Avez-vous la moindre idée du temps que vous passez à dormir ? Non, non, je ne parle pas des moments où vous dormez au travail au lieu de travailler. Je parle du temps de votre vie que vous consacrez à roupiller dans votre lit. Alors ? Une suggestion ? Accrochez-vous bien, voici la réponse : en général, 32 années de votre vie (pour quelqu’un vivant jusqu’à l’âge honorable de 90 ans). Soit un peu plus du tiers de votre existence !
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Maintenant, j’ai une autre question pour vous : à votre avis, est-ce trop ou pas assez ? Oui, trop ou pas assez pour être en pleine forme, et mieux, pour être heureux dans la vie, en particulier durant les heures passées au travail (les plus belles de la journée, puisque de 9 à 5) ? Ou, si vous préférez : considérez-vous que vous-même vous dormez trop, pas assez, ou bien juste ce qu’il faut ? Difficile à dire, n’est-ce pas ?
Aussi, je vais vous demander d’estimer le nombre d’heures où vous dormez, la nuit. En général, bien entendu. À noter que je parle là des heures où vous dormez réellement, pas celles où vous êtes allongé au lit en train de lire un polar ou… de faire tout autre chose. Je parle de l’instant où vos yeux se ferment d’eux-mêmes et de celui où ils s’ouvrent d’eux-mêmes.
Bien. Regardons à présent ce qu’a récemment mis au jour une étude sur le sujet. Une étude passionnante intitulée Sleep duration and life satisfaction et signée par Alan Piper, chercheur en économie à l’Université de Flensbourg (Allemagne).
Le chercheur s’est plongé dans une base de données dénommée Sozio-oekonomisches Panel (SOEP), qui regroupe une foule d’informations socio-économiques sur les Allemands. Deux types de données l’intéressaient : d’une part, toutes celles relatives au sommeil des Allemands ; d’autre part, toutes celles en lien avec leur niveau de satisfaction dans la vie. Pourquoi ? Pour regarder s’il y avait la moindre corrélation entre les deux, ces dernières années (de 2008 à 2012).
Résultat ? Limpides :
> Un lien évident. Il y a sans l’ombre d’un doute un lien de cause à effet entre la quantité de sommeil d’une personne et son niveau de satisfaction dans la vie. Ce qui n’est pas, on en convient, une grande découverte : il est évident que si vous passez une nuit trop courte, le lendemain, vous allez déchanter, à tel point que votre bonheur va en prendre un méchant coup.
> 8 heures, la durée idéale. En général, les Allemands dorment 7 heures par nuit en semaine, et presque 8 heures par nuit en fin de semaine. Et ce, peu importe le sexe ou la tranche d’âges : des variations existent, c’est vrai, mais elles sont, somme toute, statistiquement insignifiantes. Or, 7 heures de sommeil par nuit en semaine, ce n’est pas l’idéal. L’idéal, c’est 8 heures, ni plus ni moins. Pourquoi ? Parce que c’est là que le niveau de satisfaction dans la vie, et en particulier au travail, est optimal.
Autrement dit, il manque aux Allemands une heure de sommeil par nuit en semaine pour être en mesure d’optimiser leurs chances d’être vraiment heureux au travail. Oui, il leur suffirait de dormir une heure de plus pour ne plus ressentir ce qui leur gâche la vie au bureau, jour après jour : les sautes d’humeur qu’ils affichent de temps à autres, sans trop savoir pourquoi ; les trous de mémoire qui les font passer pour des idiots aux pires moments ; les prises de décision qui traînent en longueur, sans explication apparente ; les subites difficultés à rester concentré plus d’un quart d’heure ; les bouffées d’angoisse venues d’a priori nulle part ; etc. Autant de phénomènes, je le précise, qui sont scientifiquement liés au manque de sommeil.
Qu’en est-il pour vous ? Et pour vos collègues ? Vos nuits durent-elles pile huit heures en semaine ? Pour s’en faire une idée, il suffit de consulter les sondages annuels de Gallup à ce sujet : en moyenne, 2 Américains sur 5 dorment sept heures ou moins par nuit ; et 43% des Américains reconnaissent qu’ils iraient probablement mieux s’ils parvenaient à dormir davantage. Bref, vous pouvez raisonnablement estimer que 40% des gens que vous croisez durant vos journées de travail sont fatiguées, vraiment fatiguées, au point d’être incapables d’être à 100% de leurs facultés – des études vont même jusqu’à dire qu’une personne fatiguée dispose des mêmes capacités qu’une personne saoule, c’est dire.
On le voit bien, les belles nuits font les belles journées. D’où l’importance vitale de trouver le moyen de passer des nuits splendides. Comment ? Vous allez voir, c’est plus simple que vous ne le croyez...
Pour commencer, il faut prendre conscience qu’il vous est impossible de jouer sur l’heure de votre réveil : non seulement votre corps est habitué à lever une première paupière à, par exemple, 6h30, mais aussi votre organisation du matin est réglée depuis une éternité sur le même horaire. Rien ne sert d’essayer de bouleverser tout ça. Vous n’avez d’autre choix que de jouer sur l’heure à laquelle vous vous couchez habituellement.
Disons, donc, que vous vous levez le matin à 6h30. L’heure optimale pour vous endormir est, par conséquent, 10h30, puisque cela vous permettra de bénéficier de huit heures de sommeil. Mais voilà, vous vous endormez en général, je suppose, plus tard que ça : 11h, 11h30, voire minuit. Pourquoi ? Parce que, comme tout le monde, ces heures-là sont les vôtres, celles où vous êtes enfin totalement libre de faire ce qui vous chante, et il n’est pas question de rogner sur ces heures si précieuses, même si vous avez conscience que vous le payez – plus ou moins – le lendemain.
Parfait, me direz-vous, mais ce n’est pas parce que vous allez vous mettre au lit plus tôt que d’habitude que vos yeux vont se fermer d’eux-mêmes et vous propulser dans l’univers des rêves. Et je vous donnerai raison. Enfin, presque. Parce qu’en vérité il existe des moyens d’y parvenir, des moyens éprouvés, des moyens scientifiquement prouvés, comme l’a indiqué l’an dernier le psychologue Ron Friedman, auteur du bestseller The best place to work, dans un de ses billets de blogue parus sur le site Web de la Harvard Business Review, intitulé How to spend the last 10 minutes of your day :
> Lire quelque chose d’agréable. Cela peut être un roman, une BD, de la poésie. Il importe que cette lecture ne soit pas trop exigeante intellectuellement parlant et qu’elle vous mette de bonne humeur. Il convient donc d’éviter à tout prix une lecture liée au travail !
> Ouvrir la fenêtre. À partir du moment où l’on a la sensation qu’il fait frais dans la chambre, notre corps éprouve l’envie irrésistible de se glisser sous la couette. Il s’agit là d’un truc infaillible.
> Relaxer. Un autre bon truc consiste à s’installer une dizaine de minutes dans un endroit paisible. Lumières tamisées, et – pourquoi pas ? – une chandelle. Silence, ou musique douce. Aucune stimulation particulière. Et se détendre, en douceur.
> Écrire à la main. On peut également consacrer les dernières minutes de la journée à la rédaction – papier et crayon – de quelques mots de gratitude. Oui, de gratitude. Il s’agit de mettre en évidence les instants éphémères, mais magnifiques, des heures qui viennent de s’écouler : la tape dans le dos du boss, le courriel de remerciements du client de Hong Kong, le sourire de la collègue du 20e, etc.
> Faire une mini-promenade. Si la météo est favorable, allez faire un tour dehors, ne serait-ce que quelques minutes. Cela vous permettre de prendre l’air, et surtout de vous vider le corps et l’esprit de nombre de ‘toxines’.
Voilà. Vous disposez à présent de cinq trucs ultrasimples ne prenant qu’une dizaine de minutes de votre temps et qui vous donneront la possibilité de vous endormir à l’heure voulue, celle qui vous permettra – enfin ! – d’avoir une vraie nuit, de huit heures.
En passant, le philosophe grec Plutarque a dit dans ses Œuvres morales : «Le sommeil est le seul don gratuit qu’accordent les dieux».
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