BLOGUE. Innovation, innovation, innovation… Ce mot-là revient tout le temps et partout, au point de presque devenir repoussoir. «Le mot "Innovation" n'a plus de sens de nos jours, il est trop utilisé à tous bouts de champs», dit d'ailleurs, avec raison, Nathalie Arbousoff, une journaliste scientifique établie à Paris (France). D'où l'intérêt de réfléchir, tous ensemble, sur ce qu'il signifie véritablement aujourd'hui.
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J'ai ainsi lancé la discussion suivante, sur la page LinkedIn du journal Les affaires, il y a de cela un mois : «Quelle définition donneriez-vous à "Innovation" en un seul mot?». Une discussion qui a recueilli à ce jour 75 commentaires.
Qu'en ressort-il? Des choses, me semble-t-il, très intéressantes, qui permettent de se faire une meilleure idée de ce qui se cache derrière ce mot a priori fourre-tout. À commencer par une belle explication de l'enjeu de la discussion fournie par Brigitte Pelletier, représentante technique chez CR Compref :
«Pour les économistes classiques, l'innovation est réputée être l'un des moyens d'acquérir un avantage compétitif, en répondant aux besoins du marché et à la stratégie d'entreprise, dit-elle. Innover, c'est par exemple être plus efficient, et/ou créer de nouveaux produits (biens ou services, matériels ou immatériels), ou de nouveaux moyens d'y accéder.
«L'innovation possède plusieurs sens. Pour certains, il s'agit d'une démarche, pour d'autres, d'un processus, et enfin pour les derniers, d'un résultat. Pour autant, l'innovation est trop souvent rattachée à l'unique domaine technologique, limitant ainsi notre potentiel de développement, notamment dans le domaine des innovations sociétales, organisationnelles, etc.»
Autrement dit, nous avons tous des approches différentes de l'innovation, ce que l'on retrouve effectivement dans la discussion. En y regardant de plus près, on peut ranger presque toutes les définitions proposées en trois catégories distinctes :
1. Progression
Quand on parle d'innovation, on entend la notion de progression par rapport à une situation donnée. En voici quelques exemples :
> «Amélioration, ou avancement dans un projet», dit Ginette Bouffard, courtière immobilière chez Sutton-Action.
> «Dépassement», disent Dominique Sigouin, présidente d'Objectif Efficacité RH, et Martin Ducharme, président de l'agence Nyévo.
> «Surpassement», dit S. Mélançon, agent de développement chez Micromédica, à Trois-Rivières.
> «Progrès. Remise en question constante pour aller toujours plus loin, tout en améliorant la situation», dit Marie Beysang, assistante de direction chez ID Lumière, à Strasbourg (France).
> «Grandir», dit Sylvain Doucet, responsable, maintenance et logistique, chez Ubisoft Montréal.
> «Prospérer», dit Yessine Ben Hadj Brahim, manager chez Fournitures Autos & Dérivés, en Tunisie.
> «Évolution», dit Nathalie Gauthier, technicienne principale de l'information, chez BDC.
2. Changement
Pas d'innovation non plus sans changement, pour ne pas dire changement radical.
> «Innover, c'est remodeler», dit Roger Dupuy, fondateur de Hyoda Formations, à Compton.
> «Diversification», dit Suzanne Aubry-Lasry, qui était jusqu'à peu directrice principale des ventes à la SAQ.
> «L'art de penser en dehors des schèmes habituels, une qualité rare de nos jours», estime Nicole Rouillier, directrice générale du Cégep Marie-Victorin à Montréal.
> «Sortir des sentiers battus», dit Gilles Martin, président de Martin Focus Promotions.
> «Remettre en cause ce que nous tenons pour acquis», dit Maryse Sirois, chargée des communications et conseillère aux ventes chez Pro-Gestion Estrie, à Sherbrooke.
> «Changement», disent Charleine Abayi, chef de projet chez Wildlife Conservation Society, au Gabon, et Cathy Boudreau, conseillère en ressources humaines à la Ville de Montréal.
> «Rupture», dit Mohamed Hammadi, manager chez Euler Hermès Europe, à Bruxelles (Belgique).
> «Révolution!!!», lance carrément Élisa Ciss, traductrice chez LCI Sénégal.
3. Nouveauté
Innover, c'est enfin l'art de faire du neuf.
> «Créer», dit Hervé Dupraz, vendeur chez Belfius Insurance, à Bruxelles (Belgique).
> «Réenchanter», dit Andrée Pelletier, propriétaire de l'agence Maelström créatif.
> «Être précurseur», dit Mathilde Salvador, étudiante aux HEC Montréal.
> «C'est répondre à un besoin réel ou futur», dit Sébastien Simard, médecin vétérinaire au MAPAQ.
> «Avant-gardisme», disent Micheline Lantier, illustratrice, et Véronique Pépin, consultante et coach professionnelle chez Déry et associés.
Voilà tout ce qu'évoque le seul mot "Innovation". On y trouve essentiellement trois dimensions fondamentales :
> Évolution (Progression);
> Révolution (Changement);
> Avant-gardisme (Nouveauté).
Trois dimensions qui se doivent d'être combinées si l'on entend innover vraiment. Trois objectifs, donc, qu'il faut absolument viser lorsqu'on a l'ambition d'innover furieusement. Maintenant, à vous de jouer…
Pour finir, un dernier petit mot, celui d'Amélie Dugal, chargée de projets et adjointe aux opérations chez Maelström créatif, qui me semble obligatoire d'avoir en tête lorsqu'on souhaite innover : «Inspiration». (Et en plus, ça rime avec "Innovation"…)
En passant, le Français Michel Millot aime à répéter dans ses cours de design : «Il n'y a pas d'innovation sans désobéissance».
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