La génération Y arrive sur le marché du travail, tant bien que mal en raison de la crise économique qui perdure depuis 2007. Et les baby-boomers, eux, s'en vont, même si cela se produit au ralenti. L'air de rien, on assiste ainsi à un bouleversement démographique considérable, qui va être accompagné – même si on ne le réalise pas vraiment aujourd'hui – par un choc générationnel phénoménal. Oui, phénoménal. Je pèse mes mots.
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Pourquoi suis-je aussi catégorique? Parce que j'ai mis la main sur un sondage mondial passionnant, produit par LinkedIn, en partenariat avec CensusWide. Un sondage mené auprès de 11 500 employés à temps plein œuvrant dans 14 pays, dont le Canada, dont il ressort que l'arrivée de la génération Y va bouleverser notre quotidien au bureau. Et ce, pour le mieux!
C'est que les membres de la génération Y – en l'occurrence, les 18-24 ans – ont de toutes autres valeurs que les baby-boomers – les 55-65 ans –, du moins concernant le travail. Et cela aura un impact direct et majeur sur nombre de dimensions fondamentales du travail, comme le bonheur, la motivation et la productivité.
Prenons l'exemple de l'amitié au travail… Les Québécois y attachent une grande importance, puisque 55% d'entre eux ont déjà noué des liens d'amitié avec un collègue, au point de se voir souvent en-dehors du lieu de travail. Cela place le Québec en tête des provinces canadiennes, puisque le même pourcentage s'élève en moyenne à 37% à l'échelle du Canada.
Maintenant, le phénomène va aller croissant, puisque le sondage de LinkedIn montre que la génération Y, plus que tout autre groupe d'âges, considèrent que le fait de travailler avec des amis a une influence positive sur le bonheur qu'ils ressentent dans leur quotidien au travail (63%), et même sur leur motivation (48%). De leur côté, la moitié des baby-boomers n'ont que faire de l'amitié au bureau : ils pensent, en effet, que cela n'a aucune incidence sur leur performance au travail.
Dans le même ordre d'idées, les trois quarts des membres de la génération Y (78%) soulignent que la socialisation avec les collègues améliore leur environnement de travail. En guise de comparaison, seulement le quart des baby-boomers (28%) le pensent aussi. À noter que 1 membre de la génération Y sur 3 croit que l'avancement de sa carrière passera par sa capacité à socialiser avec ses collègues.
Prenons un autre exemple, celui de la motivation… On y découvre un véritable fossé générationnel. En effet, 1 membre de la génération Y sur 4 estime qu'il est plus motivé à briller s'il bénéficie de l'amitié d'un collègue, et donc s'il évolue dans un environnement de travail, disons, amical. Pourquoi? Parce que cela le rend plus… compétitif! L'idée est dès lors que chacun va chercher à faire mieux que l'autre, dans un esprit de camaraderie.
Cela étant, cet esprit de compétition peut mal tourner, voire carrément déraper, si aucun garde-fou n'est instauré : 68% des membres de la génération Y reconnaissent qu'ils seraient prêts à renoncer à l'amitié d'un collègue pour obtenir une promotion… Quant aux baby-boomers, 58% d'entre eux déclarent qu'ils n'y songeraient même pas.
On le voit bien, l'amitié au travail a ses limites. Essentiellement une question de fidélité en ce qui a trait aux jeunes, semble-t-il. Néanmoins, une fois l'amitié nouée, elle peut aller en profondeur…
Par exemple, la moitié des membres de la génération Y sont ouverts à partager avec des collègues des conseils en matière de relations amoureuses. Ce qui n'est le cas que pour le quart des 55-65 ans.
Idem, la moitié des 18-24 ans sont prêts à discuter de salaire avec les collègues en qui ils ont confiance. Ce qui n'est vrai que pour le tiers des baby-boomers. Le tabou du salaire pourrait donc bien voler en éclats dans les prochaines années.
D'où l'importance de bien saisir que la vie de bureau est appelée à se métamorphoser dans les années à venir. Surtout pour les managers d'aujourd'hui, qui vont devoir s'adapter à cette nouvelle donne. Un chiffre résume la situation : près de 1 membre de la génération Y sur 3 a déjà texté son manager en-dehors des heures de travail, et ce, pour lui parler d'autre chose que du travail! Du jamais vu, ou presque, pour les baby-boomers.
Catherine Fisher, directrice, relations publiques et communications, de LinkedIn, a blogué sur le sujet. Elle émet trois recommandations pour les managers qui entendent mieux communiquer avec la génération montante :
1. Ne vous limitez pas aux courriels et aux réunions. La communication est aujourd'hui permanente, non plus à des occasions ponctuelles. L'idéal? Innover pour mieux discuter avec les uns et les autres. Un exemple : les réunions ambulantes. Aujourd'hui, Jeff Weiner, le PDG de LinkedIn, ne jure que par elles. Quand il veut s'entretenir avec quelqu'un, ou une poignée de personnes, il va marcher dehors avec eux; en prenant soin de couper son cellulaire, pour ne pas être dérangé à tout bout de champ.
2. Intéressez-vous vraiment aux autres. Prenez le temps de connecter avec autrui, dès que cela est possible. Cela peut se faire en quelques minutes en marge d'une réunion, pas besoin d'y consacrer des heures. Montrez-vous curieux de ce qui passionne les autres, en songeant à ce que cela pourrait avoir comme impact positif pour l'équipe, voire l'entreprise. Car le déclencheur d'une passion hors du travail peut se révéler être aussi un moteur efficace de la motivation au travail.
3. Célébrez autant que possible. Tous les bons coups, les petits comme les grands, méritent d'être célébrés. Parce que cela fait toujours chaud au cœur. Voyez comme une simple tape sur l'épaule de la part du manager peut faire du bien à un employé, alors imaginez quand c'est toute l'équipe qui fait la fête à l'un d'entre eux!
Voilà. À présent, c'est à vous de jouer!
En passant, le philosophe britannique Francis Bacon disait : «L'amitié double les joies et réduit de moitié les peines».
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