BLOGUE. J'ai un petit test rigolo pour vous, aujourd'hui : redressez la tête et regardez tout autour de vous, pour observer discrètement vos collègues. Et puis, comptez le nombre de personnes qui sourient, ou du moins qui ont l'air d'avoir du plaisir dans ce qu'elles font. Allez-y, faites-le maintenant!
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Alors? Le constat est-il affligeant? Vous voilà déprimé pour la journée? La bonne nouvelle du jour, c'est qu'il y a moyen de changer les choses. Non pas en vous mettant à faire subitement le clown pour dérider tout le monde – quoi que… –, mais en commençant par positiver vous-même.
C'est ce que j'ai découvert dans une étude passionnante, intitulée The upward spirals in team processes: Examining dynamic positivity in problem solving teams. Celle-ci est signée par : Nale Lehmann-Willenbrock, professeure de psychologie à l'Université Vrije d'Amsterdam (Pays-Bas); Ming Ming Chiu, professeur d'éducation à l'Université de Buffalo (États-Unis); Zhike Lei, professeure de management à l'École européenne de management et de technologie (ESMT) de Berlin (Allemagne): et Simone Kauffeld, professeure de psychologie à l'Université technique de Braunschweig (Allemagne). Elle montre que le simple fait d'être positif au travail à des répercussions inimaginables…
Ainsi, les quatre chercheurs ont eu l'idée de filmer des réunions de travail d'employés pour voir dans quelle mesure les participants y positivaient, et l'impact que cela avait quand cela se produisait. Ils ont étudié deux PME allemandes, l'une œuvrant dans le secteur de l'énergie électrique, l'autre dans celui de l'automobile. Dans la première, ils se sont intéressés aux réunions de 28 équipes différentes, composées en général de 5 à 7 personnes; et dans la secondes, aux réunions de 15 équipes composées d'à peu près le même nombre de personnes. Chaque réunion durait entre 40 et 70 minutes, et visait toujours le même objectif, à savoir trouver des trucs pour améliorer la productivité de l'équipe.
Puis, les chercheurs ont visionné tous ces vidéos, à la recherche de signes de positivisme. De quoi? De signes de positivisme, c'est-à-dire «des comportements ou des déclarations démontrant une attitude ou une intention constructive, empreinte de confiance et d'optimisme, et se traduisant par une affirmation, un accord ou une permission», d'après l'étude.
Des exemples de signes de positivisme sont, entre autres, des phrases comme «Ça a l'air intéressant, comme idée», «Ça, ça pourrait marcher» et «Il faudrait qu'on envisage ça sérieusement». Ou encore, des gestes comme un pouce levé, un clin d'œil complice ou une tape dans le dos. De tels signes, les chercheurs en ont dénombré un total de 43 139.
Enfin, ils ont concocté un modèle de calcul économétrique visant à évaluer la probabilité que se produise un geste de positivisme dans une réunion. Et ce, en tenant compte de différentes variables, comme la fréquence à laquelle surviennent en moyenne de tels signes, la durée de la réunion et le nombre de participants à celle-ci.
Résultats? Accrochez-vous bien…
> Le positivisme engrange le positivisme. Quand un participant à une réunion envoie un signe de positivisme, il y a 17% plus de chances que celui qui prend la parole juste après envoie à son tour un signe de positivisme.
> La solution, pas le problème. Quand un participant tourne ses phrases autour d'une solution, et non du problème rencontré, il y a plus de chances que celui qui prend la parole après lui envoie un signe de positivisme. C'est simple, si l'on se met à parler d'une solution, on se met à positiver, et si l'on se met à parler du problème, on s'enfonce dans le pessimisme.
> La discussion , pas le monologue. Plus les interlocutions sont courtes et nombreuses, plus les signes de positivisme ont tendance à augmenter. Et inversement, plus un interlocuteur prend la parole longtemps, moins il y a de chances que le suivant envoie un signe de positivisme.
> Le positivisme améliore la performance. Plus on dénombre de signes de positivisme envoyés lors d'une réunion, plus il y a de chances que l'équipe, par la suite, améliore sa performance au travail. (C'est ce qu'ont noté les chercheurs, après avoir demandé à des chefs d'équipe indépendants d'évaluer les chances de réussite d'améliorer la productivité des participants, au regard du vidéo.)
Pas mal, n'est-ce pas? Qui aurait cru, avant cela, que le simple fait d'adopter une attitude positive à une réunion pouvait avoir un tel impact? Soyons honnêtes, pas grand monde…
Maintenant, on peut dégager de cette étude plusieurs implications pratiques. Je vous en propose trois :
1. Multipliez les signes de positivisme. N'attendez pas que les autres le fassent, commencez par, vous-même, envoyer des signes d'encouragement aux autres. Comme l'optimisme est contagieux, vous verrez cela faire le tour du bureau pour finir – qui sait? – par vous revenir.
2. Démarrez vos réunions par des signes de positivisme. Parlez, par exemple, de solutions envisageables, plutôt que de vous étendre sur le problème rencontré. Et parlez-en le plus tôt possible dans la réunion, car cela permettra aux autres de positiver à leur tour plus qu'à l'habitude.
3. Cédez la parole à la première main levée. Puisque le simple fait de multiplier les prises de parole amène à davantage de positivisme, veillez donc à ne surtout pas garder la parole outre mesure. Et même, à couper la parole de ceux qui s'éternisent.
Voilà. À vous de jouer!
En passant, Léon Daudet, le fils aîné d'Alphonse et lui-même écrivain, a dit dans ses Souvenirs : «Autant l'optimisme béat, c'est-à-dire inactif, est une sottise, autant l'optimisme, compagnon de l'effort, est légitime».
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