Connectivité globale, gadgets électroniques intelligents, médias sociaux... Le monde évolue à la vitesse V, et avec lui notre quotidien au travail. Forcément. Et pour bien le réaliser, je vous invite à vous projeter dix années en arrière, en 2005, et à vous demander si à l'époque vous aviez imaginé une seule seconde qu'en 2015 il vous paraîtrait banal de rédiger un tweet, de consulter votre cellulaire toutes les dix minutes, ou encore de discuter via Skype avec un collègue en déplacement à New York, Paris ou Shangai. Vous voyez...
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Qu'est-ce que tout cela entraîne? L'impératif, pour chacun de nous, de nous adapter en permanence à ce flux incessant de nouveautés. Sans quoi, on risque de recevoir vite fait une lettre de licenciement. D'ailleurs, plus d'un savent d'ores et déjà de quoi je parle...
D'où l'importance vitale d'anticiper ce que nous réserve le futur du travail, afin d'être en mesure de s'y adapter sans tarder. Et vous savez quoi? Eh bien, j'ai une excellente nouvelle pour vous! J'ai en effet mis la main sur une étude de l'Institut du futur de Palo Alto, en Californie, portant justement sur ce sujet. Celle-ci est intitulée Future work skills 2020 et met au jour les 9 talents que nous devrons maîtriser demain - eh oui, 2020, c'est seulement dans cinq ans - pour être en mesure de briller au bureau.
Voici de quoi il s'agit...
L'Institut, qui est spécialisé dans la détection de 'signaux' révélateurs de tendances suffisamment fortes pour avoir un impact à court et moyen termes, en a choisi plusieurs et les a présentés à un panel d'experts issus, entre autres, d'IBM, Electronic Arts, Procter & Gamble et Walt Disney. Deux missions : d'une part, identifier les tendances qui changeront vraiment le quotidien au travail dans les prochaines années; et d'autre part, repérer les talents nécessaires pour pouvoir surfer à merveille sur ces nouveaux agents de changement.
C'est ainsi que l'équipe de choc de l'Institut a pu mettre en évidence les six tendances lourdes qui suivent :
> Une longévité extrême. D'ici 2025, le nombre d'Américains âgés de plus de 60 ans augmentera de 70%. Et du coup nombre de têtes blanches continueront d'être actifs sur le marché du travail, y compris passé l'âge légal de la retraite. Ce qui entraînera notamment la nécessité, pour les organisations, de se montrer plus flexibles quant aux conditions de travail (horaires ajustés aux besoins de chacun, etc.).
> Une omniprésence des machines intelligentes. Notre rapport avec nos outils de travail est appelé à connaître une mutation. Car nos outils sont en train de devenir, les uns après les autres, intelligents. Et parfois même, plus compétents que nous-mêmes.
«Les machines intelligentes vont remplacer les êtres humains pour certaines tâches, et devenir des assistants incontournables pour les autres. Elles vont être partout : au bureau, à l'usine, à la maison. Elles vont tout faire, et souvent mieux que les êtres humains : produire, combattre, soigner, réparer, garder, etc. Ce qui entraînera pour chacun de nous de graves interrogations existentielles, du genre 'Que suis-je seul capable de faire, et pas les autres ni les robots?'.
> Un numérisation radicale de notre quotidien. Comme chacun des objets qui nous environnent est appelé à devenir intelligent, nous allons vite crouler sous le data, c'est-à-dire sous les innombrables données issues de chacune de nos interactions avec eux. L'un des principaux dangers? Se retrouver noyé en moins de deux.
> Une néocommunication. L'avènement des médias sociaux est en train de bouleverser l'écosystème dans lequel on évolue, en ce sens que ça ajoute de toutes nouvelles voies de communication entre ses différents acteurs. L'heure est donc à la 'néocommunication'. En conséquence, ceux qui ne parviennent pas à capter ces messages-là et à interagir avec ceux-ci deviennent vite obsolètes. Au risque de disparaître, du jour au lendemain.
> Des métastructures organisationnelles. L'heure est sans conteste à l'intelligence collective et autres connexions sociales. Si bien que créons aujourd'hui, et a fortiori demain, autrement qu'hier : par exemple, les frontières traditionnelles de l'entreprise sont en train de voler en éclats, puisque l'innovation, de plus en plus souvent, est externalisée. Du coup, nous assistons à l'apparition de 'métastructures organisationnelles', et par suite de nouvelles formes de management qui s'appuient sur des champs d'expertise aussi variés que le design thinking, la neuroscience et la psychologie positive.
> Une ultraconnectivité. La globalisation dont on parlait tant dans les années 1970 est de nos jours d'une banalité confondante. Oui, nous vivons chaque seconde dans un univers ultraconnecté : rien de plus facile, à présent, de discuter en direct et gratuitement, par vidéo interposée, avec quelqu'un qui se trouve à l'autre bout de la planète, ou même dans l'espace! Et dites-vous bien qu'il ne s'agit là que d'un début... Alors, forcément, il va devenir de plus en plus courant d'oeuvrer au sein d'équipes éparpillées aux quatre coins du monde. Et le défi à relever consistera non pas à faire travailler tout ce beau monde ensemble, mais à créer un véritable esprit d'équipe au sein de ces groupes disparates.
Voilà. Oui, voilà les six tendances lourdes qui vont métamorphoser votre quotidien au travail à un point tel que ce que vous faites aujourd'hui vous semblera demain d'un profond ridicule. Mais à une condition : que vous soyez encore là demain...
C'est pourquoi le panel d'expert de l'Institut californien recommande vivement à chacun de nous de cultiver 9 talents particuliers. Des compétences qui seront incontournables pour qui voudra s'épanouir dans le cadre de son travail :
> L'intelligence du sens. C'est la faculté de trouver du sens à ce qui ne semble pas en avoir a priori. Celle-ci sera précieuse parce que c'est ce que justement les machines intelligentes peinent à accomplir, et vont peiner à faire pour de longues années encore. «Il s'agit d'un talent complexe, de très haut-niveau, mais qui présente l'avantage déterminant d'être inaccessible pour l'instant aux machines intelligentes», souligne l'étude de l'Institut.
> L'intelligence sociale. C'est la faculté de nouer des liens avec autrui, en profondeur comme en surface, au point de pouvoir influencer son comportement. Là aussi, les machines intelligentes affichent encore un grand retard en ce domaine par rapport aux êtres humains. Insensibles, elles n'affichent pas d'émotion, ni ne sont en mesure de saisir celle qui traverse un être humain. D'où l'intérêt pour chacun de nous de développer notre intelligence sociale, pour ne pas dire notre intelligence émotionnelle.
> La pensée adaptative. C'est la faculté de trouver des solutions hors-normes aux problèmes rencontrés. Ce qui se produit lorsque nous faisons entrer en collision deux idées qui n'ont a priori rien à voir ensemble - par exemple, 'inventer une nouvelle façon de communiquer' et 'supprimer toutes les touches du téléphone' - pour voir naître une idée géniale - 'créer l'iPhone'. Ce que les machines intelligentes sont encore loin d'être capables d'accomplir.
> L'ouverture d'esprit. C'est la faculté d'oeuvrer au sein d'un groupe de personnes provenant de toutes sortes d'horizons : être le seul gars dans une équipe de femmes, être le seul Marocain dans une équipe de Québécois, être le seul membre de la génération Y dans un groupe de baby-boomers, etc. Elle s'exprime par la capacité à créer des points de connexion avec les autres, aussi différents soient-ils de soi. Et une fois de plus, il s'agit là d'un atout de l'être humain sur les machines intelligentes, pour qui la diversité rime toujours avec complexité.
> La pensée data. C'est la faculté de déceler une information dans un flot de données, puis de synthétiser toutes les informations ainsi recueillies. Là encore, les machines intelligentes sont dépassées : elles sont certes meilleures que nous pour trier des données, mais pas pour déterminer en fonction de quoi doit être fait le tri. À nous, donc, d'en tirer parti.
> La pensée média. C'est la faculté de maîtriser les médias sociaux ainsi que toutes les nouvelles technologies s'y rapportant. Exemple : la vidéo par le Web. C'est à nous qu'il appartient de découvrir toutes les façons de nous en servir pour nous montrer plus performants que jamais au travail. Et d'ainsi profiter du fait que les machines intelligentes ne sont pas encore capables de 'lire' le contenu d'une vidéo.
> La transdisciplinarité. C'est la faculté d'aborder un problème sous un maximum d'angles possible, en recourant notamment à différents champs d'expertise. De plus en plus, ceux qui vont tirer leur épingle du jeu seront ceux qui maîtriseront différentes compétences professionnelles : le jeunes qui aura des bases solides en journalisme et en programmation aura nettement plus de possibilités de carrière que celui qui saura juste rédiger un texte correct à partir d'informations recueillies par téléphone.
> La pensée design. C'est la faculté de voir les choses autrement, dans l'optique d'identifier des solutions auxquelles il aurait été sinon impossible de songer. À l'image d'un designer, qui procède toujours en 5 étapes, soit empathie > définition > idéation > prototypage > expérimentation :
- Empathie. À savoir s'intéresser aux premiers utilisateurs potentiels, pour connaître leurs besoins réels.
- Définition. À savoir définir avec simplicité et clarté les besoins réels des utilisateurs, et par suite les caractéristiques que doit présenter le produit ou service à inventer.
- Idéation. À savoir brasser des idées, sans les juger.
- Prototypage. À savoir réaliser de prototypes en lien avec les deux ou trois meilleures idées émises.
- Expérimentation. À savoir tester les prototypes et en tirer les enseignements subséquents pour concocter le produit ou service final. Celui qui est optimal.
> La collaboration virtuelle. C'est la faculté d'oeuvrer au sein d'une équipe dont les membres travaillent de manière atypique. Et ce en raison, par exemple, du fait que les uns et les autres sont physiquement établis à Montréal, Toronto et Vancouver, ou encore du fait qu'ils ont des horaires distincts (certains à temps plein, d'autres à temps partiel). D'où l'importance, en particulier pour le manager, d'arriver à piloter son équipe virtuelle en s'inspirant, entre autres, de la manière dont certains jouent en équipe à des jeux vidéos multijoueurs.
Voilà. Tels sont les 9 talents qu'il va vous falloir maîtriser sous peu. Car 2020, je le répète, c'est n'est pas après-demain, mais vraiment demain.
Pour terminer, je vous invite à réfléchir le plus sérieusement du monde à tout ça. Interrogez-vous en toute honnêteté sur le nombre de ces talents-là dont vous pensez d'ores et déjà disposer. Demandez-vous dans quelle mesure vous pouvez encore progresser dans chacun de ceux-ci. Enfin, dressez-vous un programme d'entraînement pour ceux que vous souhaitez cultiver en priorité , tout comme vous le feriez pour un programme d'entraînement au gym. Car c'est ainsi, et pas autrement, que vous parviendrez à continuer à faire des étincelles au travail. Garanti.
En passant, le chanteur français Étienne Daho a dit dans Des heures hindoues : «Je sais enfin que demain nous appartient».
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