Contrairement à la tendance mondiale, les employés canadiens voient leur degré de mobilisation baisser, selon un sondage du fournisseur de services professionnels Aon. Celui-ci est en effet passé en un an de 70% à 69% alors que la moyenne mondiale a, elle, grimpé de 63% à 65%.
Certes, ce recul peut paraître minime, mais il ne faut pas s'y tromper, car des 16 dimensions de la mobilisation que comporte l'étude, 11 sont en baisse pour les employés canadiens. Ce qui signifie que leur moral est véritablement plombé, à large échelle.
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Qu'est-ce qui sape ainsi le moral des employés canadiens? Pour simplifier, on peut dire que ce sont les changements - pour ne pas dire les bouleversements - que connaissent aujourd'hui leurs milieux de travail; et la grande incertitude qui va avec. Explication.
> Des conditions de travail qui se détériorent. La dimension de la mobilisation qui connaît le plus grand recul est l'indice lié à «l'infrastructure de base», c'est-à-dire les pratiques, les processus et les ressources qui permettent aux employés de bien effectuer leur travail. Ce recul est de 6 points de pourcentage. Autrement dit, nombre d'employés canadiens ont la sensation que leurs conditions de travail se détériorent à la vitesse V: à leurs yeux, leur employeur n'attache pas une vraie importance à l'amélioration de leur quotidien au travail (par exemple, la moquette pourrie du bureau qui n'est quasiment jamais nettoyée, ou encore la prise d'initiatives individuelles qui est toujours brimée par le boss hyper contrôlant), à tel point que cela nuit directement à leur performance professionnelle.
> Aucune véritable conciliation travail-vie privée. Une autre dimension qui connaît un recul majeur concerne l'indice lié à «la conciliation travail-vie privée»: la baisse est estimée à 5 points de pourcentage. Autrement dit, nombre d'employés canadiens ont réalisé que derrière les beaux discours de ces dernières années concernant l'importance que les employeurs attachent à l'épanouissement personnel de leurs employés, rien n'a encore été vraiment fait en ce sens : à leurs yeux, il est toujours aussi difficile qu'auparavant d'avoir des horaires de travail flexibles, ou encore de pouvoir s'absenter du bureau de manière inopinée pour raison familiale (que ce soit la fièvre du bambin ou l'accompagnement de la mamie à une visite médicale). Ce qui nuit directement à leur épanouissement personnel et professionnel.
> Un manque cruel de diversité et d'inclusion. Un grand nombre d'employés canadiens déplorent aussi l'absence de véritable politique de diversité et d'inclusion au sein de l'entreprise pour laquelle ils travaillent : cet indice a diminué de 4 points de pourcentage en un an. Ce qui signifie qu'ils trouvent lamentable, entre autres, le fait qu'il n'y ait toujours pas d'égalité entre les hommes et les femmes en ce qui concerne la rémunération et la promotion (une fois de plus, en dépit des grands discours des employeurs à ce sujet). Ou encore, le fait qu'il y ait toujours autant de bâtons dans les roues des immigrants à la recherche d'un emploi.
> Une grave carence de collaboration. Nombre d'employés estiment qu'il n'y a pas assez de collaboration entre collègues, voire entre les différentes équipes de leur entreprise: le recul de cet indice est de 4 points de pourcentage. C'est que les cubicules ont peut-être disparu pour laisser la place à des espaces de travail un peu plus modernes, voire conviviaux, mais les habitudes de travail, elles, n'ont pas bougé d'un poil : les cubicules mentaux ont demeuré...
> Un défaillance dans la gestion de la performance. Nombre d'employés considèrent encore que la gestion de la performance est défaillante au sein de leur entreprise: la baisse de cet indice est, elle aussi, de 4 points de pourcentage. Autrement dit, ils trouvent que les managers gagneraient à évoluer dans leur façon de diriger l'équipe dont ils ont la responsabilité, en particulier en ce qui concerne la manière dont ils incitent chacun à donner son 110%: et si, au lieu de «commander & contrôler» comme cela se faisait au 20e siècle, ils adoptaient enfin la méthode propre au 21e siècle, celle qui consiste à agir non pas en boss, mais en coach, et donc à «comprendre, conseiller & soutenir»...
«Tout cela laisse croire que nombre d'employés éprouvent aujourd'hui des difficultés à comprendre et à effectuer les changements nécessaires pour travailler efficacement dans un environnement en constante évolution. Ils nagent en pleine incertitude, ce qui se traduit par un stress croissant, des heures de travail plus longues et une difficulté grandissante à concilier travail et vie privée», dit Todd Mathers, associé, talent, rémunération et rendement, d'Aon Canada.
Et d'ajouter : «Le message est clair : il est grand temps que les employeurs réalisent le malaise quotidien de leurs employés, prennent la ferme décision d'agir autrement et passent à l'action».
L'étude d'Aon le dit carrément : «La baisse de mobilisation des employés canadiens est un signal d'alarme pour les employeurs d'ici». Oui, un «signal d'alarme». Ni plus ni moins. À bon entendeur salut!
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