BLOGUE. Soyons francs, gagner de l'argent, c'est agréable. Et gagner beaucoup d'argent, ça l'est davantage. Mais voilà, devenons-nous pour autant plus productifs au travail à mesure que nous empochons de l'argent? Oui, redoublons-nous d'ardeur dès lors que nous sentons que nous sommes vraiment bien payés pour ce que nous avons à faire au bureau?
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Pas évident à dire, n'est-ce pas? La réponse existe pourtant bel et bien. Elle se trouve dans une étude intitulée It's not the size of the gift; It's how you present it: New evidence on gift exchange from a field experiment. Une étude signée par : Michael Luca, professeur de gestion des affaires à Harvard (États-Unis); Deepak Malhotra, professeur de négociation à Harvard; et l'un de leurs étudiants, Ducan Gilchrist.
Les trois chercheurs ont demandé à 540 volontaires d'effectuer un travail fastidieux en échange d'un peu d'argent : il s'agissait d'entrer des données dans une base de données informatique. Ceux-ci ont été répartis dans trois groupes distincts, par tirage au sort, si bien que chacun était informé du traitement réservé aux uns et aux autres :
> Groupe 1. Le paiement était de 3 dollars par heure de travail.
> Groupe 2. Le paiement était de 3 dollars par heure de travail. Toutefois, juste avant qu'ils ne se mettent au travail, les membres du groupe ont été avisés par les expérimentateurs qu'ils avaient réalisé – à leur "plus grande surprise" – qu'ils disposaient de plus d'argent que prévu, si bien qu'ils allaient les payer non pas 3, mais 4 dollars de l'heure. Bref, on leur faisait un cadeau – ce qui, bien entendu, était prévu d'avance.
> Groupe 3. Le paiement était de 4 dollars par heure de travail.
Ainsi, deux groupes étaient payés normalement, à ceci près qu'un des deux se voyait offrir un cadeau. Quant au dernier groupe, il était payé plus que les autres (mais finalement, autant que ceux qui avaient eu un cadeau). Qu'a-t-il résulté de tout cela? Deux choses…
> Le groupe 2 a été le plus productif. C'est-à-dire que ceux qui avaient eu un cadeau ont fourni un effort plus grand et plus long que les autres.
> Le groupe 3 n'a pas été plus productif que le groupe 1. C'est-à-dire que ce n'est pas parce qu'on est d'emblée mieux payé que les autres qu'on travaille plus fort et plus longtemps qu'eux.
Autrement dit, le petit cadeau a fait toute la différence. Car, à bien y regarder, deux groupes étaient payés 4 dollars de l'heure, à la différence près que pour l'un, c'était le tarif fixé dès le départ, et pour l'autre, le fruit d'une belle surprise. «L'important est donc la manière dont vous présentez les choses. Juste savoir qu'on est mieux payé qu'autrui ne pousse pas à travailler plus fort, en revanche, savoir qu'on bénéficie d'un cadeau permettant d'être mieux payé qu'autrui donne du cœur à l'ouvrage», disent les trois chercheurs de Harvard dans leur étude.
À noter une autre trouvaille faite dans le cadre de cette expérience : il y a deux catégories de personnes qui ont été plus sensibles que les autres au petit cadeau. Lesquelles? Les suivantes :
> Novices. Ceux qui ont peu d'expérience professionnelle.
> Expérimentés. Ceux qui ont beaucoup d'expérience professionnelle.
Que retenir de tout cela? Une leçon évidente…
> Il y a toujours moyen de booster la productivité des jeunes recrues et des baby-boomers de manière prolongée. Comment? Non pas en les rémunérant mieux, mais en leur offrant de "petits cadeaux financiers". Nuance!
En passant, l'écrivain français François Cavanna a dit dans Coups de sang : «Le cadeau, c'est comme la caresse : il faut le renouveler, on ne s'en lasse pas».
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