Être un bon leader, qu’est-ce que c’est, au juste ? Chacun a son opinion sur le sujet, ça va de soi. Néanmoins, je ne pense pas qu’on puisse dire, en ce début de 21e siècle, que c’est quelqu’un qui sait commander et contrôler. Car c’était l’apanage du leadership du siècle passé. De nos jours, je pense – je sais que je suis loin d’être le seul – que c’est avant tout quelqu’un qui sait agir en accord avec lui-même. Parce que tout part de là. Fondamentalement.
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Un livre remarquable explicite ce point : Être patron sans perdre son âme (Payot, 2013), de Marie-Christine Bernard, une spécialiste en anthropologie et en théologie qui pratique depuis une dizaine d’années le coaching spirituel et managérial.
Je ne résiste d’ailleurs pas au plaisir de partager avec vous un extrait de cet ouvrage on ne peut plus inspirant, titré Avoir le courage d’être vrai…
«Les raisons du décalage entre être et paraître sont multiples. Prenons simplement acte qu’il est très important pour un patron de ne pas « sonner faux » dans ses relations avec ses partenaires et ses collaborateurs. Être soi, en personne ; exprimer ses valeurs et son projet d’entreprise sans complexe, mais sans apparences trompeuses ; rester cohérent avec sa fonction, qui est bien de diriger et de diriger bien, voilà ce que signifie être vrai. Autant dire, solide, fiable.
«Avoir une bonne estime de soi permet de vivre à sa propre mesure et conduit naturellement à faire des choix d’organisation, de présentation, de culture d’entreprise qui sont à bonne hauteur. Et si une originalité doit apparaître ici, elle ne sera pas alors le résultat d’une recherche de singularité à tout prix, mais l’expression même de cette singularité. (…)
«Le courage d’être vrai se joue dans la relation avec soi-même comme avec les autres. Sur ce terrain, l’assertivité est une attitude profitable qu’il est donc recommandé de cultiver.
«L’assertivité, c’est l’aptitude à définir et à exprimer clairement sa position présente, vis-à-vis de soi-même et vis-à-vis de l’interlocuteur (personne ou groupe), quelle que soit la situation, de façon raisonnable (avec un minimum de pathos et un maximum d’intelligence). On pourrait traduire l’idée par le fait d’appeler un chat un chat. Mais quand il s’agit d’une impression ou d’un ressenti, surtout négatif (ressentir de l’agressivité, de la déloyauté, un double langage), ou d’une situation conflictuelle, d’un état de désaccord, ce n’est pas si facile. C’est pourquoi lassertivité suppose :
– une attitude d’écoute : de soi, de l’autre, de l’environnement ;
– une capacité de clarté dans l’expression verbale et de justesse dans la tonalité ;
– un niveau correct d’exigence éthique : désir de non-violence, reconnaissance de l’autre dans sa dignité, volonté de relations apaisées, saines, de traversée de conflits, aspiration à être vrai dans les critiques comme dans les compliments, etc.
«Elle demande :
– de la réflexion personnelle ;
– la prise en compte positive de ses émotions ;
– de la prise de risque : accepter de remettre en question, comme de se remettre en question, de se démarquer parfois, de décevoir, de faire sortir un conflit latent, etc.
«C’est en s’y entraînant qu’on y parvient.
«Elle a comme avantages à long terme :
– une meilleure communication ;
– une baisse de stress ;
– une plus-value narcissique : j’apprends à m’assumer mieux ;
– un gain en efficacité : grâce à la fluidité des relations, à la motivation des personnes à s’impliquer dans la mesure où elles se sont vraiment senties prises au sérieux dans la relation ;
– un plus grand sentiment d’unité intérieure : du fait d’éprouver un meilleur accord en soi entre ce que je ressens, ce que je dis et ce que je fais.
«L’assertivité est une attitude contagieuse : lorsque le patron le pratique, ses collaborateurs non seulement apprennent à le faire, mais ils se sentent aussi autorisés, encouragés à le faire. Et elle est l’un des meilleurs stimulants à la créativité.»
Voilà. Pour un leader digne de ce nom, le courage d’être vrai passe par l’adoption dans son quotidien au travail de l’assertivité. Et donc, par l’acceptation de se montrer :
➢ Honnête. C’est-à-dire respectueux de l’éthique, en tous temps, en particulier lorsque la tentation est forte de franchir la ligne jaune. Et ce, envers soi comme envers autrui.
➢ Clair. C’est-à-dire limpide dans ses idées et sa façon de les communiquer à autrui. Attention toutefois à ne pas confondre clarté et transparence, car, soyons honnêtes, un leader ne peut faire preuve de transparence sans prendre de risques inconsidérés (comme de semer la panique au sein de son équipe, s’il partageait avec elle ce qui l’empêche de dormir).
➢ Ouvert. C’est-à-dire disposé à écouter attentivement ce que les autres, et son environnement, lui communique comme informations. Surtout si celles-ci contredisent ses propres idées.
Alors ? Oserez-vous être vrai, cette année ? En tous cas, n’hésitez pas à me le faire savoir, dans les semaines qui viennent.
En passant, le philosophe allemand Karl Jaspers aimait à dire : «Celui qui veut être vrai doit risquer de se tromper».
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