BLOGUE. C'est plus fort que nous, nous râlons à longueur de journée. Nous râlons même tellement que nous ne nous en rendons même plus compte. Nous râlons pour un rien, pour un quidam qui ne marche pas assez vite à notre goût, pour un ordinateur qui plante sans prévenir, pour un nuage noir qui passe au-dessus de notre tête… C'est sans fin.
Découvrez mes précédents posts
Suivez-moi sur Facebook et sur Twitter
L'air de rien, ces râleries quotidiennes grugent notre énergie, pour ne pas dire notre joie de vivre. Elles nous font voir le mauvais côté des choses, elles orientent nos pensées vers des impasses, elles nous font considérer les autres plus comme des nuisances que comme des ressources. Elles nous empêchent de vivre normalement.
La coach française Christine Lewicki l'a réalisé un peu par hasard, un jour de 2009. Allongée dans son lit, elle ne parvenait pas à trouver le sommeil et gambergeait, les yeux grands ouverts. Elle cherchait comment faire en sorte que son quotidien soit source de plus de légèreté et de satisfaction, au lieu d'être stressant et chaotique, comme l'est toute journée de travail banale. «En y réfléchissant, j'ai compris quel grand gâchis c'était de laisser s'écouler sans leur trouver d'attraits toutes ces heures «normales» de ma vie, et encore plus de les subir», dit-elle.
Le véritable déclic est survenu quelques semaines plus tard, lors d'un dîner avec des amis. «Nous avons commencé à parler des gens qui râlent tout le temps. Nous sommes tombés d'accord, c'est minant d'être entouré de râleurs. Et là, je me suis entendu dire : Ah! Les gens qui râlent tout le temps, c'est franchement nul, ils perdent leur temps... Tout à coup, j'ai eu un flash, j'ai pris conscience que j'étais en train de râler sur les râleurs!», poursuit-elle.
Résultat? Mme Lewicki a eu l'idée de relever un défi personnel : mener à bien l'opération «J'arrête de râler!» en 21 jours. Pourquoi en trois semaines? «Aux États-Unis, où je vis depuis une dizaine d'années, ce genre de challenge en 21 jours pour changer une habitude de vie (perdre du poids, s'astreindre à un sport, arrêter de fumer…) est assez courant, et je me suis dit Pourquoi pas?», explique-t-elle. De ce défi est ensuite né un livre intitulé - on s'en serait douté -, J'arrête de râler! (Eyrolles, 2011).
On y découvre, pour commencer, les principales raisons pour les quelles nous râlons:
- Parce que nous voulons préserver notre bonheur, mais adoptons une stratégie peu efficace;
- Pour faire comme tout le monde;
- Parce que nous voulons de l'aide, mais préférons ruminer au lieu de réclamer clairement;
- Par pur automatisme;
- Pour rire ou faire de l'humour;
- Parce qu'on est résigné;
- Pour briller;
- Pour amener plus de monde à partager notre point de vue;
- Pour nous insurger.
Un exemple tiré du livre : râler pour briller…
«On diminue l'autre (le chauffard sur la route, un collègue au travail, le boss…) pour tenter de démontrer qu'on lui est supérieur. C'est en fait l'expression d'un grand besoin de reconnaissance, d'un manque d'estime de soi. (…)
«Le besoin de reconnaissance est primordial chez l'homme, et il ne faut surtout pas le négliger. Le psychologue Abraham Maslow s'est beaucoup intéressé à ce sujet lorsqu'il a voulu définir les leviers de la motivation. Pour cela, il a réalisé une étude approfondie auprès d'étudiants d'université. De cette recherche est née sa célèbre hiérarchie des besoins humains:
> Besoins primaires : Besoins physiologiques > Besoins de sécurité.
> Besoins secondaires : Besoins d'appartenance > Besoin d'estime > Besoins de réalisation.
«D'après lui, un besoin supérieur ne peut être pleinement satisfait qu'après la satisfaction des besoins primaires. Il estime que les besoins d'appartenance et d'estime doivent être comblés avant ceux de réalisation et d'accomplissement. Or, nous vivons aujourd'hui nos vies à 300 à l'heure, dans nos études, puis dans notre travail et nos projets, bref, dans tout ce qui pourrait satisfaire notre besoin de réalisation. Nous nous fixons des objectifs et des délais parce que nous voulons réussir, faire la différence, prouver aux autres notre utilité ou nos capacités… Et malheureusement, trop souvent, nous ne sommes pas au meilleur de nous-mêmes. Nous dérivons et nous râlons, car nos besoins d'estime n'ont pas été comblés. (…)
«Râler est une stratégie pour générer de la reconnaissance, de l'estime. En disant par exemple : J'avais pourtant ben dit que cette idée était ridicule, on ne m'écoute jamais. On se met soi-même au-dessus des autres. On veut briller. Ainsi, d'une manière générale, j'ai pu identifier qu'à chaque fois que quelqu'un parle «des gens», on peut être sûr qu'il est en train de râler pour briller.
«La question importante est : comment obtenir de la reconnaissance et augmenter mon estime, sans passer par des râleries? Et si nous commencions par nous apprécier nous-mêmes un peu plus? Et si nous prenions chaque jour le temps de célébrer ce que nous avons accompli, même les plus petites réussites?»
Dans son livre, Mme Lewicki fournit sa méthode pour parvenir à ne plus râler du tout, ou presque. Elle égrène les conseils. En voici quelques-uns:
«Quand vous commencer à relever le défi des 21 jours, essayez de ne pas râler pendant la première heure qui suit votre réveil. Choisissez le bonheur et commencez votre journée sans râler, et vous verrez que votre journée sera pleine de merveilleuses raisons de continuer ainsi. Dans les lieux que vous fréquentez - les ascenseurs, le métro… -, soyez attentif à ne pas contribuer aux râleries environnantes. Osez être différent, même autour de la machine à café!»
«Plutôt que de râler en se posant en victime - Y en a marre, les enfants! Ça fait trois fois que j'appelle pour le couvert et personne ne m'aide! C'est toujours pareil! -, parlez aux personnes concernés et exprimez clairement vos besoins – J'ai très envie qu'on passe un bon repas en famille, et pour ça, il me faut un petit lutin pour mettre les assiettes et un autre pour mettre les couverts. Qui veut faire quoi?»
«Identifiez votre «râlerie réflexe». Au début du défi, pendant quelques jours pour commencer en douceur, concentrez-vous dessus pour ne plus l'exprimer. Si nécessaire, faites en sorte de soulager votre frustration. Si vous avez mal au dos, arrêtez-vous et prenez le temps de faire des étirements. Si vous souffrez d'être en retard, obligez-vous à partir 10 minutes plus tôt.»
«Notez les fois où vous râlez sous couvert de la rigolade. Apprenez ensuite à faire la différence entre les vraies bonnes blagues et celles qui cachent en fait des moqueries, un message de frustration ou encore un jugement négatif.»
«Tous les jours, prenez le temps de célébrer ce que vous avez accompli plutôt que de vous accabler de reproches pour tout ce qu'il vous reste à faire. Régulièrement, demandez-vous de quoi vous êtes fier. Le cas échéant, notez votre réponse sur un bout de papier que vous apposerez sur votre miroir, ou un endroit où vous pourrez le voir facilement.»
Inspirant, n'est-ce pas?
En passant, une petite blague du Chat de Geluck :
«Les gens sont cons, les gens sont nuls, les gens sont méchants!
- Mais, vous savez, ils disent peut-être la même chose de vous.
- Ah! Et en plus, les gens sont médisants!»
Découvrez mes précédents posts