BLOGUE. Même l'été, on peut être stressé au travail. Il y a toujours cet éternel dossier à boucler, il y a toujours ces gens injoignables, il y a toujours ce collègue irritant qui, lui, semble ne jamais prendre de congés. Bref, il y a mille et une raisons pour être tendu.
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Petite question : comment faire pour diminuer son stress d'un coup? En particulier juste avant de devoir affronter un moment difficile, comme la présentation d'un rapport ou l'entretien d'évaluation de mi-année? Eh bien, il existe un truc ultrasimple identifié par trois chercheurs de l'Université technique de Munich (Allemagne) : Jürgen Beckmann, professeur de psychologie du sport, ainsi que Peter Gröpel et Felix Ehrlenspiel, deux de ses étudiants.
Dans le cadre de leur étude intitulée Preventing motor skill failure through hemisphere-specific priming: Cases from choking under pressure, les trois chercheurs allemands ont regardé si l'instauration d'un petit rituel pouvait permettre aux champions sportifs de briller davantage qu'à l'habitude. Quel rituel? Tout simplement… presser une balle en mousse de la main gauche durant trente secondes avant d'exécuter leur performance!
Il a ainsi été demandé à 30 joueurs de soccer semi-professionnels d'effectuer six tirs au but d'affilée, durant une séance d'entraînement. Puis, le lendemain, de faire la même chose, mais là, devant un public de 300 personnes qui attendaient fébrilement de voir en direct sur écran géant le match Allemagne-Autriche. Résultat? Ceux qui avaient compressé une balle en mousse de la main gauche ont aussi bien réussi à l'entraînement que devant public, alors que ceux qui l'avaient pressé de la main droite ont, eux, craqué sous la pression.
Idem, 20 adeptes du taekwondo ont dû faire une série très technique de coups de pieds sur un sac de sable suspendu à l'entraînement. Puis, exécuter le lendemain la même série, cette fois-ci sous l'œil de caméras et de maîtres de cet art martial coréen. Là, ceux qui avaient pressé auparavant la balle en mousse de la main gauche ont mieux réussi sous pression qu'à l'entraînement, tandis que le phénomène a été inverse pour les autres.
Enfin, une vingtaine de joueurs de badminton chevronnés se sont entraîné au service, puis ont enchaîné avec des parties filmées et observées par des entraîneurs. Une fois de plus, ceux qui avaient auparavant écrabouillé de la main gauche une balle en mousse se sont montré nettement plus performants que les autres.
Autrement dit, il a suffi de presser de la main gauche une bête balle en mousse durant trente secondes pour que des champions sportifs enregistrent de meilleurs résultats une fois sous pression. De la main gauche, et pas de la main droite.
Comment expliquer ce mystère? «Pour nombre d'athlètes, les mouvements les plus efficaces sont ceux qui sont devenus automatiques à force de s'y exercer. Ces mouvements leur deviennent naturels : ils sont le mieux exécutés lorsque l'athlète n'y songe pas. Or, l'automatisme des mouvements relève souvent de l'hémisphère droit du cerveau. D'où l'intérêt d'instaurer un petit rituel impliquant la main gauche – commandée par l'hémisphère droit –, comme de presser une balle en mousse, histoire d'apaiser directement l'hémisphère droit juste avant l'effort», indique Jürgen Beckmann.
On le voit bien, les trois chercheurs allemands ne sont pas vraiment en mesure d'expliquer ce qui se passe au juste dans le cerveau au moment où l'on presse une balle en mousse de la main gauche ou droite. C'est qu'ils ne sont pas des experts en neuroscience. Mais cela ne les a pas empêché d'avoir mis au jour un phénomène remarquable.
Par conséquent, s'il vous faut relever un défi professionnel impressionnant, il vous est tout à fait possible d'amoindrir le stress qui vous envahit à la dernière minute. Le truc est ultrasimple :
> Pressez une balle en mousse durant trente secondes… de la main gauche!
Cela conditionnera votre cerveau à agir par réflexe, et surtout à ne plus ruminer les craintes que vous avez. «La rumination peut nuire à la concentration et à la performance d'une personne. D'ailleurs, les athlètes qui réussissent le mieux sont en général ceux qui sont les plus détendus avant le début de la compétition, pas ceux qui sont préoccupés par ce qui les attend», dit M. Beckmann.
Voilà. Il ne vous reste donc plus qu'à trouver une balle en mousse rigolote pour le bureau, et à ne surtout pas vous tromper de main.
En passant, l'écrivain français Gustave Flaubert aimait à dire : «Le succès est une conséquence et non un but».
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