Vous souvenez-vous de la dernière fois où une goutte de sueur froide s'est mise à glisser dans votre dos, au travail? Lentement. Irrémédiablement. Horriblement. Vous tétanisant sur place. Avec cette seule idée en tête, martelée bien malgré vous : «Je vais me planter. C'est sûr, je vais me planter. Lamentablement.» Oui, j'en suis convaincu, vous vous en souvenez encore. Même si cela date d'une semaine, d'un mois, d'un an.
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Que s'est-il passé, au juste, à ce moment précis? C'est très simple, vous avez perdu confiance en vous. Totalement. Et si jamais cela s'est effectivement traduit par un échec retentissant, alors votre assurance en a été gravement érodée. Ce qui vous a rendu plus timoré qu'à l'habitude, dans le même type de situation stressante. Si bien que, depuis, vous vous demandez sans cesse comment regagner en confiance. Pas vrai?
La bonne nouvelle du jour, c'est que j'ai mis la main sur un vieux numéro du magazine Management qui traitait justement de la confiance en soi. Celui-ci présentait une série de quiz concoctés par Lionel Bellenger, un coach français qui a signé le livre La confiance en soi (ESF, 2012). Ainsi que des pistes à explorer pour corriger le tir, c'est-à-dire pour reprendre aussitôt le dessus lorsqu'on sent qu'on perd pied.
Pour commencer, je vous invite à indiquer si les cas de figure énumérés ci-dessous s'appliquent à vous, à l'aide du choix de réponses suivant :
A. Souvent
B. Parfois
C. Jamais
1. Je ne sais pas saisir les opportunités professionnelles.
2. J'ai tendance à être trop exigeant envers moi-même.
3. J'ai le sentiment de ne pas avoir réussi grand-chose dans ma vie.
4. Je me disperse trop, que ce soit dans mon travail ou dans le privé.
5. Lorsque la situation est compliquée, je fais comme les autres.
6. Quand je ne connais pas quelqu'un, je crois que je ne vais pas l'intéresser.
7. J'ai tendance à me vexer à la moindre remarque ou critique.
8. Après avoir pris une décision, il m'arrive de douter de son bien-fondé.
9. Quand je me lance dans un nouveau projet, j'ai peur d'échouer.
10. Si l'on me demande quelque chose, je ne sais pas dire non.
11. J'ai du mal à insister lorsque je veux obtenir quelque chose.
12. Je suis gêné quand je reçois des félicitations appuyées.
13. Je me fixe des objectifs que je sais pourtant irréalisables.
14. J'ai l'impression que la chance est réservée aux autres.
15. J'ai du mal à me consacrer du temps, à prendre soin de moi.
Bien. C'est fait? Vous avez mis un A, un B ou un C à côté de chaque affirmation? Alors maintenant, il vous faut compter le nombre de C que vous avez. Puis, consulter les commentaires qui vous concernent :
> Vous avez plus de 10 C. Vous avez une bonne (trop bonne?) confiance en vous.
«Vous osez prendre des initiatives et votre volonté flanche rarement. Vous acceptez la compétition, les difficultés vous stimulent et le jugement des autres vous indiffère. Mais attention, si vous avez coché 15 C, vous vous croyez invulnérable. Ce qui finira par vous jouer des tours», estime M. Bellenger.
> Vous avez entre 5 et 10 C. Votre confiance en vous est fluctuante.
«En certaines circonstances, notamment lorsque les difficultés sont importantes, vous pouvez baisser les bras. Face à des adversaires déclarés ou des rivalités fortes, vous perdez votre assurance.»
> Vous avez moins de 5 C. Votre confiance en vous est insuffisante.
«Même lorsque vous entreprenez une action, vous pensez que vous n'avez pas les compétences nécessaires pour la mener à bien. Du coup, vous vous interdisez beaucoup trop de choses.»
Voilà. Vous en savez à présent davantage sur vous-même, en particulier sur votre niveau global de confiance en vous. Mais ça ne suffit pas pour être en mesure de corriger le tir.
Je vais vous demander de continuer à apposer un A, un B ou un C à chacune des situations suivantes :
1. Avant de demander quelque chose à mon boss, je me dis que ça ne servira à rien.
2. J'ai tendance à généraliser : je pense alternative,ment que tout va bien ou que tout va mal.
3. Quand un événement inattendu se produit, je ne vois que le mauvais côté des choses.
4. J'exagère les problèmes ou je les nie totalement.
5. Quand un problème survient, je m'en sens responsable et je m'accuse de tous les maux.
6. Avec moi, il n'y a pas de demi-mesure : soit j'adore, soit je déteste.
7. Lorsque je me lance dans un projet, je me dis au fond de moi que je ne vais pas réussir.
8. En cas de coup dur ou de grosse fatigue, je vois tout en noir.
9. J'ai tendance à m'écraser devant les autres et à dissimuler ce que je pense vraiment.
10. Je suis très critique envers les actions et les décisions d'autrui.
11. Si je ne suis pas surchargé de travail, je me sens coupable.
12. Au restaurant, j'ai du mal à savoir ce dont j'ai vraiment envie.
13. Quand j'ai une idée en tête, il m'est très difficile de faire une croix dessus.
14. J'ai du mal à rire de moi-même.
15. Je n'aime pas discuter avec des gens qui ne partagent pas mon point de vue.
Ouf! Maintenant, un peu de calcul : il vous faut déterminer le nombre de A, de B et de C que vous avez. Puis, consulter les commentaires qui vous concernent :
> Vous avez entre 10 et 15 C. Vous avez une bonne estime de vous.
«Vous savez compter sur vous, car vous connaissez vos points forts. Votre liberté d'action est importante, parce que vous ne vous souciez pas de plaire», indique le coach français.
> Vous avez entre 5 et 10 B. Votre estime de vous est variable.
«Votre regard sur vous-même est cyclique : vous alternez les moments où vous croyez en vous et ceux où vous doutez de vos talents.»
> Vous avez un total A + B supérieur à 10. Votre estime de vous est insuffisante.
«Vous êtes beaucoup trop focalisé sur vos défauts (ou ceux que vous croyez avoir), ce qui vous empêche de penser que vous êtes la personne de la situation. Essayez plutôt de vous concentrer sur vos qualités et de prendre appui dessus.»
> Vous avez plus de 10 A. Vous manquez gravement d'estime de vous.
«Vous vous dévalorisez systématiquement, sans faire la part des choses. Personne n'est parfait : ne vous comparez pas à la représentation idéale que vous vous faites de vous-même. Interrogez-vous sur ce qui vous a incité à répondre A chaque fois que vous l'avez fait : cherchez un fait ou un exemple récent qui pourrait l'illustrer ; cela vous permettra de vous regarder en face sans vous flageller.»
Enfin, un tout dernier quiz, maintenant que vous savez si vous avez une bonne estime de vous-même, ou pas. (Ne lâchez pas, vous allez voir que cela en vous vraiment la peine!) Idem, indiquez un A, un B ou un C à chacune des phrases suivantes :
1. Lorsque je monte un projet, j'ai besoin de tout vérifier dans les moindres détails.
2. Lorsque je monte un projet, j'ai le sentiment de manquer de budget.
3. Lorsque je monte un projet, j'ai peur de manquer d'informations.
4. Lorsque je monte un projet, je ne suis pas sûr de le mener à terme.
5. Je suis angoissé à l'idée de faire quelque chose que je n'ai jamais fait.
6. Je n'utilise pas toutes mes compétences.
7. Je n'aime pas m'exprimer en public.
8. Je me méfie des confrontations serrées.
9. Je ne sors pas de ma zone de confort.
10. Je suis très critique envers mon travail.
11. Je ne me sens pas capable de mener plusieurs projets en même temps.
12. Quand une mission est mal engagée, je pense tout de suite que c'est fichu.
13. Je ne peux pas superviser seul un gros projet.
14. Je suis impressionné par l'aisance des autres.
15. Je n'ai jamais assez de temps pour bien faire.
Ça y est! À présent, comptabilisez le nombre de A, de B et de C que vous avez. Puis, consultez les commentaires qui vous concernent :
> Vous avez entre 10 et 15 C. Vous avez confiance en vos aptitudes.
«Vous êtes lucide sur ce que vous êtes capable de faire, ou pas. Du coup, les situations inédites et les difficultés ne vous font pas peur. Au contraire, elles constituent pour vous des occasions de progresser et d'acquérir de nouveaux talents», considère l'auteur de La confiance en soi.
> Vous avez entre 5 et 10 B. Votre confiance en vos aptitudes est flottante.
«Vous vous snetez tout à fait capable d'accomplir certaines choses tandis que d'autres vous semblent insurmontables. Une critique, un imprévu peuvent vous faire douter de vos moyens. Ne vous laissez pas déstabiliser : restez concentré sur votre mission et les tâches à mener à bien, vous éviterez ainsi de trop cogiter.»
> Vous avez un total de A + B supérieur à 10. Votre confiance en vos aptitudes est insuffisante.
«Tant qu'on vous demande ce que vous savez déjà faire, tout va bien. En revanche, vous êtes désarçonné par la nouveauté. Fixez-vous de 'petits' objectifs, et vous découvrirez que vous avez les reins plus solides que vous ne le pensez.»
> Vous avez plus de 10 A. Vous ne croyez pas du tout en vos aptitudes.
«Vous vous sentez bourré de défauts. Devant une situation nouvelle, vous paniquez et en oubliez vos réflexes comme votre savoir. Le recours à un coach pourrait être evisagé pour renouer avec une image plus positive de vous-même.»
Parfait. Vous connaissez à présent le degré de confiance que vous avez envers vos aptitudes professionnelles. Par voie de conséquence, vous disposez d'une vue d'ensemble des différentes facettes de la confiance en soi, plus précisément des différentes facettes de la confiance que vous avez envers vous-même. Vous en savez davantage sur vos forces et vos faiblesses : peut-être manquez-vous surtout d'estime de vous-même? Ou bien, est-ce plutôt un manque criant de confiance envers vos aptitudes? Et l'air de rien, cette nouvelle image que vous venez d'avoir de vous-même va vous permettre d'entreprendre de corriger le tir.
Comment? Eh bien, dans un premier temps, en transformant la spirale de l'échec en spirale du succès.
La spirale de l'échec? La voici résumée :
> Vous manquez de confiance en vous > Vous vous dites que vous n'y arriverez pas > L'idée de l'échec vous effraie > Vous préférez ne rien tenter > Vous n'obtenez pas ce que vous voulez > Vous ne parvenez pas à être fier de vous > Vous vous reprochez de ne pas avoir agi > Vous vous persuadez de votre 'incapacité' > Vous manquez encore un peu plus de confiance en vous > Etc.
Une spirale qu'un rien peut transformer en spirale du succès. Comme ceci :
> Au lieu de songer au fait que vous manquez de confiance en vous, vous vous fixez un objectif, même 'petit' > Vous pensez que vous allez l'atteindre > L'échec ne vous effraie plus > Vous essayez une ou plusieurs fois > Vous finissez par réussir > Vous êtes fier de vous > Vous vous sentez performant > Cela vous encourage pour des actions ultérieures > Vous vous fixez un nouvel objectif, un tant soit peu plus 'audacieux' > Etc.
Et le tour est joué! À condition, bien entendu, d'avoir consience de vos points forts et de vos ponts faibles en matière de confiance en soi, et donc de veiller à prendre appui sur ce qui fait votre force.
Bon. Les plus sceptiques d'entre vous me diront que c'est plus facile à dire qu'à faire. D'où mon invitation à découvrir des témoignages inspirants à cet égard, des témoigages recueillis à l'époque par le magazine Management. Des témoignages qui vous permettront que nul n'est à l'abri du doute, y compris ceux qui brillent par leur réussite professionnelle.
«J'ai cru à ma carrière de chanteur même quand les salles étaient vides.» - Yannick Noah, chanteur, ex-champion de tennis
«Quand j'ai commencé à chanter, certains disaient 'Il va être ridicule...', 'Il ne chantera jamais aussi bien qu'il a joué au tennis...'. Mais ça ne m'a pas touché, car il a tout de suite été clair pour moi que ma deuxième vie ne serait pas une reconversion économique, mais une passion. J'y ai cru dès ma première tournée, même quand il y avait plus de monde sur scène que dans la salle. Il faut s'amuser et saisir sa chance. Chacun a une bonne étoile : il faut juste savoir regarder, saisir les occasions. Même quand ça ne va pas, il peut en sortir quelque chose de bien.»
«Lorsque j'ai chaviré, je n'ai jamais pensé au risque de perdre la vie.» - Yvan Bourgnon, navigateur
«Mon expérience la plus éprouvante? Mon naufrage dans la Route du rhum, en 2002. J'ai dû tenir cinq jours, seul dans la coque, sans rien à manger et par gros temps. J'ai organisé mon quotidien comme si la vie continuait normalement : pomper vingt minutes, se reposer un quart d'heure, sortir pour guetter les cargos, ne pas m'endormir. Je ne pensais pas au risque de perdre la vie, mais à l'avenir, aux améliorations possibles sur le bateau, au soutien de mon équipe à terre, de mon entourage, de mes commanditaires... Pour tenir, je me suis remémoré une précédente traversée de la Méditerranée en Hobie Cat qui avait mal tourné. J'avais claqué des dents dans des creux de huit mètres pendant quatrorze heures. J'avais toutes les chances d'y rester. Mais notre résistance est plus grande si on oublie les statistiques.»
«Lors de mon ptemier procès, je me suis concentré sur mes arguments.» - Christian Charrière-Bournazel, avocat au barreau de Paris
«J'avais 29 ans quand, lors d'un stage au cabinet de Roland Dumas, celui-ci m'a demandé de plaider à sa place dans une affaire très technique. Je me suis retrouvé à défendre mon dossier contre Jean-Denis Bredin, un des ténors du barreau. Difficile de se sentir sûr de soi dans une telle situation! Je me suis alors concentré sur le dossier, sur mes arguments, sur la solidité de ma thèse. C'est la seule recette qui marche. Un avocat voit en effet sa confiance sans arrêt mise à mal par les contradictions de la partie adverse, par les procès qu'il perd, par des doutes sur la justesse des causes qu'il défend.»
Voilà. J'espère que vous vous sentez maintenant mieux armé pour lutter contre vos doutes. Et par suite, assez sûrs de vous pour - enfin! - vous jeter à l'eau, le moment venu.
En passant, le diplomate suédois Dag Hammarskjöld a dit dans Jalons : «L'humilité naît de la confiance des autres».
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