BLOGUE. Lorsqu'il faut atteindre un objectif audacieux, vaut-il mieux s'y atteler tout seul ou en équipe? Certains vous diront que le mieux est de ne pas se laisser freiner par les autres, et donc de faire cavalier seul. D'autres, que l'on n'est jamais meilleur qu'à plusieurs, et donc que l'idéal est d'œuvrer en équipe. Qui a raison? Qui a tort? Et surtout, qui sont les individualistes, et qui sont les convivialistes?
Découvrez mes précédents billets
Rejoignez-moi sur Facebook et sur Twitter
Une étude fascinante permet de s'en faire une bonne idée. Intitulée Are women more attracted to cooperation than men?, elle est signée par Peter Kuhn, professeur d'économie à l'Université de Californie à Santa Barbara (États-Unis), et Marie-Claire Villeval, directrice du Groupe d'analyse et de théorie économique Lyon–St-Étienne (Gate–LSE) à Écully (France). Elle montre que notre goût pour le travail en solo ou en équipe dépend en grande partie… de notre sexe!
Les deux chercheurs ont ainsi demandé à 262 volontaires de participer à une expérience permettant de se faire un peu d'argent de poche. Au début, le principe était simple : chacun devait remplir une tâche complexe en moins de quatre minutes, qui consistait à décoder des phrases chiffrées à partir de règles de conversion en lettres qui changeaient à chaque phrase.
Puis, cela s'est corsé. Les participants ont dû faire un choix pour la suite des opérations :
> Continuer d'œuvrer en solo pour décoder les phrases chiffrées, et donc d'être payés en fonction de leur performance personnelle.
> Ou accepter de travailler en binôme, et donc d'être rémunérés en tenant compte de la performance de leur partenaire (qu'elle soit meilleure ou moins bonne que la leur).
À noter, de surcroît, qu'il a été proposé à une partie des participants un incitatif à la coopération, en ce sens que chaque phrase décodée avec succès à deux était, pour eux, un peu mieux payée que celle trouvée tout seul dans son coin.
Que pensez-vous qu'il est advenu? Accrochez-vous bien, car des surprises vous attendent, je pense…
> Les femmes coopèrent davantage. Les femmes sont, en général, nettement plus promptes à œuvrer en équipe que les hommes. «D'un point de vue statistique, l'explication en est que les hommes sont plus pessimistes que les femmes quant au résultat que la collaboration donnera», disent M. Kuhn et Mme Villeval dans leur étude.
> Les femmes ont davantage le cœur sur la main. Les femmes sont nettement plus promptes à œuvrer en équipe que les hommes lorsqu'elles savent que cela sera surtout profitable pour leur partenaire. Qu'est-ce que ça signifie? Que cela ne les dérange pas de travailler avec quelqu'un d'a priori moins bon qu'elles – et donc de gagner moins que si elles avaient travaillé en solo –, et ce, pour la simple raison qu'elles se réjouissent à l'idée de tirer l'autre vers le haut. (Et inversement, que les hommes dans la même situation, eux, ne s'en réjouissent pas franchement…)
> Les hommes sont attirés par l'odeur de l'argent. Dès lors que le travail en équipe est mieux rémunéré que le travail en solo, les hommes sont tout aussi prompts à œuvrer en équipe que les femmes.
Que retenir de tout cela? Un truc ultrasimple visant à améliorer l'efficacité de votre équipe…
> Qui entend booster la performance de son équipe a tout intérêt à offrir une récompense collective intéressante pour chacun, et non individuelle. Car les femmes se réjouiront d'une telle approche managériale et redoubleront d'efforts pour atteindre tous ensemble l'objectif fixé. Et car les hommes, une fois leur intérêt personnel bien compris dans cette nouvelle formule, mettront l'épaule à la roue tout comme ils le faisaient auparavant.
En passant, l'écrivain français Frédéric Beigbeder a dit dans L'Amour dure trois ans : «La société dans laquelle nous sommes nés repose sur l'égoïsme. Les sociologues nomment cela l'individualisme alors qu'il y a un mot plus simple : nous vivons dans la société de la solitude».
Découvrez mes précédents billets