Les clichés - toujours plus ridicules les uns que les autres - abondent dès lors qu’on parle des femmes qui ont vraiment du pouvoir au sein d’une entreprise. Du genre : «De nos jours, mieux vaut être une femme qu’un homme pour décrocher le poste de PDG d’une grande entreprise» et autres «Les femmes qui grimpent dans la hiérarchie à la vitesse V étaient sûrement des pitbulls dans une vie antérieure». (Authentique! Je vous assure que j’ai vraiment entendu de telles énormités.)
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D’où ma joie lorsque j’ai mis la main sur une étude menée par KRC Research pour le compte du cabinet-conseil en relations publiques Weber Shandwick intitulée The female CEO reputation premium? Differences & similarities. Car son objectif était le suivant : analyser l’impact que peuvent avoir les femmes PDG sur la réputation de l’entreprise qu’elles dirigent, en regardant notamment s’il y a des différences notables avec leurs homologues masculins. Et ce que j’y ai trouvé m’a fait véritablement écarquiller les yeux…
> Premier choc
Premier choc : le fait que le PDG soit un homme ou une femme n’a aucune incidence sur la réputation de l’entreprise. Aucune. Alors que je m’attendais à ce qu’il y en ait une.
L’étude montre en effet que l’impact du sexe du PDG sur plusieurs facteurs déterminants pour la réputation d’une entreprise est identique, dans un cas comme dans l’autre. Par exemple, la réputation du PDG lui-même compte à hauteur de 33% lorsqu’il s’agit d’un homme et de 35% lorsqu’il s’agit d’une femme.
«Quand on y pense bien, le fait que le ‘retour-sur-réputation’ soit similaire lorsque le PDG est un homme ou une femme est quelque chose d’encourageant. Car cela signifie que peu importe le sexe du PDG, ce qui compte à présent, c’est la seule performance de l’entreprise», dit Leslie Gaines-Ross, directrice, stratégie de réputation, de Weber Shandwick.
Cela veut-il donc dire qu’il n’y a pas de vraies différences lorsqu’une femme est à la tête d’une entreprise? Non, bien sûr. L’étude met au jour le fait que la perception est distincte en ce qui concerne certains traits de leadership.
> Les femmes PDG sont perçues comme…
• plus ouvertes d’esprit;
• plus accessibles;
• plus présentes sur les médias sociaux;
• plus à l’aise pour parler aux médias;
• plus empathiques.
> Les hommes PDG sont, eux, perçus comme...
• plus à même d’avoir une vision claire de l’avenir de l’entreprise;
• plus à l’aise pour gérer une crise;
• plus en mesure d'avoir une vue d’ensemble de l’industrie;
• plus capables de remporter des trophées professionnels.
Mais au-delà de cette poignée de différences, l’important est de noter que la vaste majorité des traits du leadership - reconnaissance du travail d’autrui, élaboration d’une stratégie, esprit de collaboration, etc. - sont attendues d’un PDG, qu’il soit un homme ou une femme. Mieux, des quelques différences citées ci-dessus, une seul trait semble véritablement l’apanage des hommes : la vision claire de l’avenir. D’après l’étude, c’est là la seule et unique chose que les gens considèrent que les femmes PDG ne maîtrisent pas, ou à tout le moins pas aussi bien, qu’un PDG homme.
«Qu’est-ce que cette seule distinction notable met en évidence? Le fait qu’aujourd'hui on s’attend globalement à la même chose d’un PDG en matière de leadership, qu’il soit un homme ou une femme», ajoute Mme Gaines-Ross.
> Second choc
Second choc : le fait que les femmes n’ont aucune envie de devenir PDG. Aucune. Alors que je m’attendait au contraire.
L’étude montre en effet - tenez-vous bien - que 68% des femmes cadres n'ont absolument pas envie de devenir, un jour, PDG, en Amérique du Nord. C'est bien simple : c'est là l'ambition de seulement... 9% d'entre elles. En revanche, c'est le rêve de 1 cadre masculin sur 4.
Ma surprise - comme la vôtre, j'imagine - découle du fait que j'ai une perception erronée de l'importance croissante des femmes à la tête des entreprises. De fait, l'étude indique que les cadres interrogés dans le cadre de l'étude de Weber Shandwick pensent, à vue de nez, que de nos jours 23% des grandes entreprises ont une femme à leur tête. Or, la vérité est toute autre : seulement 5% des entreprises du palmarès U.S. Fortune 1.000 sont dirigées par une femme; idem, seulement 4% des entreprises du FTSE 100 ont un PDG femme.
Comment se fait-il que si peu de femmes soient intéressées par un poste de PDG? L'étude met en évidence une raison principale, à savoir le fait que les femmes trouvent cette fonction «trop exigeante». Autrement dit, elles ne voient pas en quoi être PDG leur permettrait de s'épanouir sur le plan personnel et professionnel, tout en dispensant du bien tout autour d'elles. Elles ne voient vraiment pas. Cela leur paraît même incompatible.
La question saute dès lors aux yeux : comment faire pour rendre le poste de PDG sexy aux yeux des femmes? Pour s'en faire une idée, les experts qui ont signé l'étude ont regardé si les rares femmes qui rêvaient de devenir PDG avaient des caractéristiques communes. Et la bonne nouvelle du jour, c'est qu'ils en ont trouvé trois :
1. Elles figurent surtout dans la catégorie générationnelle des millénniaux;
2. Elles travaillent surtout dans des entreprises privées;
3. Elles ont pour PDG une femme.
Par conséquent, on dispose d'un portrait-robot des futures femmes PDG. Ce qui est un bon départ. Reste à identifier les arguments pour les convaincre de poursuivre leur rêve jusqu'au bout. Ce que, fort heureusement, l'étude a fait, en demandant aux femmes cadres ce qu'elles admiraient le plus chez un PDG, en général. Explication.
Pour commencer, voici le Top 5 de ce que les femmes cadres admirent le plus chez un PDG :
1. Il a une vision claire de l'avenir de l'entreprise;
2. Il a une vue d'ensemble de l'industrie;
3. Il a à coeur de satisfaire la clientèle;
4. Il est un excellent communicateur;
5. Il veille au bonheur des employés.
Ensuite, voici l'analyse qu'en fait Gail Heimann, présidente, de Weber Shandwick : «Ces qualités-là sont admirées par les femmes cadres. C'est pourquoi il convient de jouer sur ces cordes sensibles pour les amener à rêver de devenir, un beau jour, PDG à leur tour. Par exemple, en leur faisant davantage côtoyer, dans le cadre de leur travail, des femmes occupant de hautes fonctions. Afin qu'elles aient pléthore de modèles inspirants», dit-elle.
Il me semble que c'est clair. Si l'on souhaite bel et bien voir augmenter la diversité à la tête des entreprises, il est impératif d'encourager les femmes à assumer davantage de responsabilités. Et ce, en veillant à ce que ces responsabilités-là correspondent à ce qui les passionne, à savoir ce qu'elles admirent le plus dans ce qu'accomplissent les femmes PDG, celles qu'elles ont pour modèle. Soit l'élaboration, entre autres : d'une toute nouvelle vision de l'avenir de l'entreprise; d'une toute nouvelle perspective de l'industrie; ou encore d'une toute nouvelle approche de la clientèle. Car c'est comme ça que les jeunes femmes d'aujourd'hui et de demain en arriveront à se dire que prendre les rênes d'une entreprise, c'est non pas un cauchemar, mais une occasion en or de triper au travail, jour après jour.
Allons plus loin. Mesdames, si vous souhaitez que votre quotidien devienne plus palpitant que jamais au travail, attachez-vous à trouver, autour de vous, des modèles qui vous inspirent franchement. Et osez - oui, osez - les approcher, pour leur confier combien ce qu'elles font compte à vos yeux. Pourquoi? Parce que c'est ainsi que vous pourrez trouver votre voie, celle qui vous permettra de progresser dans votre carrière, tout en décuplant votre plaisir à travailler. Que vous saisirez qu'il peut être bon, pour vous comme pour les autres, de prendre de plus en plus de responsabilités. Bref, que vous combinerez passion et raison. C'est aussi simple que ça.
En passant, le scientifique français Louis Pasteur disait : «La grandeur des actions humaines se mesure à l'inspiration qui les a fait naître».
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