On le sait bien, être beau aux yeux des autres, ça aide toujours. Mais cela est-il vraiment déterminant pour décrocher un poste à haute responsabilité? Et en particulier l'ultime, celui de PDG?
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C'est ce qu'ont tenu à découvrir deux professeurs de finance : Douglas Cook, de l'École de commerce Manderson (États-Unis), et Shawn Mobbs, du College de commerce Culverhouse (États-Unis). Dans le cadre de leur étude intitulée CEO appearance, ils ont utilisé une méthode originale – et très pertinente, à mon avis – pour évaluer l'impact que pouvait avoir la beauté sur l'obtention du poste de PDG…
Ainsi, les deux chercheurs américains se sont attelé à une tâche ardue : évaluer la beauté d'un PDG. En effet, quoi de plus subjectif que la notion de beauté? Ils ont alors habilement contourné le problème, en se basant sur le masque de Phi.
Le masque de Phi? C'est le masque du visage humain idéal, c'est-à-dire dont les principales mensurations sont en lien avec le nombre Phi, vous savez, celui qui correspond au résultat du calcul de (1+√5)/2, soit approximativement 1,618033. Oui, ce nombre qui, sans qu'on sache trop pourquoi, nous séduit à notre insu, si bien qu'on le retrouve dans quantité d'œuvres artistiques et architecturales marquantes : le pavage de Penrose, la musique de Xenakis, l'architecture du Corbusier, ou encore la peinture de Dali.
MM. Cook et Mobbs ont considéré 25 points de ce masque (sourcils, nez, pommettes, bouche, etc.), puis ils ont superposé à celui-ci chacun des visages de 100 PDG des plus grandes entreprises américaines qui ont obtenu leur poste entre 2000 et 2009. À chaque fois qu'ils superposaient un de ces visages, ils calculaient par ordinateur les plus infimes différences entre les traits du visage de la personne et ceux du masque de Phi. L'objectif? Évaluer l'écart global entre le visage du PDG et le visage idéal : plus l'écart était faible, plus la personne pouvait être considérée comme belle.
Simple et génial. Il suffisait d'y penser, n'est-ce pas?
Puis, les deux chercheurs ont analysé la réaction des actionnaires à la suite de la nomination de chaque PDG. Ils ont étudié les données boursières avant et après l'annonce officielle, histoire de voir s'il existait, ou pas, une corrélation quelconque entre la beauté du PDG et l'accueil qui lui a été réservé par des acteurs majeurs de l'entreprise qu'il était amené à diriger.
Enfin, ils ont apposé le masque de Phi aux principaux candidats au même poste de chacun des 100 PDG nouvellement recrutés. L'idée était alors de voir si la beauté avait pu jouer dans le choix des recruteurs.
Résultats? Fascinants :
> Une incidence indéniable. Plus le PDG est beau, plus le cours de l'action grimpe à la suite de l'annonce de sa nomination. C'est-à-dire que les actionnaires sont indéniablement sensibles à la beauté du nouveau leader.
> Une incidence parfois accrue. L'effet positif de la beauté du nouveau PDG est accru lorsque celui-ci œuvrait auparavant au sein de l'entreprise dont il a pris la tête.
> Un atout particulier. De manière générale, plus un candidat au poste de PDG est beau, plus il a de chances d'être choisi. La beauté du candidat au poste de PDG est un élément d'autant plus prépondérant que les autres candidats présentent des profils professionnels sensiblement similaires (compétences, expérience, etc.). Inversement, la beauté n'entre guère en ligne de compte si l'un des candidats surclasse a priori nettement les autres par ses compétences ou son expérience.
> Les femmes surtout. Les femmes PDG sont, en général, nettement plus proches du canon de la beauté (en l'occurrence, le masque de Phi) que les hommes PDG. C'est-à-dire qu'il semble que le critère de la beauté soit un élément encore plus déterminant pour elle que les hommes lorsqu'il s'agit de décrocher un tel poste.
«Notre étude montre que la beauté est un critère important pour l'obtention du poste de PDG, mais qu'il n'est toutefois pas déterminant. De fait, il y a des cas de figure où il compte peu, voire pas du tout», notent MM. Cook et Mobbs dans leur étude, en soulignant que l'on gagnerait à être davantage vigilant à ce biais que nous avons tous, à notre sensibilité à la beauté d'autrui lorsqu'il s'agit de lui confier des grandes responsabilités.
Que retenir de tout cela? Une chose très simple, me semble-t-il :
> Vous visez de nouvelles responsabilités? Soignez votre apparence si vous savez que les autres candidats présentent un CV similaire au vôtre. En revanche, ne vous préoccupez pas outre mesure de votre apparence et misez à fond sur ce qui vous distingue des autres si vous savez que vous avez un atout en poche susceptible de faire la différence.
En passant, le philosophe français Voltaire disait : «La beauté n'est qu'un piège tendu par la nature à la raison».
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