Impossible de s'épanouir sans le regard de l'autre. Car, comme le disait déjà Aristote, nous sommes avant tout des «animaux sociaux». D'où notre besoin viscéral de reconnaissance dans le cadre de notre quotidien au travail.
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Le hic? Une interrogation vous permettra de le saisir : «Estimez-vous que vous recevez aujourd'hui les signes de reconnaissance dont vous avez besoin?» Prenez-le temps d'y réfléchir et d'y répondre…
Ça y est? Alors? Eh bien, je suis prêt à parier que votre réponse est : «Non, pas vraiment». Comment sais-je cela? Tout bonnement parce que j'ai sous les yeux les résultats d'un sondage mené par Crop pour le compte de l'Ordre des conseillers en ressources humaines agréés (CRHA) à propos de la satisfaction des salariés québécois. Un sondage qui remet certaines pendules à l'heure.
Ainsi, 1 Québécois sur 2 (50%) dit manquer de reconnaissance au travail. Et cela est surtout vrai au sein des entreprises de plus de 100 employés (53%). «Qu'une aussi forte proportion de salariés se disent insatisfaits de la reconnaissance manifestée par leur patron est une bien mauvaise nouvelle pour les employeurs du Québec. Surtout dans un contexte où il est de plus en plus difficile de trouver et de garder le bon employé», dit Florent Francoeur, le pdg de l'Ordre.
Ce n'est pas tout. La même proportion de salariés (51%) déplorent le manque d'encadrement et de support de la part de son supérieur hiérarchique immédiat. C'est-à-dire qu'au Québec 1 employé sur 2 a la sensation que son boss se désintéresse complètement de lui : une fois l'objectif fixé, c'est à chacun de se débrouiller avec les moyens du bord pour l'atteindre; et en cas d'échec, le manager s'en lavera les mains, au besoin en se débarrassant des moins compétents.
Autre fait saillant : près de 2 Québécois sur 5 (37%) considèrent que le poste qu'ils occupent n'est pas celui qui leur permettrait de briller au travail. A fortiori lorsqu'ils œuvrent au sein d'une entreprise comptant plus de 250 employés (41%). Pourquoi? Parce que leur poste actuel ne leur offre pas la possibilité d'exprimer leurs talents particuliers.
Résultat? Plus de 1 employé sur 10 (13%) pense quitter son entreprise d'ici les six prochains mois. Un phénomène encore plus présent auprès des jeunes, puisque le pourcentage grimpe à 19% chez les moins de 35 ans.
La question saute aux yeux : «Que faire?» Oui, que faire pour redonner le goût de travailler à la moitié de votre équipe?
Le sondage du CRHA défriche une piste intéressante à ce sujet. À savoir que toutes les attentes ne sont pas les mêmes :
> Ce que désirent avant tout les 18-34 ans, c'est un meilleur salaire (20%);
> Ce que désirent avant tout les 35-44 ans, c'est la sécurité d'emploi (32%);
> Ce que désirent avant tout les 45-54 ans, c'est la conciliation travail-vie de famille (22%);
> Ce que désirent avant tout les plus de 55 ans, c'est la possibilité d'user de leurs compétences (26%).
Il était logique de penser que les salariés avaient des besoins différents à satisfaire selon leur génération. Voilà désormais cette intuition fondée.
Cela étant, des constantes demeurent, toutes générations confondues. Les voici, par ordre d'importance :
1. La sécurité d'emploi (23%);
2. La conciliation travail-vie de famille (20%);
3. Le salaire (18%).
Qu'est-ce tout ça signifie? C'est très simple, on peut en tirer, d'après moi, deux moyens de booster la satisfaction de vos employés, et par la même occasion leur performance au travail :
> Voir le rôle du manager d'un œil neuf. On vient de voir que les employés insatisfaits estiment que c'est la faute de leur manager, c'est-à-dire de leur boss immédiat. Or, l'étude montre que ce n'est pas aussi simple que ça : en fait, le manager fait juste office – le pauvre! – de démon, de figure symbolique regroupant tous les maux qui nous rendent malheureux dans notre existence. Il convient donc de modifier cette perception. Comment? Une suggestion : et si le manager décidait de se présenter à son équipe non plus comme le boss, mais comme celui qui est au service de chacun des membres de l'équipe, afin que les uns et les autres puissent enfin contribuer à leur juste valeur à l'atteinte de l'objectif commun…
> Écouter, rassurer et encourager. Le manager aurait tout à gagner à saisir les peurs des uns et des autres. Les peurs? Celles, en général, de perdre leur emploi du jour au lendemain, de ne pas arriver à concilier travail et vie de famille, ou encore de ne pas être bien payé. Des peurs, faut-il le souligner, qui varient en fonction des générations. D'où son intérêt à écouter les uns et les autres, puis à trouver la meilleure façon de les rassurer. Mieux, à transformer la force négative qu'est la peur en force positive : une fois exprimée, une peur n'en est plus vraiment une et il suffit, bien souvent, d'un rien, pour la voir devenir un moteur de la performance; un moteur surprenant, et d'autant plus puissant.
Voilà. Il est possible de rendre votre entourage plus heureux au travail. Il ne tient qu'à vous d'y contribuer. Lancez-vous, et vous serez surpris des résultats!
En passant, la religieuse indienne Mère Teresa disait : «Ne laissez personne venir à vous et repartir sans être plus heureux».
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