Sérénité et travail. Deux termes incompatibles, tant notre quotidien professionnel est fait de tensions et de pressions en tous genres ? Eh bien, ça ne devrait pas. Car qui dit sérénité dit inévitablement efficacité.
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Bon, il est aisé de faire rimer ces mots, mais dans la réalité, c’est loin d’être évident, me direz-vous. Et je vous donnerai raison. Mais ce n’est pas pour autant qu’il ne faut pas tenter d’y parvenir, je pense. Au contraire, il convient de tout mettre en œuvre pour pouvoir évoluer sereinement dans son travail.
Vous comprendrez, par conséquent, ma joie à la découverte d’un article intitulé « Neurocoaching : j’ai testé la gestion des modes mentaux ! » paru le dernier numéro des Cahiers du magazine Le Monde de l’intelligence. Car s’y trouvent deux trucs pratiques pour diminuer son niveau de stress au travail, lesquels s’appuient sur les récentes avancées en neuroscience. Deux trucs que je vais me faire un plaisir de partager avec vous.
Ainsi, le journaliste Gilles Marchand a participé à une formation de deux journées consacrée à la gestion des modes mentaux, délivrée par l’Institut de NeuroCognitivisme, qui appuie ses cours sur «les mécanismes cérébraux à l’origine de nos décisions et comportements aux niveaux individuel, relationnel et organisationnel». La gestion des modes mentaux ? Une petite explication s’impose…
Notre cerveau présente quatre centres décisionnels principaux. Les voici :
➢ Les territoires reptiliens. C’est le centre de décision le plus archaïque. Il commande les instincts de vie et de survie, de façon incontrôlable et inconsciente. Il s’exprime notamment à travers le stress, et donc l’anxiété, la colère, le découragement.
➢ Les territoires paléolimbiques. Ce centre-là s’active dès qu’il y a un rapport de forces. Par exemple, en cas d’agressivité, de déstabilisation, d’anxiété diffuse, ou encore de culpabilité chronique.
➢ Les territoires néolimbiques. Ce centre décisionnel agit à l’occasion de l’apprentissage et du vécu. Il contrôle le processus de décision et d’action dans des situations déjà connues et habituelles. Il est impliqué, entre autres, dans ce qui a trait à nos préférences et nos aversions ainsi que dans certaines émotions (gêne, mépris, agacement, etc.).
➢ Les territoires préfrontaux. Ce dernier centre décisionnel est le siège de notre véritable intelligence, celle qui nous distingue franchement des animaux. Il puise dans les connaissances acquises les éléments nécessaires pour trouver une solution à un problème inconnu ou complexe. Il s’exprime – c’est là le point où je voulais en venir – à travers, entre autres, la sérénité. Oui, cette capacité à rester à la fois calme et confiant face à la nouveauté, voire l’inconnu. Cette faculté primordiale pour qui entend s’adapter au changement, quel qu’il soit. Bref, ce prérequis pour le bien-être au travail.
Vous l’avez compris, si l’on souhaite retrouver la sérénité dans notre quotidien au travail, il va falloir agir sur nos territoires préfrontaux. Comment ? En passant du mode mental automatique au mode mental adaptatif. C’est-à-dire en apprenant à déjouer certains de nos automatismes mentaux pour amener nos territoires préfrontaux à intervenir davantage, dans certaines situations précises.
Prenons un exemple concret… Votre boss déboule à votre bureau, comme il le fait si souvent, et vous confie une nouvelle mission à remplir en un temps record, comme il le fait si souvent. Du coup, votre sang ne fait qu’un tour et votre niveau de stress connaît un pic brutal, comme à chaque fois que cela se produit. Maintenant, que se passe-t-il à ce moment précis dans votre cerveau ? Grosso modo, il se met à fonctionner en mode mental automatique, un mode par défaut, économique du point de vue cognitif : vous ressentez de l’anxiété, de la colère, beaucoup de stress, et n’êtes par conséquent pas prêts pour donner votre 110% par rapport à la tâche à mener à bien. Ce qu’il vous faudrait alors, c’est réussir à passer en mode mental adaptatif, dans lequel les territoires préfrontaux interviennent davantage que les territoires néolimbiques.
L’article présente deux trucs ultrasimples pour y parvenir. Chacun a recours à ce que l’Institut intitule l’Échelle d’évaluation des modes mentaux (EEMM). Il s’agit de la grille d’autoévaluation suivante :
➢ Ligne 1 : De la routine à la curiosité
➢ Ligne 2 : De la rigidité à l’adaptation
➢ Ligne 3 : De la simplification à la nuance
➢ Ligne 4 : De la certitude à la relativité
➢ Ligne 5 : de l’empirisme à la réflexion
➢ Ligne 6 : de l’image sociale à l’opinion personnelle
➢ Ligne 7 : du stress à la sérénité [cette ligne correspond à la moyenne des six autres]
Pour s’en servir, il suffit de s’attribuer une note de 1 à 5 pour chaque ligne, en fonction de l’état dans lequel on pense être au moment présent. Reprenons notre cas de figure où votre boss déboule à votre bureau pour vous confier une nouvelle mission stressante. L’idée est alors de vous munir de l’Échelle et de la considérer ligne par ligne. Commencez par la ligne 1, et donnez-vous une note entre 1 et 5 quant à votre état d’esprit : la nouvelle mission va-t-elle vous amener à fonctionner plus en mode routine, ou plutôt en mode curiosité ? Si cela est vraiment proche de la routine, alors votre note sera de 1 ou 2. Si cela est vraiment proche de la curiosité, alors votre note sera de 4 ou 5. Et si vous balancez entre les deux, votre note sera de 3. C’est aussi simple que ça. Idem avec la ligne 2 : face à la nouvelle mission confiée par votre boss, pensez-vous que vous réagissez avec rigidité, ou bien en mode adaptation ? Etc.
L’intérêt de cette grille, c’est qu’elle peut permettre, en situation stressante, d’influencer positivement notre état d’esprit. Et ce, en nous faisant passer du mode mental automatique au mode mental adaptatif. Voici comment.
➢ 1er truc : la multiplication des points de vue
Disons que vous cherchez à relativiser une situation stressante. Vous pouvez dès lors vous y prendre en quatre étapes.
1. Décrivez par écrit la situation en question, celle qui vous préoccupe tant.
2. Situez-vous sur l’Échelle ligne par ligne, en y indiquant à chaque fois votre ressenti, puis faites la moyenne approximative à l’aide de la ligne 7.
3. Demandez-vous ce que penseraient différentes personnes de la situation en question, et notez-le par écrit en quelques phrases. Par exemple, qu’en penserait votre conjoint, un conducteur de bus, un boucher, Jules César, ou encore un Martien ?
4. Effectuez à présent une seconde autoévaluation de votre état d’esprit à l’aide de l’Échelle. Et comparez les résultats des deux tests. Que constatez-vous ?
➢ 2e truc : la multisensorialité
Il semble qu’en saturant le mode mental automatique d’informations sensorielles, on bascule aisément en mode mental adaptatif. Voici comment s’y prendre à l’aide de l’Échelle.
1. Décrivez par écrit la situation en question, celle qui vous préoccupe tant.
2. Situez-vous sur l’Échelle ligne par ligne, en y indiquant à chaque fois votre ressenti, puis faites la moyenne approximative à l’aide de la ligne 7.
3. Fermez les yeux et concentrez-vous sur un des sons que vous entendez dans votre environnement.
4. Tout en conservant l’écoute de ce son, intégrez-en un deuxième, puis un troisième que vous conservez simultanément à l’esprit.
5. Continuez à écouter cette symphonie, et ressentez à présent le poids et le frottement des vêtements sur votre peau.
6. Ajoutez à cela le contact de vos pieds avec le sol.
7. Tout en continuant à écouter les bruits, à ressentir le contact des vêtements et celui de vos pieds sur le sol, déplacez lentement votre poids sur une jambe, puis sur l’autre, en vous concentrant sur les sensations que ce balancement vous procure.
8. Enfin, ouvrez lentement les yeux en tentant de conserver la conscience des différentes perceptions sensorielles.
9. Effectuez à présent une seconde autoévaluation de votre état d’esprit à l’aide de l’Échelle. Et comparez les résultats des deux tests. Que constatez-vous ?
Voilà. Vous disposez désormais de deux moyens efficaces de vous retirer en peu de temps du stress survenu inopinément au travail. Et donc, d’être assez vite plus efficace que jamais lors des situations qui d’habitude vous horripilent. Enfin – qui sait ? –, tutoierez-vous ainsi, un beau jour, la vraie et profonde sérénité…
En passant, l’homme politique français Pierre-Marc-Gaston de Lévis, second duc de Lévis, a dit dans ses Maximes et réflexions sur différents sujets de morale et de politique : « Rien n’assure mieux le repos du cœur que le travail de l’esprit ».
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