BLOGUE. Il suffit d'un rien, d'un rayon de soleil, et tout à coup, nous avons l'impression que la vie est belle. Inversement, un petit crachin, et voilà tous les côtés négatifs de la vie qui remontent à notre esprit. Pas vrai?
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Petite question existentielle : les fluctuations de la météo peuvent-elles aussi avoir une incidence sur nos décisions importantes? Par exemple, s'il nous faut décider si nous devons accepter le nouveau poste qui nous est proposé au bureau, ou le refuser, se pourrait-il que le fait que, cette journée-là, il fasse soleil ou qu'il tombe des cordes pèse sur notre décision?
Impossible à savoir, me direz-vous. Eh bien, si, il est possible de le savoir. Grâce à une étude intitulée Projection bias in the car and housing markets, signée par : Meghan Busse, professeure de stratégie à l'École de management Kellogg (États-Unis); Devin Pope, professeur de science du comportement à l'École de commerce Booth de Chicago (États-Unis); Jaren Pope, professeur d'économie à l'Université Brigham Young (États-Unis); et Jorge Silva-Risso, professeur de marketing à l'Université de Californie à Riverside (États-Unis). Celle-ci montre que nous sommes plus sensibles à la météo que nous ne l'imaginons…
Les quatre chercheurs ont procédé le plus simplement du monde. Ils se sont intéressé à deux des décisions les plus importantes que l'on peut prendre dans sa vie, en ce sens que ce sont des décisions aux effets à long terme : l'achat d'une voiture et celui d'une maison. Ces achats-là vont peser sur le portefeuille de chacun des années durant, pour ne pas dire des décennies. Il s'agit donc de ne pas se tromper.
Prenons le cas de la voiture… Dans un premier temps, les chercheurs ont pu accéder à la base de données d'une firme de recherche sur la consommation – dont l'identité n'est pas divulguée dans l'étude – sur les achats de voitures aux États-Unis. Ils ont retenu de celle-ci un échantillon de 20% de toutes les voitures neuves acquises chez un concessionnaire américain entre le 1er janvier 2001 et le 31 décembre 2008. Cela leur permettait d'avoir des informations précises sur, entre autres, le modèle de voiture acheté, le prix payé et le lieu d'achat.
Dans un second temps, ils ont pu avoir la météo qu'il faisait durant chaque journée de la même période, sur les lieux-mêmes ont été faits chacun des achats de voiture de leur échantillon. C'est-à-dire qu'ils savaient quel temps il faisait exactement au moment précis où l'acheteur a glissé sa carte de crédit dans le terminal du concessionnaire pour confirmer la transaction. Oui, ils savaient la température, si celle-ci était, par exemple, supérieure à la normale, ou encore s'il faisait un beau soleil ou un temps gris qui menaçait de se transformer en pluie.
Puis, ils ont regardé s'il y avait des "anomalies" statistiques qui émergeaient lorsqu'on combinait ces deux bases de données. Oui, ils ont analysé des détails a priori aussi incongrus que de savoir si les voitures de couleur noire se vendaient plus, ou moins bien, lorsqu'il faisait beau et chaud.
Résultats? Tenez-vous bien…
> Lorsque la température dépasse d'une dizaine de degrés Celsius la température normale, les ventes de voitures décapotables bondissent ces jours-là de 8,5% par rapport à la normale.
> À la suite d'une tempête ayant laissé une accumulation d'une vingtaine de centimètres de neige, les ventes de 4x4 croissent de 2% durant les deux à trois semaines consécutives par rapport à la normale.
> Lorsque la température dépasse d'une dizaine de degrés Celsius la température normale, les ventes de voitures noires baissent ces jours-là de 5,6% par rapport à la normale.
Ainsi, il suffit qu'il fasse chaud le jour où l'on achète une voiture neuve pour que nous soyons tentés d'acheter une décapotable, et même pour le faire vraiment. Pourtant, si l'on était purement rationnels, on se dirait que la journée exceptionnellement belle que nous connaissons à ce moment précis ne va pas perdurer, et que nous n'allons guère rouler le toit ouvert, dans les prochaines années. Et pourtant, certains s'emballent et écartent la raison pour laisser toute la place au coup de cœur.
Vous voilà maintenant prévenus : il suffit d'un rien, d'un simple rayon de soleil et d'un coin de ciel bleu, pour vous faire prendre une décision importante que vous risquerez de regretter amèrement plus tard. Oui, la météo pèse sur nos choix, y compris nos choix cruciaux, comme celui d'un virage professionnel. Et elle pèse à notre insu (mais plus pour vous désormais, j'espère…).
En passant, Léonard de Vinci aimait à dire : «Jamais le soleil ne voit l'ombre».
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