Il nous est tous déjà arrivé d’être confronté à un dilemme. Un vrai dilemme. Un terrible dilemme. «Dois-je faire ci ou ça ?», nous sommes-nous alors demandé. «Et si je fais ci, qu’est-ce que ça entraînera ? Et si je fais plutôt ça, que se passera-t-il ?» Etc. Jusqu’au moment où nous avons finalement tranché. Pour le meilleur ou pour le pire, sans le savoir au juste. Bref, nous nous en sommes remis aux dieux. Pas vrai ?
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Lorsque les dieux nous ont souri, nous nous en sommes félicités. Et lorsqu’ils nous ont grimacé, eh bien, soyons honnêtes, nous avons cherché des excuses, histoire de nous en tirer sans trop de dommages. Mais voilà, avons-nous alors cherché deux secondes à améliorer notre processus de prise de décision ? Nous sommes-nous questionné sur les éléments qui ont fait pencher la balance dans un sens plutôt que dans l’autre, et surtout, sur la pertinence de ces éléments-là ? Pas sûr…
D’où ma bonne nouvelle du jour : j’ai mis la main sur un truc vraiment génial pour trancher un dilemme. N’importe quel dilemme que vous rencontrerez à l’avenir. Et ce truc, c’est tout bonnement le meilleur conseil que je puisse jamais vous donner dans le cadre de mon blogue «En Tête». Je pèse mes mots en disant ça.
Depuis une poignée de jours, un livre ne me quitte plus. Dès que j’ai un instant, je me plonge dedans. À tel point que je n’ai qu’une hantise : le terminer. Ce livre s’intitule One more thing – Stories and other stories (Vintage, 2014). Il s’agit d’un recueil de nouvelles de BJ Novak, un type que je ne connaissais pas avant de tomber sur son bouquin, même si je l’avais aperçu ici et là, sans trop y faire attention, à la télévision et au cinéma.
Qui est BJ Novak ? Un prodige, je n’ai pas peur de le dire. Ce trentenaire est acteur : il a joué des seconds rôles au cinéma, notamment dans Inglorious Basterds de Quentin Tarantino, après avoir été Ryan Howard, l’intérimaire qui subit les frasques de son boss parce qu’il lui faut impérativement payer ses études, dans la télésérie The Office. Il est aussi scénariste : il a écrit plusieurs épisodes de The Office. Et, comme si ça ne suffisait pas, il signe des textes fabuleux pour différents magazines américains (The New Yorker, Zoetrope, Playboy, etc.) ; des textes justement compilés dans One more thing.
Comment vous présenter ses textes ? Pas évident, mais je vais m’y risquer. C’est que BJ Novak maîtrise l’art de la pirouette comme personne. Il a le chic pour nous embarquer dans une histoire abracadabrante, mais qui est si bien ficelée qu’on finit par y croire, jusqu’au moment où, sans qu’on le voit venir, il réussit à nous faire basculer dans une dimension totalement inattendue. Une dimension magique, pour ne pas dire philosophique. Et ce, en usant d’une arme imparable : l’humour. BJ Novak est toujours dissimulé dans chacune de ses histoires, caché là où on ne l’attend pas, et il surgit d’un coup pour nous faire un pied-de-nez hilarant. Un pied-de-nez qui nous amène toujours, l’air de rien, à réfléchir sur nos petits – et nos grands – travers. Ah oui, j’ai oublié de vous préciser : BJ Novak a également, depuis peu, une autre corde à son arc, il triomphe sur scène ces temps-ci aux Etats-Unis avec ses stand-ups.
Prenons un exemple… Dans un de ses textes, BJ Novak parle d’une fille douée pour donner des conseils aux autres. Chaque fois que quelqu’un lui fait part du dilemme auquel il est confronté, elle trouve toujours le conseil judicieux, celui qui permet à l’autre de sortir de l’impasse. Toujours. Son truc ? Le voici :
➢ Dans un premier temps, elle écoute ce que l’autre a à lui confier. Elle l’écoute, mais dans le fond, sans prêter vraiment attention à ce qu’il dit. Elle prend une pose qui donne l’impression à son interlocuteur d’être écouté. Et elle se contente de le relancer quand il le faut, avec une question passe-partout, du genre «Ah oui, comment ça ?» et autres «Non, c’est vrai ?». Puis, elle assène sa première question clé : «Oui, mais qu’est-ce que ton cœur te dit de faire ?».
➢ Dans un second temps, elle écoute ce que l’autre a à répondre à sa première question clé. Elle l’écoute, mais dans le fond, sans prêter vraiment attention à ce qu’il dit. Elle prend une pose qui donne l’impression à son interlocuteur d’être écouté. Et elle se contente de le relancer quand il le faut, avec une question passe-partout, du genre «Ah oui, comment ça ?» et autres «Non, c’est vrai ?». Puis, elle assène sa seconde question clé : «Oui, mais qu’est-ce que tes tripes te disent de faire ?». Et là se produit systématiquement quelque chose de magique : l’autre se tait, réfléchit et une étincelle d’intelligence se met à luire dans ses yeux ; et il dit alors «C’est ça ! Oui, c’est ça que je dois faire ! Merci ! Merci mille fois pour ton conseil ! C’est le meilleur conseil que j’ai jamais eu ! Tu es formidable !»
Voilà. C’est tout. Et le tour est joué. Le meilleur conseil du monde, c’est celui qu’on a toujours eu en nous, mais refusé d’entendre. Et l’astuce, au fond, consiste à se poser soi-même deux questions successives :
1. «Qu’est-ce que mon cœur me dit de faire ?».
2. «Qu’est-ce que mes tripes me disent de faire ?».
Dans un autre texte, BJ Novak fait justement intervenir son experte en conseil auprès d’un personnage en proie à un dilemme fondamental. Soit une occasion en or de vérifier, concrètement, la pertinence de cette stratégie.
Ainsi, le personnage central de cette histoire est un ambulancier, plus précisément un conducteur d’ambulance. Il est le meilleur dans sa région. Le meilleur, en ce sens qu’il est celui qui conduit le mieux : vite et bien, sans jamais d’accident. Grâce à lui, des dizaines de gens sont sauvés chaque année, sachant que bien souvent la vie d’un blessé ne tient qu’à la rapidité de son transport aux urgences.
Le hic ? Cet ambulancier a un rêve secret : devenir chanteur. Il sait qu’il est le meilleur conducteur d’ambulance de la région, il le sait très bien, mais ce qui le ferait vraiment vibrer, ce serait de chanter. Mieux, de chanter ses propres chansons. Il finit par en parler à un collègue en qui il a confiance, lequel lui dit que ce serait «la pire connerie à faire», car à cause de cela des gens mourraient. Ni plus ni moins. Et il enfonce le clou en disant qu’il devrait déjà être fier d’être le meilleur dans son domaine, au lieu de tenter sa chance ailleurs, dans aucune garantie de réussite.
Puis, l’ambulancier en parle à cette fameuse amie qui donne toujours les meilleurs conseils du monde. Celle-ci finit par lui lancer sa première question clé : «Qu’est-ce que ton cœur te dit de faire ?»
Il y répond avec sincérité. Il indique que son cœur est partagé. D’un côté, son cœur lui dit qu’il est important de sauver des vies humaines, de venir en aide à autrui, d’autant plus qu’il est doué pour ça. D’un autre côté, son cœur lui dit aussi qu’il aimerait aller plus loin que ça et apporter du bonheur aux autres avec ses propres chansons.
Vient ensuite la seconde question clé : «OK, mais qu’est-ce que tes tripes te disent de faire ?». Et là, il se tait, médite et finit par sourire. «Tu sais quoi, tu viens de me donner le meilleur conseil du monde !», s’exclame-t-il alors.
Vous l’avez deviné, l’ambulancier se lance aussitôt dans une carrière d’auteur-compositeur interprète. Une carrière qui n’est certes pas couronnée par le succès populaire espéré, mais le personnage central fait preuve d’une grande sagesse, en réalisant toute la joie qu’il parvient à procurer, chaque année, aux enfants qui participent à la fête d’anniversaire de son petit neveu. «Les enfants se mettent alors à crier, en chœur : «Encore ! Encore ! Encore !». Et savez-vous ce que c’est que de chanter une chanson qui est née de vous dans une pièce remplie d’enfants qui dansent et rient à gorge déployée, et qui reprennent tous ensemble le refrain à n’en plus finir ? Le savez-vous ? Eh bien, c’est comme si le monde était vraiment magique, et que le monde, c’était vous !»
Magnifique, n’est-ce pas ? Rien, absolument rien ne peut battre ça.
Je vous l’avais bien dit, ce BJ Novak est un véritable prodige. Il sait pincer la corde sensible en chacun de nous, et la faire vibrer pour lui donner un son magique à nos oreilles. Il est redoutable, et me donne d’ailleurs l’occasion de vous transmettre le meilleur conseil que je puisse jamais vous donner :
➢ Lorsque vous êtes confronté à un véritable dilemme, résolvez-le en vous posant deux questions : «Qu’est-ce que mon cœur me dit de faire ?», puis «Qu’est-ce que mes tripes me disent de faire ?». En répondant vraiment à chacune d’elles, vous trouverez la voie à suivre. C’est garanti. Car elles vous permettent de trancher en recourant à ce que nous avons de plus précieux en nous, à savoir notre «intelligence émotionnelle».
En passant, le peintre néerlandais Vincent van Gogh a dit dans une de ses lettres à son frère Théo : «N’oublions pas que les petites émotions sont les grands capitaines de nos vies et qu’à celles-là nous obéissons sans le savoir».
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