute des uns et des autres et veiller à ce que les informations circulent bien auprès de tous. Du coup, pour chaque membre du groupe, plus que les capacités techniques, ce sont les compétences sociales et l’entraide qui priment. Bref, ce qui compte vraiment, c’est l’esprit d’équipe.
L’organisation du travail fait alors toute la différence. La contribution de chacun et le rôle qu’il a à jouer doit être clairement défini, histoire de renforcer son engagement et sa motivation. Chacun sait alors que les autres dépendent en partie de lui, et inversement : le sentiment d’interdépendance est dès lors déterminant dans le succès du groupe. «D’autres travaux de recherche m’ont permis de découvrir que ce n’est pas la présence de compétences spécifiques qui compte, mais plutôt la diversité et la complémentarité de ces compétences», indique Anita Williams Wooley. «La coordination nécessite une véritable mise en synergie de compétences individuelles. Pas d’une juxtaposition, mais d’une intégration de celles-ci», précise-t-elle.
On le voit bien, il n’existe pas de recette miracle pour rendre une équipe efficace. Toutefois, il y a moyen de mettre toutes les chances de son côté, en tenant compte des talents et surtout de la «sensibilité sociale» de chacun de ses membres…
Le skieur français Franck Piccard, médaillé d’or aux Jeux olympiques de Calgary, a dit : «La réussite appartient à tout le monde. C’est au travail d’équipe qu’en revient le mérite»…
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