PRÉVISIONS 2016– Quelle est ma prédiction pour l'année à venir? Elle est très simple: vous allez découvrir le leader qui sommeille en vous! Oui, vous allez enfin saisir ce concept extraordinaire du leadership, et le mettre en application dans votre quotidien au travail. Et ce, pour votre plus grand bonheur (et celui de ceux qui vous entourent)!
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Une petite explication s'impose, bien entendu. Une explication lumineuse, que je dois à Linda Ginzel, professeure de psychologie managériale à l'École de commerce Booth de l'Université de Chicago (États-Unis), et à sa fabuleuse trouvaille qu'elle appelle le «capital de leadership». Voyons ensemble de quoi il s'agit...
Pour commencer, je vais vous demander de faire un exercice qui ne vous prendra que quelques instants. Munissez-vous d'une feuille et d'un crayon, puis indiquez toutes les qualités que doit présenter un vrai leader, à vos yeux. Allez-y, rédigez autant de qualificatifs que vous voulez.
C'est fait? Parfait. Maintenant, je peux vous dire que je suis sûr que si vous compariez votre liste à celle de quelqu'un d'autre, les deux seraient grandement semblables: un leader, avez-vous certainement noté, c'est, entre autres, une personne qui a une vision, qui est apte à gérer le changement, qui innove avec passion, qui est courageuse, ou encore qui étouffe les autres par son omniprésence. Pas vrai?
Comment ai-je pu voir si juste? Ce n'est pas sorcier: nous avons tous en tête une image stéréotypée du leader. Et donc, une image faite de clichés, et par conséquent, complètement à côté de la plaque.
Vous n'êtes pas convaincu? Bien, alors je vous invite à faire le même exercice concernant, cette fois-ci, le manager (ou «gestionnaire», si vous préférez). Quelles sont les qualités que doit présenter un vrai manager? Si, si, faites cet exercice-là, ça en vaut vraiment la peine.
C'est fait? Bon. Idem, je suis prêt à mettre ma main au feu que se trouve dans votre liste des choses comme «quelqu'un qui bosse dur tout le temps», «quelqu'un qui est entre le marteau et l'enclume», «quelqu'un qui pense sans cesse à atteindre les objectifs fixés», ou encore «quelqu'un qui est relativement plate». Est-ce que je me trompe? Vous voyez. C'est juste que, là aussi, nous avons en tête une image stéréotypée, et donc erronée, du manager-type.Comment expliquer un tel phénomène? Sommes-nous tous idiots à ce point, de nous contenter ainsi de clichés? Non, je vous rassure. C'est normal. La faute en revient, d'après la professeure de Booth, à Raymond Cattell, un psychologue américano-britannique qui a signé en 1954 un article intitulé Being a leader. Un article qui sert toujours de référence en matière de leadership, dans lequel il indiquait que tout leader digne de ce nom présentait systématiquement une poignée très précise de traits psychologiques. Lesquels? Voici la liste :
> Stabilité émotionnelle;
> Domination;
> Enthousiasme;
> Conscience;
> Audace sociale;
> Estime de soi;
> Comportement compulsif;
> Intuition;
> Empathie;
> Charisme.
Si vous retournez un instant à votre liste, vous allez voir que tout ce que vous avez indiqué peut être rangé dans ces catégories-là. Tout. Voilà pourquoi, vous comme moi, nous fonctionnons par clichés à propos du leadership: nous avons tous ancré en nous cette liste-là dès lors que nous songeons à ce que doit être un vrai leader; ou même un vrai manager, à ceci près que nous percevons a priori le manager - autre cliché! - comme un «sous-fifre» du leader.Le hic, dans tout ça? C'est que cela nous amène à considérer le leadership comme quelque chose d'essentiellement inné, alors qu'en vérité «le leadership est un choix», comme le dit Mme Ginzel. En effet, nous avons tendance à croire que, déjà tout petit, le leader était un enfant qui osait défier l'autorité, qui avait une forte estime de lui-même, qui brillait par ses idées originales, ou encore qui était écouté des autres dès qu'il prenait la parole. Alors - j'appuie fortement sur ce point - qu'il n'en est rien.
Non, le leadership n'est pas essentiellement inné ; oui, il est essentiellement acquis!
«En fait, il n'y a rien de purement inné dans le leadership. Les différentes attitudes qu'adopte un leader concernent toutes des aptitudes qui peuvent être apprises, travaillées et encouragées dans le cadre du quotidien au travail. Et ce, quel que soit le poste qu'on occupe», dit Mme Ginzel.
Prenons un exemple concret... Imaginons une employée qui répond aux attentes, qui est agréable à vivre et qui est fiable. Disons qu'elle est appréciée de tous ceux qui la côtoient. Ajoutons enfin qu'elle n'est pas franchement extravertie et qu'elle n'affiche pas d'emblée certains traits qu'on associe en général aux leaders, comme l'usage constant d'une autorité naturelle. En raison de nos clichés, chacun l'empêchera inconsciemment de devenir le leader d'un projet, par exemple, parce qu'il lui manque des cartes maîtresses à son jeu.
Ce qui est une lourde erreur, car on écarte ainsi tout ce qu'elle peut apporter à son équipe, comme, disons, ses talents secrets pour créer une bonne ambiance de travail au sein d'un groupe, pour encourager chacun à atteindre ses objectifs, ou encore pour aider chacun à être bien organisé - ce qui, on s'entend, pourrait faire toute une différence à propos d'un projet complexe. De fait, ce n'est pas parce qu'on est plus introverti qu'extraverti qu'on ne peut pas être un excellent leader (pensez, entre autres, à Mark Zuckerberg ou à Bill Gates). On le voit bien, il suffirait de pas grand-chose pour qu'elle puisse agir en leader, et permettre à son équipe de réaliser ce qu'elle n'a encore jamais pu réaliser.
Quoi, au juste? Eh bien, il suffirait de changer notre propre perception du leadership. Facile à dire, me direz-vous. La bonne nouvelle du jour, c'est que c'est également facile à faire!
Comment? Tout bonnement en faisant vôtre, comme le préconise Mme Ginzel, l'équation de Kurt Lewin, un psychologue américain d'origine allemande, qui figure dans son livre de 1936 intitulé Principles of topological psychology :C = f(PE)
Où : C correspond au Comportement ; f, à fonction ; P, à Personne, soit non pas notre personnalité, mais nos valeurs profondes et nos rêves de vie ; et E, à Environnement, soit l'écosystème dans lequel nous évoluons jour après jour et dans lequel il nous faut grandir non pas au détriment des autres, mais en harmonie avec eux.
Autrement dit, notre comportement est toujours une simple fonction de la personne que nous sommes et de l'environnement dans lequel nous nous trouvons. Si bien que si nous entendons, dès demain, agir en leader, il nous suffit d'agir sur les deux leviers que sont notre Personne et notre Environnement. C'est tout.
Si l'on souhaite modifier le comportement de quelqu'un au travail, par exemple l'inciter à faire preuve de davantage de leadership, cela peut se faire le plus simplement du monde, en lui donnant moins d'ordres et en exerçant sur elle moins de contrôles, tout en la mettant en situation d'assumer davantage de responsabilités en lien avec ses talents. Ou mieux, si cela est possible, d'agir soi-même en ce sens, afin d'exercer le type de leadership qui est le nôtre, c'est-à-dire une forme de leadership qui s'appuie plus sur nos forces que sur nos faiblesses.
Et ce - c'est là un point crucial -, en ayant toujours en tête l'équation de Lewin, C = f(PE), afin de nous rappeler à tout instant qu'il nous faut agir sur notre Personne et sur notre Environnement. Toujours, je le souligne.
Pour ceux qui ont un peu de mal avec les équations, la professeure de Booth invite à considérer que chacun de nous a un «capital de leadership» et que celui-ci peut aisément grandir si on agit en conséquence, ou diminuer si, au contraire, on baisse les bras. Le principe est identique à celui des personnages d'un jeu de rôles: au lieu de considérer des Points de Vie (PV), vous disposez de Points de Leadership (PL); et au fur et à mesure que vous assumez des responsabilités, ou encore menez à bien des projets, vous gagnez des points et atteignez de nouveaux niveaux de difficulté. C'est là votre capital de leadership, et il ne dépend que de vous de le faire progresser, ou régresser!
D'où ma prédiction pour 2016: maintenant que vous avez saisi ce qu'est vraiment le leadership, je suis sûr et certain que vous allez vite découvrir le leader qui sommeille en vous! Qu'en pensez-vous?
En passant, l'humoriste français Coluche disait : «Si on reste sur place, on recule».
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