Au travail, des équipes sont plus efficaces que d’autres. Et il paraît a priori si complexe de dire pourquoi que, la plupart du temps, on se contente de dire que c’est là juste une question de “chimie”. Pour ne pas dire de “magie”.
Vraiment? Est-ce vraiment une simple question de chimie ou de magie? Non, bien entendu. Répondre ainsi, c’est en vérité refuser de vraiment se pencher sur le problème, tant sa complexité nous effraie. Pourtant, ça en vaut la peine.
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Tenez, prenons-le par un bout beaucoup plus simple. Et demandez-vous si vous, oui vous, êtes vraiment utile à votre équipe? Ce que vous accomplissez jour après jour est-il efficace? Permet-il aux autres de progresser à pas de géant vers le but visé en commun?
Pas facile à dire, n’est-ce pas? C’est juste qu’il vous manque une méthode pour parvenir à apporter une réponse claire à cette interrogation existentielle. Et devinez quoi, je crois justement en avoir déniché une dans un livre fabuleux, intitulé Le livre des décisions (Leducs Éditions, 2012) et signé par le journaliste finlandais Mikael Krogerus et le consultant suisse Roman Tschäppeler. Il s’agit du Modèle des signaux subtils…
Aux États-Unis, des chercheurs du Media Lab du MIT a observé les employés d’une grande banque, et en particulier des équipes chargées de briller par leur créativité, racontent les deux auteurs. L’objectif était de voir comment fonctionnaient les équipes les plus performantes. Très vite, ils ont noté que ce qui faisait surtout la différence était le comportement de certains individus.
Que croyez-vous que faisaient ces individus-là? Pensez-vous qu’ils étaient hypercréatifs, bondissant d’idée neuve en idée neuve? Ou pensez-vous que c’était les leaders naturels du groupe dès qu’il était question de créativité? Eh bien non, rien de tout ça :
> Hypercommunicateurs. Ces individus-là se démarquaient par le fait qu’ils discutaient énormément avec leurs collègues, de tout et de rien, à tout bout de champ. Ils se différentiaient aussi des autres par le fait qu’ils lisaient beaucoup plus de courriels que les autres, tant des courriels privés que professionnels.
Par conséquent, le principal signal subtil d’une équipe efficace, c’est la présence d’un individu qui se soucie naturellement des autres, et qui n’hésite pas deux secondes entre discuter avec un collègue et se concentrer tout seul dans son coin sur les tâches qu’il a à mener à bien. La force de l’équipe vient donc de la quantité et de la qualité des communications en son sein. Si bien que ce que l’on peut faire de mieux pour être utile à son équipe, ce n’est pas de se concentrer à fond sur son propre travail, mais de s’intéresser à fond au travail des autres.
«La communication est vitale et s’effectue à deux niveaux : d’une part ce que nous disons, d’autre part la manière dont nous le disons», indiquent MM. Krogerus et Tschäppeler.
Comment devenir un hypercommunicateur? Les deux auteurs préconisent un truc ultrasimple…
Prenez une feuille de papier et dessinez dans le coin en bas à gauche deux axes perpendiculaires, sachant que l’axe des x équivaut à “Effet” et que l’axe des y équivaut à “Importance”. Et numérotez chacun des axes de 0 à 10.
Puis, pendant une semaine, indiquez chacune de vos rencontres avec des collègues, en fonction des deux critères “Effet” et “Importance”. Prenons un exemple : vous venez de discuter deux minutes avec votre boss pour régler un détail mineur; vous pouvez donc évaluer l’Effet à 8 (le problème a été quasiment réglé aussitôt) et l’Importance à 2 (détail mineur). Prenons un autre exemple : vous venez de discuter une heure avec un collègue pour réfléchir sur un sujet crucial; on peut évaluer cela à Effet = 5 (vous avez fait ensemble de bons progrès) et Importance = 8 (sujet crucial). Dernier exemple : vous avez pris 15 minutes pour parler de vos enfants à une collègue; Effet = 4 (cette discussion vous a permis de faire un bon break avant de vous remettre à la tâche avec une ardeur accrue) et Importance = 1.
À la fin de la semaine, regardez ce que donne le dessin final et analyser comme il se doit. Le principe est simple…
Tracez deux lignes droites à partir du 5 de chaque axe. Vous verrez du même coup apparaître quatre carrés. À vous de voir où se situent la majorité de vos points glanés au fil de la semaine.
> Carré supérieur à gauche. Vous avez eu beaucoup de discussions importantes, mais suivies de peu d’effets. À l’avenir, tâchez de vous assurer que chacune de ces discussions se concrétisent, et ne restent pas que de belles paroles.
> Carré supérieur à droite. Vous avec eu beaucoup de discussions importantes, qui de surcroît ont été suivies d’effets. Bravo! Vous êtes un hypercommunicateur. Continuez sur votre lancée.
> Carré inférieur à gauche. Vous avez eu peu de discussions importantes, qui de surcroît ont été peu suivies d’effets. À l’avenir, tâchez de vous impliquer davantage dans des discussions qui comptent pour l’équipe. C’est comme cela que vous pourrez vous montrer vraiment utile.
> Carré inférieur à droite. Vous avez eu peu de discussions importantes, mais lorsque vous en avez eues, elles ont permis à l’équipe de progresser. C’est bien. Il ne vous reste, à l’avenir, qu’à vous assurer de multiplier ce genre de discussions.
Voilà. Intéressant, ce Modèle des signaux subtils, vous ne trouvez pas? J’espère du fond du coeur que vous vous en servirez, car cela vous permettra de briller comme jamais au bureau. C’est garanti.
En passant, l’écrivain français Michel Tournier a dit dans Vendredi ou les limbes du Pacifique : «Autrui, pièce maîtresse de mon univers».
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